Putsch avorté en RDC

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

« Une tentative de coup d’Etat a été étouffée dans l’œuf par les forces de défense et de sécurité (…) Cette tentative a impliqué des étrangers et des Congolais (qui ont) tous été mis hors d’état de nuire, leur chef y compris ».

Tels sont, en substance, les termes du message, lu sur les ondes de la télévision nationale, par le porte-parole des Forces armées de la République Démocratique du Congo, le général Sylvain Ekenge, avant d’appeler la population à « vaquer librement et tranquillement à ses occupations ».

Après avoir confirmé que des tirs ont été entendus, durant la nuit de samedi à dimanche, aux abords du Palais de la Nation qui abrite les bureaux du président Félix Tshisekedi et que le domicile du ministre de l’Economie, Vital Kamerhe, situé dans la commune de la Gombe, a été attaqué par des hommes armés, des journalistes de l’AFP, présents sur les lieux, ont rapporté, qu’à la mi-journée, la situation était calme, à Kinshasa, la capitale.

Mais si, en début de matinée, plusieurs véhicules militaires ayant à leur bord des soldats lourdement armés ont été aperçus quittant le Palais de la Nation au moment où des militaires à pied bloquaient certains accès, une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux a montré un homme se présentant comme étant Christian Malanga se targuant d’avoir investi le lieu du pouvoir.

Entouré d’une trentaine d’hommes en treillis brandissant le drapeau du « Parti Congolais Uni » et de deux occidentaux, l’intéressé a fait une courte déclaration en anglais dans laquelle il a signalé à ses compatriotes que « le temps est venu de se lever ». 

Au même moment, d’autres vidéos postées sur les réseaux sociaux, mais dont l’authenticité reste encore à démontrer, ont montré des soldats en treillis, au Palais de la Nation, brandissant des drapeaux du Zaïre, l’ancien nom de la RDC du temps du dictateur déchu, Mobutu Sésé Seko, renversé par un coup d’Etat en 1997.

Mais pourquoi donc seuls les bureaux du chef de l’Etat et le domicile du ministre de l’Economie ont-ils été visés par les assaillants ?

Pour mieux comprendre les faits, il faut revenir au 20 décembre dernier quand le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, avait été réélu, dès le premier tour de l’élection présidentielle après avoir recueilli 73% des suffrages exprimés et que, le même jour, les partis de son « Union Sacrée » avaient raflé 90% des sièges de l’Assemblée.

Or, bien qu’après que cinq mois se soient écoulés, Judith Suminwa, a été nommée, il y a un mois et demi, comme nouvelle Première ministre et que, le 23 Avril dernier, ce fut le tour du ministre de l’Economie Vital Kamerhe d’être désigné comme candidat de l’ « Union Sacrée » à la présidence de l’Assemblée Nationale à l’issue de «primaires» organisées par cette plateforme de la majorité présidentielle, le nouveau gouvernement se fait toujours attendre.

Si l’on ajoute à cela le fait que le pays est en proie, dans sa partie Est, à une grave crise sécuritaire du fait de la rébellion du M23, un mouvement formé majoritairement de Tutsis et soutenu par le Rwanda voisin, qui occupe de vastes pans de territoire de la province du Nord-Kivu, et qui reproche à Kinshasa de ne pas avoir respecté ses engagements sur la démobilisation et la réinsertion de ses combattants, le moins que l’on puisse dire c’est que la situation politique est loin d’être reluisante et que tout peut encore arriver. Alors, attendons pour voir…

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