Quand Monceyf et Rassane Fadili ressaisissent l’âme poétique de Rabat

Rencontre artistique organisée par Rabat-Salé mémoire au siège du PPS

Mohamed Nait Youssef

Rabat est plus qu’un territoire, plus qu’un bout de terre peuplé d’histoires, de vies, de bâtisses. Rabat, la belle, la rêveuse, la singulière a toujours inspiré les plumes, les palettes et les verves. Un musée à ciel ouvert et une citée ouverte sur le monde et les autres ! En effet, après une période de fermeture due à la pandémie, la ville lumière et capitale de la culture respire une bouffée d’air artistique frais et rouvre ses bras aux visiteurs d’ici et d’ailleurs.

C’est au siège national du Parti du progrès et du socialisme (PPS), à Rabat, que l’association Rabat-Salé mémoire a organisé, mardi 29 juin, le vernissage de l’exposition «Rabat entre les lignes» du jeune artiste Rassane Fadili et la présentation du livre «Rabat, un printemps confiné » écrit par Monceyf Fadili, et édité avec le concours de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique – CGLU. Ce fut une belle rencontre artistique et conviviale où le partage, la complicité, l’échange et l’émotion sont les maîtres mots. «C’est la deuxième fois que j’assiste à la présentation de ce livre. Et quel plaisir en le lisant ! C’est une poésie, une découverte et redécouverte de la ville de Rabat, voire une belle découverte sur ce qu’elle porte, ce qu’elle affiche, mais aussi ses inspirations profondes », a souligné Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS. Et d’ajouter : «Monceyf Fadili est un slaoui qui parle si bien de Rabat. Et c’est une bonne chose ! Je crois que nous devons ensemble porter ce souci ». Le livre est un «voyage urbain» dans les ruelles de Rabat, une retrouvaille, une découverte de son histoire, ses sites emblématiques et ses multiples visages et facettes.

Rabat racontée artistiquement, poétiquement

Le monde a traversé une période délicate où  les peuples se sont enfermés sur eux-mêmes à cause de l’ennemi invisible. L’art et la culture en étaient des issues pour s’en sortir. Incontestablement, les œuvres du jeune artiste Rassane Fadili et les mots justes de Monceyf Fadili ont mis la lumière sur Rabat. Ainsi, entre écriture et dessin, intérieur et extérieur, on y voit autrement la ville racontée et dévoilée artistiquement, poétiquement en temps de pandémie.

«Rabat-Salé mémoire est heureuse de vous accueillir dans cet espace ouvert  dont la vocation est le partage, l’échange pour fêter Rabat, pour évoquer la dureté de la période de confinement et pour rendre hommage à une relève sensible et consciente de l’importance de la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel des deux rives : Rabat et Salé », c’est à avec ces mots que  Fikri Benabdallah, président de l’association Rabat-Salé mémoire, a ouvert le bal de la rencontre.

D’après lui, ce sont deux générations dont chacun a revisité et pensé à sa façon la ville Rabat, selon son âge et selon son environnement culturel. «Les dessins de Rassane Fadili traduisent avec émotion certains points de vues qu’il est allé chercher en utilisant la ligne claire. Monceyf, lui, a vécu le Rabat confiné sur lequel il a fait tant d’études », a-t-il fait savoir.

Une fenêtre ouverte sur le monde…

De l’intérieur, c’est-à-dire de cette intimité qu’on découvre le monde extérieur ou encore l’ailleurs. C’est à partir également de ce latent que ce patent se manifeste et se déploie. Une redécouverte du soi et du monde, de l’univers.  «C’est unique le fait d’imaginer Rabat à partir de son appartement, à partir de la fenêtre de sa chambre pour découvrir enfin le charme de la ville. J’ai lu une poésie dans le livre de Monceyf », a expliqué Jean-Pierre Elong Mbassi, président du CGLUA. Et d’ajouter : «Tout Rabat est classé patrimoine de l’humanité, toute la ville. C’est une opportunité parce qu’il n’y a pas beaucoup de villes au monde qui ont ce privilège rendant hommage à l’âge, à l’histoire de la ville. »

Par ailleurs, la préservation du patrimoine et de l’histoire de nos villes est une affaire de tout un chacun.

«Je suis ému par cette déclaration d’amour à cette ville qui le mérite », a affirmé Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Et d’ajouter : «j’ai découvert  certains lieux en lisant ce livre. Je trouve que le travail de Monceyf comme celui de Rassane contribue à aider une partie de concitoyens ici à s’approprier les lieux ». Selon lui, c’est une occasion pour renforcer ce travail d’éducation, d’itinérance civique, éducative. C’est-à-dire que sans cette appropriation des lieux, il n’y a pas de citoyenneté.

Un air de famille !

«J’ai la chance de découvrir ce livre avant sa sortie pour me faire une idée et trouver une illustration qui pouvait présenter ce parcours urbain », a confié Rassane Fadili lors de la présentation du livre de son père Monceyf Fadili, «Rabat, un printemps confiné ».

Le choix, dit-il, s’est porté sur un emblème de Rabat qui est la Kasbah des Oudayas. Les lignes claires, fines et bien dessinées plongent l’œil dans les profondeurs de Rabat, la lumineuse. Loin d’être simplicité, la technique de l’artiste dont les œuvres sont accrochées dans le hall du magnifique siège du PPS, va à l’essentiel pour saisir l’âme poétique de la ville.

«J’ai essayé de rendre hommage à la ville de Rabat. Le monument est un peu la vitrine. J’ai voulu aussi parler des intérieurs, des gens, des marocains, de leur intimité pour montrer le paysage extérieur », affirme Rassane.

Dans sa démarche, l’artiste a donné une grande importance à l’espace intérieur que celui de l’extérieur. Et c’est ainsi qu’il avait découvert la ville, selon ses dires.  

Selon Monceyf Fadili, ce livre est parti d’un questionnement amical où un ami lui demandait : comment se porte le Maroc ?  «Cet hommage est à Rabat. C’était une obligation. C’était comment découvrir, redécouvrir sa vie à partir d’un espace fermé, à partir d’un intérieur. Cette obligation, cette  itinérance éducative, je l’ai faite quelque part naturellement en essayant de n’omettre aucun quartier », a-t-il dit.  

Il est à rappeler que cette rencontre artistique a été marquée par la présence d’éminentes personnalités des domaines de l’art, de la culture, de la politique et de la diplomatie.

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