Deux fois de suite, la session d’octobre du conseil de la région Draa Tafilalet tourne au vinaigre. Le président s’était obstinément opposé à la présence de trois membres du conseil ayant perdu, estimait-il, la latitude d’assister aux travaux de cette instance, suite a leur jugement judiciaire.
La séance est levée avant terme, sur des échanges aussi futiles que belliqueux, en dépit des rappels à l’ordre du Wali de la région, fraîchement nommée à la tête de cette zone du sud-est du royaume. En fait, on ne comprendra pas cet acharnement hargneux à l’égard d’une question anodine qui n’affecterait en rien le déroulement des sessions, alors que le conseil régional est plutôt censé s’attaquer à des dossiers névralgiques dont l’urgence sur le dessein de la population, en mal de ressources les plus élémentaires, est bien évidente.
Face à ce refus effréné de libérer les délibérations qui envenimait le climat général des séances, depuis déjà la session du conseil de juillet dernier, le Wali faisait montre d’une attitude à la fois raisonnée, libératoire et conciliatrice. Sa position était formelle : «Tant que les pouvoirs publics n’ont pas encore fait parvenir à notre attention le verdict relatif aux membres en question, personne n’aurait alors le droit de faire abstraction à leur présence. Si c’est le cas, je serai le premier à m’y interposer !», dit-il clairement à l’assistance. Et d’enchaîner, sans ambages, en s’adressant au président du conseil régional : «Si vous vous y tenez tant, ne prenez pas en compte leurs dires ni leurs votes. Mais, sachez que le conseil a d’autres questions beaucoup plus vitales à débattre que ce fait banal !».
En fait, faire sombrer les intérêts de toute une région
fragilisée par la privation et le dénuement, dans un bras de fer ridicule, se
situe dans une logique de fantaisie piteuse.
Certes, la justice avait intenté le jugement
final à leur encontre, mais il reste à notifier cette décision, selon les lois
en vigueur. On ne saurait donc compromettre le sort de la région pour une si
simple affaire judiciaire dont le dénouement ne dépend guère des compétences ni
de l’Autorité locale, encore moins du conseil régional. Conscient de ce
dilemme, le Wali en prend acte et se porte garant à veiller au respect des
règlements organiques des conseils de régions, en tant que tutelle.
Mieux encore, tout en déplorant le conflit politicien dans lequel s’engouffre le conseil régional, il tient un discours beaucoup plus pragmatique que son vis-à-vis, chiffres à l’appui. Et de poursuivre : «Je tiens à vous rappeler que sur 42 projets en perspective, destinés à l’endiguement des disparités sociales et spatiales, seulement 7 ont été réalisés, alors que 35 n’ont pas vu le jour. Pour le compte de l’année 2019, en cours d’expiration, aucun projet n’est à mettre à l’actif du conseil, quant à l’année 2018, elle n’en a connu que 13 pour plus de 82 milliards de disponibles. C’est dire combien le déficit est flagrant !».
Face à ce retard ahurissant, aurait-on encore le temps de se quereller dans des incongruités irresponsables ? Au-delà de son incapacité criarde de mener la barque régionale à bon port, le président du conseil se montre, à chaque fois, bien en deçà des responsabilités qui lui sont assignées. Pendant ce temps, les services centraux se tiennent en stature de spectateur. Alors, bon spectacle messieurs!