Palestinien je suis,«amérindianisé» je ne le serai pas.

par Mustapha Labraimi

Sous le ciel fermé, l’agression militaire barbare et sanglante se poursuit. Son écho assourdit l’humanité et se répand dans l’univers. Manifestation d’une politique belliciste et criminelle qui dure depuis des décennies contre le peuple palestinien dont les ennemis, tous ses ennemis, voudraient l’extermination.Des colons et/ou des descendants de colons qui veulent répéter en Palestine l’expérience de la colonisation européenne des Amériques par l’élimination intentionnelle du peuple autochtone.

Le sionisme, suscité par l’échec des tendances intégrationnistes de l’ère des Lumières dans toute l’Europe, qu’elle soit « avancée « dans sa partie occidentale ou centrale ou bien dans sa partie « arriérée » orientale (Affaire Dreyfus en France, Nazisme en Allemagne, Pogroms en Russie et en Pologne),faisant feu de tout bois, ne pouvait que se fonder sur des mythes et des légendes pour s’attirer « les bonnes grâces » de populations soit quasi ignares soit voulant se libérer des affres du racisme de ceux qui les considèrent comme des déicides. Et, participant au mouvement d’expansion coloniale du 19ème siècle, il a jeté, après avoir essayé d’installer ses « ouailles » en Ouganda, puis à Madagascar, avant l’Argentine, son dévolu sur la Palestine grâce à la convergence entre ses mythes et ceux d’une des églises protestantes de Grande Bretagne et d’un des tenants de cette église, Lord Balfour, anti juif notoire.

Israël se déclare alors indépendant sans délimitation aucune de frontières. S’ensuit une politique d’expulsion des palestiniens, la spoliation de leurs biens et l’élimination de tout ce qui pourrait en témoigner. C’est la Nakba.Sur la base de ce « péché originel » va s’effectuer,par la guerre ou par l’expansion de la spoliation, une politique de colonisation qui n’a pas cessé jusqu’à présent.

Les colons, en grande partie venus de l’occident ; vont chercher une légitimité historique dans une opiniâtre conservation de leur identité et en faisant supporter au peuple palestinien, qui n’a jamais été tenant d’un racisme à connotation religieuse, la facture à payer pour les crimes racistes des européens (pogroms, racisme latent des britanniques, genre Balfour puis « solution finale » des nazis allemands).

La création d’Israël ne fait pas l’unanimité chez tous les juifs, même si l’Etat hébreu se veut représentant de la nation juive et de sa diaspora essaimée dans le monde. Un Etat qui prétend « résoudre la détresse de tous les juifs du monde et offrir à tous les juifs la possibilité d’y trouver un foyer. ». Judaïsme et sionisme ne sont pas des synonymes.

Actuellement les soutiens les plus actifs du sionisme sont les évangélistes américains dont l’un des tenants de leur doctrine fut Truman (33e président des USA). Il est bon de rappeler que les dangereuses élucubrations des évangélistes dans le monde veulent que pour assurer le retour « triomphal » de Jésus sur terre, avant le Jugement Dernier, il est nécessaire que le royaume d’Israël soit reconstitué. Ainsi, c’est une idéologie fondamentaliste et intégriste (qui relèverait, dans un monde rationnel de la maladie mentale) qui prévaut parmi de nombreux responsables aux Etats Unis, en Europe et dans certains pays comme le Brésil de Bolsonaro.

La communauté internationale se trouve ainsi soumise, par les puissances qui la gouvernent, à accepter la trahison de ses valeurs universelles et le refus d’Israël, depuis sa création, à mettre en œuvre les nombreuses résolutions de l’Organisation des Nations Unies et de son Conseil de Sécurité pour mettre fin au conflit israélo-palestinien. Israël se comporte comme un « rogue State », un Etat voyou,pour lequel seules comptent son expansion coloniale, sa puissance militaire technoscientifique ; sans respect pour le droit international, en ne respectant pas ses engagements et en persistant dans son agression et sa volonté « d’amérindianiser » le peuple palestinien.

Aujourd’hui, dans ce « 51st state », les « contradictions intérieures entre modernité et tradition, entre être Juif et être Israélien, entre être sioniste et être Juif » sont exacerbées par le machisme et le militarisme vantés pour exercer l’oppression et la violence. La vie en Israël est marquée par un « apartheid réinventé », déshumanisé par le numérique et ses applications et qui fait du « Palestinien un être de seconde zone » quand il n’est pas incarcéré ou simplement mis à mort.Quant à la démocratie en Israël, tant vantée comme modèle à suivre, sans parler de ses échecs itérés à doter le pays d’un gouvernement, elle reste déterminée par la judéité avant la citoyenneté.

Dans un contexte marqué par le renforcement de l’extrême droite dans la Knesset, l’instabilité politique et un blocage confirmé dans la formation d’une coalition gouvernementale, l’escalade meurtrière entrepris par B. Netanyahu, poursuivi pour corruption par la justice israélienne, s’inscrit dans la provocation agressive innée à l’encontre du peuple palestinien.

C’est d’une manière déclarée et avec une continuelle violence, qu’Israël poursuit son action pour annexer Jérusalem-Est et en éliminer toute présence palestinienne. Le report des élections en « Territoires palestiniens » est conséquent au refus d’Israël de garantir que « le vote puisse être tenu à Jérusalem, et que les partis puissent y mener leur campagne électorale ».

Dans le quartier de Cheikh Jarrah, des familles palestiniennes sont menacées d’expulsion par les colons israéliens et militants d’extrême droite soutenue par le système judiciaire israélien. Les manifestations de haine déclenchées par l’extrême droite israélienne sur l’Esplanade des mosquées, l’intrusion de la police israélienne dans la mosquée Al-Aqsa pendant le mois de Ramadan et autres exactions induisent la flambée de violences qui se poursuit par les raids criminels sur Gaza, faisant des dizaines de victimes parmi la population civile, notamment de nombreux enfants. Le carnage continue, la crise s’intensifie et la communauté internationale reste dans ses blocages devant l’extermination du peuple palestinien.

La reprise du processus de paix est impérative car la guerre ne fait que détruire et approfondit la dégradation de la situation. La passivité a montré ses limites dans la solution définitive du conflit israélo-palestinien. Si Israël existe et l’exprime d’une façon tonitruante, il est plus que temps d’arrêter le massacre et d’œuvrer ardemment pour la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale. La résistance du peuple palestinien à la colonisation et son expansion, au blocus et au pillage, aux humiliations et à la discrimination est légitime. Le soutien et la solidarité qu’elle suscite à travers la planète ne permettront jamais que le peuple palestinien se laisse« amérindianiser ».

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