L’éthique de l’engagement

Le 13 août de chaque année, les militants du Parti du Progrès et du Socialisme commémorent l’anniversaire de la disparition tragique de Feu Ali Yata. Aujourd’hui, il y a 17 ans en effet, un terrible accident emportait le grand leader communiste.

Et bien au-delà du cercle des proches, des membres du Parti, c’est toute la mouvance démocratique et progressiste qui se sentait, ce jour-là, touchée par cette perte tragique. Toute la classe politique, le monde syndical, les gens de la presse, les intellectuels et les artistes avaient montré et expriment toujours à chaque anniversaire leur douleur et leur tristesse pour la perte d’un ami, d’un compagnon de combat, d’une grande plume. Bref, le pays regrette la perte d’un grand homme politique.

Car Ali Yata a été non seulement le leader historique du PPS, de ses ancêtres PCM et PLS, le directeur fondateur des quotidiens Al Bayane et d’autres titres de la presse militante, il fut aussi un homme public connu et estimé pour sa probité, sa franchise, son honnêteté intellectuelle. Il était un homme de conviction qui affichait les principes et les valeurs auxquelles il croyait en toute sincérité et toute transparence, quelles que soient les circonstances. Et Dieu sait que celles-ci ne furent pas toujours clémentes. Il gagna alors davantage d’estime et de respect auprès même de ses détracteurs et de ses adversaires politiques.

Sa ligne de conduite politique, forgée par de longues années de militantismes dans les conditions difficiles, a été synthétisée intelligemment dans le mot d’ordre «Au service de la patrie et du peuple». Une manière de concevoir la lutte pour le changement dans une dialectique enrichie par les acquis de l’expérience historique. Une philosophie de l’action qui éclaire toujours les analyses du Parti et lui permet d’être présent dans les moments décisifs de la vie du pays et de la Nation, loin de toute démagogie ou calcul politicien.

Si Ali, comme l’appelle affectueusement les militants, développait ses analyses souvent sous forme d’éditos (ils étaient d’une régularité et d’une pertinence quasi quotidienne) ou sous forme d’interventions présentées lors d’une rencontre du Parti, une session du Comité central ou lors du célèbre rapport présenté à un congrès national du parti, véritable document politique et théorique.Des thèses qui reflétaient une cohérence de la pensée et une vision optimiste de l’avenir. Cette cohérence s’exprimait dans la manière de traduire les valeurs qu’il porte, dans des comportements et gestes politiques. Son patriotisme se nourrissait d’un internationalisme de conviction. Jamais, il ne fit de son adhésion au mouvement ouvrier international une clôture dogmatique; ni des principes du socialisme un corpus figé. Son apport intellectuel, illustré par le concept de Révolution nationale démocratique comme voie spécifique de transformation démocratique du pays, est dans ce sens indéniable. Il prend aujourd’hui toute son actualité avec l’expérience de refondation du contrat politique et social sur la base d’une alliance originale entre le PPS et le PJD à partir des perspectives ouvertes par la nouvelle constitution.

Ali Yata fut un militant de l’unité. Il mena avec persévérance le combat d’unification des forces du progrès dans le pays comme seule issue d’assurer au pays une transition sereine et efficiente. Il éduqua les militants autour du principe, quasiment sacralisé, de l’unité syndicale de la classe ouvrière. En tant que parlementaire, il  développa une nouvelle manière de vivre l’acte de députation qui ne dépend plus du nombre mais de l’abnégation et de l’intelligence politique. Il était un brillant orateur, à la fois éloquent et profond et qui ne manquait pas, à l’occasion, d’humour.

Pour les militants qui ont eu la chance de le côtoyer de près, il était le camarade aîné, leader du Parti, mais aussi une école avec un maître intransigeant. Il était intraitable dans le respect de la ponctualité, de la parole donnée. Il donnait à l’engagement politique toute sa dimension éthique. Une grande leçon, aujourd’hui, plus que jamais d’actualité.

Mohammed Bakrim

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