Pour le profit de tous

Le 8 mars est la journée internationale de la femme. Depuis les manifestations pour des meilleures conditions de travail et le droit de vote, pour « le pain et la paix », au début du vingtième siècle,cette journée dédiée à la femme par les Nations Unies en 1975 est devenue un événement beaucoup plus festif que militant.

Au fait, c’est la journée pour les droits de la femme qui devrait être marquée par la mobilisation de tous pour exiger l’égalité des droits entre les genres de la personne humaine dans tous les aspects de la vie quotidienne et l’abolition des ségrégations dont souffre « la moitié de l’homme ». Mais si l’idée a fait son chemin, partout dans le monde, il reste beaucoup à faire pour réaliser l’objectif.

Les success story au féminin sont de plus en plus médiatisées. Elles peuvent motiver et servir à montrer que la réussite est possible malgré le machisme, les insuffisances de la loi et le conservatisme de la société. Elles ne peuvent cacher la misère dans laquelle survivent de nombreuses femmes, la violence qu’elles subissent et le déni qu’elles vivent.

De par le monde et dans notre beau pays, dans la vingt-troisième année après le deuxième millénaire,selon le calendrier grégorien, personne ne doute que les femmes soient devenues, et pour une grande part d’entre elles, capables de faire ce qu’elles étaient incapables de faire il y a moins de quelques décennies.

Aujourd’hui, elles constituent dans le royaume plus de la moitié des étudiants de l’enseignement supérieur.Dans la vie quotidienne, elles occupent diverses professions et à tous les niveaux hiérarchiques.Elles ont pris d’assaut le monde de la politique et ont obtenu des sièges dans les institutions parlementaires et gèrent des grandes villes en tant que présidentes du conseil municipal, comme à Casablanca, Marrakech et Rabat et autres communes.

Mais la question qui peut venir à l’esprit dans ce contexte est de savoir si le chemin que les femmes empruntent pour réaliser leurs ambitions est un chemin facile parsemé de roses ?Qu’il ne manque plus pour cela qu’elles le traversent pour réussir ou y a-t-il d’autres contraintes qui restent cachées et inexpliquées en relation avec le pouvoir ?

Une jeune fille, originaire d’un petit village conservateur comme il y en a à travers le territoire national,est une élève studieuse et assidue. Ses professeurs ont toujours prédit sa capacité à réaliser l’impossible. Elle a obtenu une moyenne qui lui permet de poursuivre ses études dans les grandes écoles marocaines ou à l’étranger. Elle est aujourd’hui dans son petit village, mère de trois garçons.

Si le jeune marocain n’a besoin que de l’excellence académique pour mener à bien son parcours de formation, la jeune fille a besoin de plus que cela : elle a besoin de la confiance de sa famille en sa capacité à déménager dans une autre ville et à s’installer loin du confort de sa famille. Elle doit trouver les conditions adéquates pour continuer ses études et ne pas tomber dans les pièges de la villeoù la tentation, comme le besoin, se fait pressante.

La jeune mère qui prend la main de son fils, ayant sur le dos un enfant et avance la main sur la poussette où dort un autre, va-t-elle trouver un jardin pour permettre à ses enfants de profiter des rayons du soleil qui n’arrivent pas à pénétrer dans son habitation « populaire » ? La crèche, la maternelle …. Dans le rêve ou à la télé !

Ces petites filles qui vont gaiement à l’école dans le monde rural vont-elles pouvoir suivre leurs études et réaliser leurs rêves ou se trouver dans l’obligation d’abandonner leur scolaritépour survivre comme leurs mères le font ?

Ces femmes, enveloppées de mille et une choses, qui travaillent dans les exploitations agricoles profitent-elles du droit du travail ou sont-elles corvéables autant que dans leurs foyers ?

Et combien d’autres cas qui suscitent l’irritation et la colère !

Malheureusement, les inégalités existantes se perpétuent et les exemples sont nombreux où le courage de la personne humaine du genre féminin affronte une discrimination dés le jeune âge. Elles s’approfondissent dans ces temps de crise et de « laissez aller laissez faire » où s’aggrave la violence dans les rapports sociaux.

Hier, comme aujourd’hui et demain, on ne peut que souhaiter le meilleur pour plus de la moitié de la population humaine sans laquelle l’existence d’une société égalitaire, juste et heureuse ne peut se faire. L’idée s’impose et se propage. Mais il serait mieux d’agir à travers les politiques publiques pour éradiquer l’origine de cette discrimination qui ne fait pas honneur à l’homme du vingt et unième siècle. L’égalité des genres n’est pas seulement une seulement une question du respect des droits de la personne humaine, c’est une nécessité du développement dans sa globalité, car autant que l’homme qui participe à la pérennité de l’espèce, la femme œuvre à l’immuabilité de la société et à sa transformation pour le bienêtre collectif. La promotion des droits de la femme sont pour le profit de tous.

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