Le renforcement du rôle des sciences humaines et sociales pour un développement intégré

« Les sciences humaines et sociales : enjeux et perspectives ».

Le renforcement du rôle des sciences humaines et sociales est susceptible de réaliser un développement intégré, bénéfique tant pour l’individu que pour la société, ont estimé, mercredi à Rabat, les participants à un colloque sur « Les sciences humaines et sociales : enjeux et perspectives ».
Les intervenants à ce colloque de deux jours, organisé par l’Académie du Royaume du Maroc, ont souligné que les sciences humaines et sociales représentent des piliers essentiels du capital immatériel, mettant en avant leur rôle dans la promotion d’un modèle de développement réussi.
Ils ont dans ce sens appelé à enrichir le débat sur les contributions et les rôles sociaux et cognitifs de ces sciences, et à développer leurs pratiques, ainsi qu’à recourir à des outils de recherche didactiques.
S’exprimant à cette occasion, le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a indiqué que ce colloque « vise non seulement à faire une évaluation de la situation actuelle, mais aussi à dresser le bilan des connaissances accumulées sur les sciences humaines et sociales, et à prospecter l’avenir », mettant l’accent sur leur importance pour comprendre les mutations socio-économiques, culturelles et politiques.
M. Lahjomri a ajouté que cet événement a également pour objectif d’aborder des questions fondamentales au sujet des sciences humaines et sociales et d’examiner les moyens de les développer, soulignant la nécessité d’allouer des crédits financiers pour le développement de ces sciences afin qu’elles contribuent à réaliser un développement intégré basé sur la transition numérique.
Il a en outre souligné que l’Académie du Royaume du Maroc, conformément aux Hautes instructions Royales, s’active à produire des connaissances pour comprendre les mutations sociales, développer les compétences et promouvoir les valeurs humaines, évoquant l’expérience des sciences humaines et sociales au Maroc et leurs contributions à la valorisation du capital humain.
M. Lahjomri a, d’autre part, cité l’expérience de l’Institut de sociologie, fondé en 1959, et qui a constitué « une étape essentielle dans l’encadrement de la formation dans ce domaine », mettant en avant le rôle joué par cet institut pour jeter les bases de la recherche en sociologie au Maroc après l’indépendance, en fournissant des recherches théoriques et de terrain, et des mécanismes méthodologiques pour cerner la réalité marocaine, en particulier les phénomènes ruraux et les divers changements sociaux.
De son côté, Rahma Bourqia, membre de l’Académie du Royaume, s’est arrêtée sur les « manifestations de crise » dont souffrent les sciences humaines et sociales dans leurs approches des questions de l’individu et de la société, insistant sur la nécessité de réexaminer les modèles de représentation des grands phénomènes sociaux, leur nature et leurs évolutions, à l’instar des problématiques liées à la mondialisation, à l’histoire du monde, à la migration et à la culture, dans le contexte des mutations numériques.
Elle a estimé que la crise qui affecte les sciences humaines et sociales touche aussi divers phénomènes sociaux, en particulier ceux liés aux valeurs et aux mutations qu’a connues la famille, abordant les défis que les sciences humaines et sociales doivent relever au niveau de l’université marocaine.
Pour sa part, Ali Benmakhlouf, membre de l’Académie, a évoqué l’importance de financer la recherche dans le domaine des sciences humaines et sociales et de l’intégrer dans les politiques publiques, passant en revue les efforts déployés pour promouvoir ces sciences.
L’intégrité scientifique, en tant que l’un des fondements de la recherche dans ce domaine, est liée à la vertu cognitive ou intellectuelle, a-t-il poursuivi, faisant état d’un certain nombre de principes sociaux que le chercheur doit retenir tels que la sincérité, la précision et la rigueur scientifique.De son côté, Michel Wieviorka, directeur d’études à l’École des Hautes études en sciences sociales, en France, a axé son intervention sur « L’avenir des sciences humaines et sociales : perspectives et difficultés », en rappelant les étapes marquantes de l’histoire de ces disciplines et leur évolution au niveau des spécialités tels que le structuralisme, le fonctionnalisme et l’interactionnisme.
M. Wieviorka a abordé les changements qu’ont connus les sciences humaines et sociales à l’ère de la mondialisation, ainsi que le développement numérique et technologique qui « a eu des impacts sur la vie quotidienne et sur le travail des chercheurs ».
Au programme de ce colloque national figurent une série de conférences sur les grandes problématiques et des ateliers portant sur des domaines spécifiques, avec la participation de chercheurs et d’universitaires.

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