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Journée mondiale de la Schizophrénie

Ouardirhi Abdelaziz

Maladie qui est restée pendant très longtemps mystérieuse, incomprise, troublante, la schizophrénie est aujourd’hui mieux comprise par les spécialistes. À l’échelle mondiale, la schizophrénie touche 1% de la population. Elle survient surtout chez les jeunes à la fin de l’adolescence ou au début de la vie adulte.

Quels sont les facteurs de la schizophrénie ? Quel est non seulement le diagnostic, mais aussi les symptômes qui doivent alerter ? Quelle est la prise en charge appropriée? On fait le point.

En 2022, la journée mondiale de la schizophrénie se déroule pour la 19ème fois. Cette année, ses initiateurs ont décidé de consacrer une semaine complète à cet événement du 19 mars au 26 du mois courant.

La schizophrénie touche, à l’échelle mondiale, 1% de la population. Elle survient surtout chez les jeunes à la fin de l’adolescence ou au début de la vie adulte.

Depuis ces dernières années, la Schizophrénie est devenue une maladie traitable qui permet de réduire en grande partie les effets négatifs ressentis par les malades et leur entourage.

On estime à 70 000 environ, le nombre de citoyens Marocains qui sont concernés par cette maladie, avec un impact sur les proches, la famille, les amis. Selon l’OMS, la schizophrénie serait l’une des dix causes majeures d’invalidité dans le monde. 

C’est quoi la schizophrénie ?

Dans son ouvrage consacré à la schizophrénie (Edition Odile Jacob 2016), Nicolas Frank psychiatre, docteur en sciences cognitives, chercheur et professeur de médecine à l’université Claude-Bernard-Lyon-I, donne une définition très claire de la schizophrénie: c’est un trouble hétérogène qui se caractérise par la présence de manifestations qui appartiennent à trois dimensions : 

1/Une dimension positive (distorsion de la réalité, avec des perceptions qui ne sont pas basées sur des ressentis réels. C’est ce qu’on appelle des hallucinations, une interprétation du monde qui n’est pas fondée sur la réalité, un délire).

2 / Une dimension négative, ou l’impossibilité de ressentir, de faire, de penser certaines choses par rapport aux autres en général.

3 / Une dimension de « désorganisation », soit l’impossibilité de construire correctement sa pensée, son comportement.

Quel est l’âge d’apparition de la schizophrénie ?

La plupart du temps, elle apparaît, dans la grande majorité des cas, à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte entre 20 et 30 ans, avec souvent, un deuxième pic chez les femmes, vers la cinquantaine.

Elle est souvent associée à un stress et à une déficience importants dans plusieurs domaines: personnel, familial, social, éducatif, professionnel et bien d’autres de la vie.

Une maladie qui se soigne

La schizophrénie est une maladie comme tant d’autres affections mentales. De nos jours, ce qui importe le plus, c’est le fait que cette maladie ne fasse plus peur, ne soit plus stigmatisée. Les schizophrènes sont des êtres humains comme vous, comme moi.

Des malades qui très souvent souffrent énormément. On ne doit pas les juger, mais les aider, les soutenir, les accompagner, et surtout les traiter dans des structures adaptées.

C’est pourquoi, il est très important que le diagnostic soit fait le plus tôt possible par des spécialistes et que le traitement soit instauré et suivi tôt.

Grace aux efforts qui sont entrepris par le département de tutelle dans le domaine de la santé mentale, les spécialistes bien que peu nombreux, disposent d’outils de compréhension et de soins formidables en ce qui concerne la schizophrénie. Et c’est vraiment une bonne nouvelle pour les patients qui souffrent et leurs familles, et pour la communauté, car beaucoup de malades peuvent revenir à une vie normale, joyeuse et cohérente et qui ne soit pas marquée par l’angoisse et le désordre. 

Repenser les moyens existants

Le grand problème concernant la prise en charge de la schizophrénie, comme du reste celui des différentes pathologies mentales, c’est celui de l’insuffisance des moyens humains, financiers et d’infrastructures spécialisées.

Il est important de rappeler ici que le Maroc compte près de 400 psychiatres pour une population de 17 millions d’habitants. Que le nombre d’infirmiers spécialisés en psychiatrie est lui de 1200 ou 1400 infirmiers, que le nombre de lits consacrés à ces maladies reste en deçà des besoins.

Ce constat est à lui seul suffisant pour expliquer une situation inacceptable. Car dans de telles conditions, il serait illusoire de prétendre soigner dignement tous ces malades, de les soutenir et aider leurs familles.

Le gouvernement se doit de revoir en profondeur la politique de la santé, son financement, ses ressources humaines, ses moyens logistiques, ses infrastructures, de faire des choix qui reposent sur des données chiffrées, sur des priorités essentielles.

De son côté, le ministère de la Santé a le devoir de procéder à une refonte de sa politique en matière de gouvernance, d’organisation, de planification. Il est essentiel de définir la place du secteur privé. Il faut une concertation des principaux acteurs, appliquer une véritable décentralisation…

La liste est très longue, il ne s’agit pas de tout entreprendre en même temps, de replâtrer les failles. Nous avons un très grand défi à relever, celui de la couverture médicale universelle.

Un chantier qui demande énormément d’efforts, de sérieux, de compétences avérées, et non des individus qui occupent périodiquement la scène des médias juste pour paraitre et se faire de la publicité ….    

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