C’est vrai que la meilleure poule au monde ne peut donner que ce qu’elle a. Le rendement parlementaire reste, toutefois, à la hauteur de ceux qui le composent. A l’image de la société, il marche à deux vitesses et les lourds wagons freinent la locomotive qui a pour ambitions de rattraper les retards législatifs.
Concrètement, le pays a une perception négative de l’image du Parlement. Un constat justifié à bien des égards, malgré les grands apports de l’institution parlementaire aux avancées multiformes du Maroc. Le mal est à la base. La majorité écrasante des parlementaires ne mérite pas réellement de siéger dans les deux hémicycles. Non pas pour des raisons subjectives. Cette masse pléthorique reste inconsciente des enjeux du pays, de la mission des élus et de leurs rôles dans l’évolution de la Nation.
La réforme doit toucher donc le système électoral qui produit une majorité d’élus improductifs et nuisibles à la bonne marche des rouages parlementaires. Car une équipe, formée de pans entiers de personnes peu soucieuses de l’intérêt général, est perdante dès le départ. Le nomadisme politique, une tare qui handicape la transparence et le sérieux, doit être légalement banni.
L’effort doit être centré sur les dysfonctionnements en matière de gouvernance, d’administration, de gestion et de communication. L’objectif est de parvenir à une visibilité générale, à tous les niveaux, afin de professionnaliser l’action parlementaire et la rendre plus rentable pour le pays. Le savoir-faire ne manque pas. Il suffit de fixer les objectifs et de décréter la mobilisation pour la réalisation du cahier de charges.
Il est vrai que l’Etat de droit suppose de respecter la Constitution qui garantit les droits des citoyens, notamment celui d’être éligible. Mais, mêmes les pays occidentaux préconisent, pour les pays en voie de développement, une «démocratie d’élites», en attendant son extension aux franges les moins «intellectuelles». De la sorte, des garde-fous pourront être érigés afin d’éliminer ceux qui ne sont pas en mesure de contribuer au progrès parlementaire.
Et ceux qui tiennent à ce droit constitutionnel doivent prouver leurs compétences et assiduité au niveau des instances locales et régionales élues au suffrage direct.
Dans le Maroc d’aujourd’hui, il n’y a plus de place aux idées qui justifient la stagnation – donc le recul – de l’institution parlementaire, en se basant, par exemple, sur l’Etat de droit ou encore sur l’absentéisme « courant » dans les parlements du monde.
Il est vrai, également, que l’acte de présence ne suffit pas et ne peut être le seul critère pour juger du rendement d’un élu. Un député ou un conseiller doit rendre compte de son mandat à ses électeurs, servir sa circonscription ou le corps électoral qu’il représente, en plus des obligations que dictent l’appartenance à l’institution.