Mohamed Nabil Benabdallah devant le forum de la MAP

Les médias doivent cesser de diaboliser les institutions et l’acte politique

Il est inadmissible de condamner des journalistes, ayant obtenu des informations qu’ils n’ont ni volées ni subtilisées, à des peines d’emprisonnement et des amendes, pour «le motif» d’avoir publié ces informations, a souligné Mohamed Nabil Benabdallah, qui était l’invité, mardi du Forum de l’agence MAP en sa qualité d’ancien ministre de la communication et porte parole du gouvernement.

Les quatre journalistes, poursuivis dans cette affaire, ont été en effet  condamnés le 27 mars (et un parlementaire) à 6 mois de prison avec sursis et une amende de 10.000 dirhams chacun.

Il s’agit des journalistes Mohammed Ahaddad (Al Massae), Abdelhak Belachgar (Akhbar Al Yaoum), Kaoutar Zaki et Abdelilah Sakhir (Aljarida24) et le conseiller parlementaire Abdelhak Hissane (groupe CDT).

Ces journalistes étaient poursuivis pour « publication d’informations concernant une commission d’enquête », alors que le parlementaire l’est pour « divulgation du secret professionnel et participation dans la publication d’information ayant trait à la commission d’enquête » et ce suite à une plainte du président de la Chambre des conseillers.

L’affaire CMR relève de la compétence du CNP

Pour le secrétaire général du PPS,  les journalistes condamnés n’ont accompli que leur devoir de faire circuler et diffuser l’information.   Selon lui, c’est au Conseil national de la presse et aux institutions concernées de se pencher sur la situation pour résoudre le problème et définir les contours de la liberté de la presse et du respect de la déontologie dans le but de faire avancer le secteur.

Il est également impératif de promouvoir un climat favorable à l’exercice de la profession, comparable à celui dans lequel toutes les réformes réalisées dans le secteur ont été élaborées et mises en œuvre, a-t-il encore dit.

Pour ce faire, il est nécessaire d’insuffler un souffle démocratique nouveau pour pouvoir adopter une nouvelle génération de réformes, a-t-il martelé, invitant les journalistes et en particulier la presse privée à cesser de diaboliser l’acte politique et le politique, en s’en prenant, à tord la plupart du temps, aux acteurs politiques et à leur vie privée.

La liberté de la presse et l’amélioration des conditions de travail des journalistes sont intimement liées aux progrès du processus démocratique dans le pays, a-t-il martelé.

Code de la presse : que de temps perdu…

Sans ouverture et climat politique favorable, il est impossible à la presse de remplir sa mission en toute liberté, a-t-il expliqué.

Evoquant l’action menée pour l’élaboration du code de la presse, l’ex ministre de la communisation a regretté que la version de 2007 n’avait pas bénéficié de l’unanimité de tous les partenaires (responsables à tous les niveaux, Fédération marocaine des éditeurs de journaux et Syndicat national de la presse marocaine), alors qu’ « on y était presque », a-t-il dit.

Au départ, cette version de 2007 prévoyait 24 peines privatives de liberté. Après moult tractations, 20 peines ont été supprimées et 4 maintenues.

Quant aux partenaires concernées en particulier la FMEJ et le SNPM, ils n’avaient malheureusement donné leur accord qu’une fois le gouvernement vivait ses derniers jours. Et il a fallu attendre une dizaine d’années pour parvenir à l’actuel code de la presse qui n’est pas au niveau de la version de 2007.

Des réalisations grâce à une forte volonté politique

Revenant sur le bilan des réalisations accomplies au cours de son mandat en tant que ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, il a fait savoir que tout ce qui a été réalisé l’a été grâce à l’existence d’une forte volonté politique au plus haut sommet de l’Etat de démocratiser le champ politique et la situation économique, sociale et culturelle dans le pays.

C’est ce qui avait permis au gouvernement d’engager un dialogue permanent avec la Fédération marocaine des éditeurs de journaux  et le Syndicat national de la presse marocaine pour débattre de toutes les questions et rechercher le moyen d’aller au-delà de ce qui avait été recommandé lors du Forum des communications (FORCOM de 1993 et 2006).

Pour mener avec succès son action, le dialogue engagé entre les partenaires visait notamment la création et le renforcement des conditions pour sa poursuite et le rétablissement de la confiance requise, a-t-il dit, soulignant que le gouvernement comme les partenaires ont été encouragés d’aller dans ce sens, à la suite du message royal à l’occasion de la journée nationale de la presse (2002) et la création d’un Prix national de la presse.

Depuis lors, tout ce qui été réalisé avait été élaboré en partenariat avec la FMEJ et le SNPM pour renforcer le cadre juridique et le code de la presse mais également le statut du journaliste sans oublier le développement du secteur audiovisuel.

Cette évolution a été marquée aussi par le développement de la presse privée (injustement appelée d’indépendante), parallèlement à la presse partisane, a-t-il encore dit, rendant hommage à la forte volonté de continuer sur cette voie de l’ouverture et de la démocratisation, malgré les attentats terroristes du 16 mai à Casablanca.

2005 : une année charnière

C’est ainsi qu’il a été procédé en 2005 à l’organisation des Assises de la presse, à l’issue desquelles d’importantes mesures ont été décidées en partenariat avec la FMEJ et le SNPM pour la mise à niveau de l’entreprise de presse, l’amélioration des conditions salariales des journalistes et l’autorégulation de la profession.

C’est donc dans ce sens qu’il a été procédé à l’établissement des contrats programmes pour la mise à niveau et la professionnalisation de l’entreprise de presse et la rationalisation de l’octroi des subventions, la fixation d’un salaire minimum des journalistes (6000 DH) et d’autres questions, le tout était débattu au sein d’une commission paritaire (ministère et partenaires).

Il a également fait état des progrès réalisés dans le cadre du renforcement de l’audiovisuel, la création de nouvelles chaines de radio, la transformation de la RTM en SNRT, l’adoption d’un statut de la chaine 2M qui n’en avait pas et bien d’autres décisions.

Au cours de cette rencontre, organisée sous le thème «le paritarisme comme philosophie de réforme dans les médias», à l’occasion du 60ème anniversaire de la MAP, le Secrétaire général a souligné, en réponse aux journalistes, qu’il est inadmissible de détourner le débat national sur la réforme du système de l’éducation et de la formation et l’adoption de la loi cadre sur le secteur de son objectif majeur, en faisant ressortir le thème de la langue d’enseignement, un sujet utilisé à chaque fois pour stopper l’élan réformiste. La langue arabe est une langue nationale au même titre que la langue amazighe, mais l’ouverture sur les langues étrangères est indispensable pour permettre au pays de promouvoir son développement, a-t-il martelé.

Il n’a pas également omis de rendre hommage à l’agence MAP pour son professionnalisme et ses sorties «osées de temps en temps».

M’barek Tafsi

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