Le village des potiers de Marrakech symbole de la lutte contre la pollution atmosphérique

Le village des potiers de Marrakech, ce projet solidaire qui consacre la lutte contre la pollution atmosphérique, véhicule les bonnes pratiques en faveur de la protection et la préservation de l’environnement à travers la mise en place de nouveaux fours à gaz qui réduisent les émissions à effet de serre. Ce projet consiste en deux grandes composantes, à savoir le changement des fours polluants par des fours plus propres et plus performants, ainsi que l’aménagement du village pour en faire un lieu artisanal et touristique plus attrayant.

Ainsi ce chantier d’envergure socio-environnementale se décline en la diminution des impacts environnementaux négatifs dus à l’incinération des pneus et du bois, étant donné que les procédés des fours traditionnels, notamment les fils de fer restant des pneus calcinés et les eaux de lavage des cendres, qui s’infiltrent dans le sol, sont également deux autres sources de pollution.
Le président du Centre de développement de la région de Tensift (CDRT), Ahmed Chehbouni a souligné à la MAP que les procédés des fours traditionnels ont un impact négatif sur l’environnement à au moins deux niveaux à savoir l’utilisation du bois ce qui contribue au phénomène de déforestation et l’incinération des pneus qui sont constitués de plus de 80 pc de carbone ce qui génère des émissions importantes de gaz à effet de serre et des suies qui mettent en danger la santé des potiers et des populations environnantes.
M. Chehbouni, également chef de ce projet, a précisé qu’outre les retombées positives du projet sur l’environnement notamment en contribuant à la réduction des émissions des gaz à effet de serre, les produits cuits dans les fours à gaz sont d’une qualité meilleure.
« L’amélioration de la qualité des produits et l’amélioration des revenus et des conditions sanitaires de travail des artisans sont parmi les objectifs phares du projet », a-t-il dit.
Il a, entre autres, fait savoir que suite au franc succès qu’a connu le projet, le Millénium Challenge Corporation et le ministère de l’Artisanat, de l’économie sociale et solidaire ont généralisé cette expérience pour les autres villages des potiers dans les régions de Marrakech et de Fès.
« Le fait que ce projet pilote a pu être généralisé à d’autres villages de potiers dans les régions de Marrakech et de Fès en est une parfaite illustration de sa réussite », s’est-il félicité.
Il a ajouté que parmi les impacts positifs non prévus de ce projet, l’accès des femmes au village des potiers après sa rénovation, précisant qu’elles ont excellé dans le design des produits de la poterie ce qui a constitué une vraie valeur ajoutée pour le secteur.
M. Chehbouni n’a pas manqué d’appeler l’ensemble des potiers du village de la céramique de s’équiper des nouveaux fours à gaz non polluants qui garantissent une répartition uniforme de la température au sein du four et améliorent, par conséquent, la qualité des produits et réduisent les pertes.
De son côté, Mohammed, un potier qui exerce le métier depuis plus de 16 ans, a déclaré à la MAP que les nouveaux fours à gaz viennent répondre parfaitement à la demande des potiers en quête d’un produit de haute qualité, à moindre coût et qui respecte l’environnement.
Il a aussi précisé que son atelier, équipé d’un four à gaz depuis plus de 6 ans, a pu nettement améliorer ses ventes et hisser par conséquent, son revenu ainsi que son niveau de vie.
« Le four à gaz permet de cuir une plus grande quantité de produits de poterie en un minimum de temps et avec un moindre coût, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre », a-t-il expliqué.
Selon lui, grâce à ces nouveaux fours à gaz, les potiers peuvent cuir leur produits en toute sécurité, en éliminant tout risque de brulure suite au contact direct avec le feu du bois, ou d’étouffement ou asphyxie liés à une insuffisance respiratoire ou à l’air pollué dégagé lors de la cuisson.
Situé dans le territoire de la communauté urbaine de Marrakech, ce village regroupe une centaine d’ateliers d’artisans qui font travailler de 800 à 1200 personnes et qui produisent de la poterie de terre cuite, de la céramique et de la briqueterie artisanale spécifique à la région de Marrakech.
Ce projet a pu avoir lieu grâce à la synergie des efforts du CDRT, de l’office de mise en valeur agricole du Haouz, du PNUD (programme des nations unies pour le développement), de la direction régionale de l’artisanat et du Conseil de la région.

Nadia El Ahmar

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