Le réquisitoire de l’administration marocaine

Dans son récent discours devant les représentants de la Oumma, le souverain n’est pas allé par quatre chemins pour fustiger sèchement l’administration marocaine.

Le procès est d’autant plus ferme qu’il met à nu les déliquescences de cette contenance névralgique du quotidien des concitoyennes et concitoyens, depuis déjà belle lurette. En fait, le pamphlet royal a eu le mérite de crever l’abcès des manies infâmes qui continuent à gangréner dans les rouages administratifs, tous aspects confondus, depuis la haute sphère de la hiérarchie au plus bas de l’échelle.

Après cette admonestation solennelle de la plus Haute autorité de la Nation, se dirige-t-on, donc, vers un réel Etat de Droit où les marocaines et les marocains sont égalitaires devant la Loi comme «les dents du peigne» ? Depuis longtemps, le pays n’aspire qu’à cette nouvelle attitude qui le hisserait dans la cour des grands. On a beau avancer, avec réjouissance, que le Maroc progresse à pas de géant dans le sillage de la démocratie, de la justice et de la dignité, force est de constater que nombre de conduites inadmissibles persistent encore, sous les yeux impuissants de l’Etat !

Les actes des grandes corruptions prolifèrent encore dans l’engrenage de l’Administration, fomentés par de hauts commis de l’Etat, dans l’impunité totale. Les expressions des hautes dépravations au sein des «intouchables» infestent l’univers des affaires publiques, au su et vu de tout le monde. Les dossiers scabreux des établissements étatiques qui ont été abordés, depuis des années, sont toujours dans les tiroirs sans qu’on ne puisse donner suite à leurs conclusions. Les activités de monopole abusif et de dérobade fiscale des unités géantes de production et des marchés juteux  de l’Etat, dans le secteur de la pêche hauturière, de l’agriculture de l’export, de l’immobilier, des finances…sont légion sans jamais avoir l’audace d’en finir, en raison de l’implication des gros bonnets du pays.

Tous ces faits handicapants éclatent au grand jour,dans une Nation qui, en revanche, donne bien l’impression d’évoluer résolument dans le sillage de la démocratisation et de la modernisation. Il est vrai que la nouvelle Constitution a insufflé des bouffées d’oxygène dans cette dynamique, en instituant des instances de contrôle et de répression. Toutefois, des séquelles des ères révolues résistent encore à ces souffles de changement.

Aujourd’hui, au lendemain des grandes mutations qui se sont opérées dans nombre de pays dont les gouvernants dictateurs étaient, jusqu’à peu de temps, des éternels indéboulonnables, le Maroc, en dépit des soulèvements de masses enclenchés dans les rues,  en est sorti indemne, grâce à ses élans de réformes multidimensionnels entamés, bien avant le déclenchement du printemps démocratique.

Par pour longtemps d’ailleurs ! La colère des démunis ne cesse de s’élever, car les déficits sociaux sont criards,les disparités sociales et spatiales sont de nature à susciter constamment,l’indignation des populations qui endurent la précarité et la privation, les injustices marquées par les déficiences administratives s’acharnent à semer les frustrations amères…

La claque royale infligée aux insoucieux de l’administration marocaine appelle, alors, au grand ménage dans ces cavernes où croupissent encore des vermines et dans sangsues qui portent préjudice à l’expansion du pays et à son image de marque.

Saoudi El Amalki

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