Décidément, notre pays évolue sans cesse, dans des paradoxes les plus criants de son histoire ! D’une part, il cumule les prouesses, dans un secteur comme de l’autre, non sans réjouissance. Des performances de haute facture le placent réellement dans la cour du renom mondial.
On citera, entre bien d’autres, le projet du Tanger-med au nord, en passe de rivaliser avec les ports les plus huppés d’Europe. Dans le même sillage, on évoquera l’installation de l’énergie solaire Noor au sud, dont le standing défie les contrées les plus avancées en la matière. On ne pourrait non plus passer sous silence l’une des plus prisées stations de dessalement d’eau de mer au monde, à une trentaine de kilomètres de la capitale du Souss, érigée en grande pompe. Il y a juste quelques jours, on lancera l’édification de la tour la plus gigantesque d’Afrique, alors qu’aujourd’hui même, on inaugurera la ligne grande vitesse (LGV) et, à une dizaine de jours, on mettra sur orbite le satellite B, après la mise en place de son alter égo, dans le courant de l’année en cours.
En matière d’exploit constitutionnel, le Maroc vient de conclure dans la douleur certes, la charte de la déconcentration administrative, dans le cadre du parachèvement de son architecture institutionnelle, après l’insertion du nouveau statut territorial et ses lois organiques…
D’autre part, on ne parvient pas, jusqu’à présent, à asseoir des politiques publiques, susceptibles de promouvoir les questions sociales en direction de la majeure partie du peuple. On crée des institutions, mais elles sont, pour la plupart, renvoyées aux calendes grecques, à l’image du conseil de la concurrence dont les attributions sont restées lettres mortes. On ratifie des textes de lois de la constitution, légiférant la vie publique des citoyens sans qu’ils ne soient appliqués, dans bien des cas. On prétend prôner la démocratie, l’égalité et la liberté, dans le concret, sauf que la réalité est bien autre, en fragilisant l’exercice partisan sérieux, en confortant le monopole et la dépravation, en approfondissant l’injustice sociale et territoriale, en fustigeant les droits les plus élémentaires sur l’autel de la privation, en dévidant la société de ses valeurs culturelles et comportementales…
Il est bien vrai que des efforts colossaux ont été déployés par les forces vives, empreintes de civisme et de patriotisme, tout au long de ce parcours contemporain. Mais, il s’avère que les forces rétrogrades et hégémoniques se sont montré, à nos jours, ravageuses, à plus d’un titre. Cependant, il n’est pas question de se résigner face à ces paradoxes, car cette situation n’est point une fatalité. L’espoir est toujours de mise…