Le Maroc n’est pas fait seulement pour l’étranger !

par Mustapha Labraimi

La pratique vacancière est ancrée dans la tradition marocaine. Elle a changé avec les changements que connaît le royaume et sa société.

Ainsi, si la mobilité est plus facile, la nucléarisation de la famille et le mode de logement ont beaucoup réduit l’accueil chez la famille.

Le tourisme des Marocains au Maroc reste encore à développer malgré son évolution. Son importance ne peut le laisser comme une « issue de secours » ou une « planche du salut » lors des crises impactant le tourisme international.

Partir à la découverte du pays, de ses territoires et de son patrimoine, profiter de ses paysages et faire connaissance avec sa diversité de peuplement et de culture ne relèvent pas de l’exotisme mais du raffermissement de l’identité et de la cohésion sociale.

Ce qui devrait conduire les responsables gouvernementaux à faire du tourisme national un secteur à part entière et non le parent pauvre du tourisme qui, pour l’essentiel, s’intéresse à la demande internationale et de ce fait s’adresse à l’étranger qui visite le Maroc.

Cela répond à la nécessité d’une économie dynamique par son marché intérieur, résiliente et durable en toute saison par la demande des nationaux qui trouvent dans cette activité loisirs, éducation et bienêtre.

La pratique vacancière populaire ne doit pas être laissée à la débrouillardise et à l’informel. Elle est plus importante pour se suffire d’opérations promotionnelles ou publicitaires à l’instar de « KonouzBladi » lors d’une période des deux décennies précédentes ; car elle ne fait que compenser un nombre de nuitées qui baisse eu égard à des conjonctures extérieures.

Mise sous tutelle de l’aménagement touristique existant, la pratique vacancière populaire ne s’y retrouve pas toujours ; et l’économie nationale y perd. Les études sur la demande touristique intérieure montrent qu’une très grande part de nuitées sont réalisées en dehors des hôtels, qu’ils soient classés ou non. Il suffit d’observer ce qui se passe à l’entrée des stations touristiques pour voir « des clés qui s’agitent » pour le comprendre. Une offre qui répond à une demande non satisfaite ailleurs. 

Qu’il s’agisse des stations touristiques balnéaires, culturelles, religieuses et montagnardes, un effort de développement local est nécessaire. Il doit permettre leur mise à niveau pour assurer une circulation fluide et sécurisée, un hébergement adapté à la structure familiale marocaine et qui répond aux normes d’hygiène, de confortet de sécurité.

Des structures de ce genre existent dans certaines localités ; alors que dans d’autres l’informel prime et profite de l’absence de structures d’accueil non homologuées. Les collectivités locales et régionales devraient faire l’effort de mettre de l’ordre dans ce business pourvoyeur de corruption et de dépravation dans certains cas.

Cette territorialisation de la pratique vacancière est du domaine du possible. Des exemples à travers le monde constituent la preuve de l’efficience de l’organisation de ce secteur et du dépassement des problèmes relatifs aux facteurs socioéconomiques,réglementaires, infrastructurels, organisationnels et professionnels.

La volonté d’agir dans ce sens est primordiale ; elle doit vaincre résolument les considérations électoralistes et clientélistes.

La modernisation de la pratique vacancière aura des répercussions sur la population et son environnement, à commencer par la propreté et le traitement des déchets. Elle entrainera aussi la modernisation des services qui lui sont connexes, du transport local, des cafés et restaurants, de l’accompagnement des visiteurs et leur sécurité.

Il est connu que certaines formes de tourisme national se pratiquent grâce à l’accessibilité actuelle des diverses technologies informatiques et au développement des réseaux sociaux : l’associatif humanitaire qui organise des tournées où la solidarité est conjuguée à la découverte, les randonnées pédestres avec logement chez l’habitant …etc. Ces « sorties » nécessitent un encadrement juridique qui n’est pas apparent à ce jour. Le développement du géotourisme et de l’écotourisme donnera à l’économie solidaire et sociale locale l’assise nécessaire pour sa pérennisation et son rendement.

Ainsi la pratique vacancière libérera les énergies nécessaires à la consolidation du processus démocratique dans tous ses aspects permettant à l’ensemble de la population l’appropriation des valeurs inhérentes à l’hospitalité légendaire des marocains et à leur sens du partage. Des vacances pour tous dans un Maroc uni et solidaire, émergent et démocratique.

Top