fracassant, le plus tumultueux, mais aussi, et sans conteste, le plus engagé.
Le phénomène Tarik Kabbage !
Depuis son avènement, il y a juste une décennie, il n’a jamais cessé de faire l’événement. Son apparition à la tête de la commune d’une métropole agissante est-elle prématurée ou tardive ? Les deux à la fois peut-être ! En fait, il aurait dû arriver un peu plus tôt pour mettre de l’ordre à l’Hôtel de ville, alors que celle-ci, aux premiers balbutiements de sa refonte, était terriblement squattée par les prédateurs du foncier et de la rente. Comme il serait, sans doute, plus judicieux qu’il survienne un peu plus tard afin que la ville profite davantage de ses qualités intègres, au lendemain de la mise en application de la nouvelle constitution prometteuse. Lui souhaiterait-on encore longue vie là où il est ? Pourquoi pas ! En tout cas, il s’avère bien évident qu’il avait surgi, en Zorro salvateur, à un moment où sa sensibilité politique s’essoufflait et marquait le pas, suite aux discrédits criards de ses «frères» qu’il avait déjà tant «remontrés», en tant qu’acteur associatif, au sein de Nadi Al Madina. Il n’en demeure pas moins clair que son élection à la tête de cette commune en pleine effervescence, deux mandats successifs, avait, certainement, ébranlé le statu quo «complice» d’une ère révolue. «Le style est l’homme», disait un jour Voltaire. Celui de Tarik Kabbage faisait, à coup sûr, des mécontents qui avaient l’habitude de cultiver des traditions de dépendance à la «Pavlov» avec les électeurs. Mais, sûrement beaucoup de contents qui voyaient en lui, le porteur de vertus en forte déperdition. Le maire savait, dès le départ, qu’il avait affaire à des manies nocives, ancrées par ses prédécesseurs sans scrupule. Il avait donc une mission d’ordre comportemental à incruster, à brides abattues. C’est beaucoup plus facile à dire qu’à s’y mettre ! Pour ce faire, il devait confronter toutes formes de dépravation, partout d’où elles proviennent. De ce fait, ses rapports avec nombre d’administrations et d’institutions étaient sous tension, notamment avec l’ancien Wali avec qui les distensions montaient toujours d’un cran. Sa probité et son intransigeance suscitaient les remous parmi ceux qui ne daignaient pas de piétiner les règles du jeu. «Rien n’est gratuit, tout à un sens !», écrivait le penseur marxiste Louis Althusser. En fait, si Tarik Kabbage se lance éperdument dans de tels affronts, avec conviction et fermeté, c’est qu’il s’est ingurgité des bouffées authentiques de la gauche de son illustre père. C’est alors tout à fait sensé qu’il se comporte en brave défenseur des idéaux suprêmes et des valeurs de l’éthique et de la justice, ceux des couches déshéritées, même si, dans son entourage intime, on se plait à le taxer de «capitaliste rouge». Sa fibre «rouge» n’est donc pas anodine, mais se truffe de cœur «vert», telles les couleurs nationales, puisque le souci de l’écologie et de la proximité le hante de fond en comble. En plein combat de mentalité et de conduite, auquel il s’adonne sans merci, il mène pareillement une lutte acharnée au sein de la nature citadine dont le fleurissement des plantes gagne les parcs et les bas-côtés. Les aires de jeux et de repos parsèment les recoins des quartiers habillés désormais en maisons de culture et salles omnisports, dans un désir farouche de divertir les enfants et de détendre les citoyens, mais aussi de couper court aux attitudes voraces des promoteurs immobiliers. La cadence des projets structurants s’intensifie, au fil du temps et touche les multiples volets de la ville : voirie, giratoire, éclairage, propreté, réaménagement… De surcroît, la chose urbanistique, qui a été continuellement soumise à des déficiences criantes auparavant, s’introduit actuellement, dans la normalité salutaire, quoique certains renégats s’ingénient à qualifier vainement ce traitement méthodique et vigoureux de «blocage». Il serait redondant de citer toutes ces réalisations qui poussent présentement comme des champignons, avec doigté et rationalité. «Pour la bonne cause, on est prêt à s’allier avec le démon !», avait toujours tonné feu Abderrahim Bouabid, au temps même de l’attachement rigoureux aux principes. Tout en s’en inspirant, à n’en pas douter, Tarik Kabbage, en précurseur pragmatique et persévérant, amorçait son second mandat, avec un allié contre-nature, sans, pour autant, se dérober de ses convictions de militant moderniste et progressiste. Aujourd’hui, si la ville est encore loin de combler toutes les tares et répondre à toutes les attentes, il y a lieu d’affirmer que les affaires publiques de la commune, en dépit de certains retards dus essentiellement aux résistances de quelques tendances de la majorité du premier mandat, ont connu des mutations profondes au niveau des attitudes, des appréhensions et des approches. La touche marquante de Tarik Kabbage, imbue de dextérité et d’audace, est, indéniablement, passée par là. Il va sans dire que la politique de la ville que prône le président nécessite un travail de longue haleine, dans le même esprit de droiture et d’engagement. Il n’en demeure pas moins que le chemin est balisé et le terrain est déblayé pour un rehaussement meilleur. Il s’agirait avant tout de préserver les deniers publics, de faire face aux viles convoitises et de poursuivre une conception proche des aspirations et besoins des citoyens. Ce que Tarik Kabbage a toujours préconisé. Il en partirait, peut-être, la conscience tranquille et la ville reconnaissante. Mais, sait-on jamais, la ville en voudrait encore, pour son entière satisfaction…Impulsif, teigneux, entêté…, oui, on pourrait dire tout ce qu’on veut, mais, on ne peut se tromper sur sa fidélité, sa bravoure et surtout son amour pour la ville qu’elle l’a vue naître, grandir et forger…