On conviendra bien que les douze régions du Maroc, telles qu’elles sont conçues et délimitées aujourd’hui, conformément au nouveau découpage destiné à la mise en marche du concept de la régionalisation avancée, présentent des dysfonctionnements et des déséquilibres socioéconomiques qui ralentissent leur évolution.
Dans bien des zones, le déphasage est criard à plus d’un titre, cas de Tata, à titre d’exemple, par rapport à ses homologues de la région Souss Massa. La philosophie de la régionalisation escomptée serait justement un moyen d’ajuster les harmonies interrégionales et surmonter les disparités, dans la solidarité et la mutualisation.
Il est bien évident que les choix de territoires entrepris, il y a quelques années, après de larges consultations, répondaient à des exigences pressantes, à l’aune des mutations profondes survenues dans les champs politiques et géostratégiques du pays. Il s’avère aussi bien clair que l’expérience régionale cumulée, quoiqu’ étriquée, embryonnaire et balbutiante, a permis, en fait, le passage fluide d’une réalité à l’autre, non sans tâtonnement dicté par les conditions ardues de l’expérimentation.
Certes, cette transition notoire est maintenant conditionnée beaucoup plus par les développements actuels de la question de l’intégrité territoriale, au vu du plan d’autonomie retenu sur la scène internationale, que par une simple volonté de mise en place d’une régionalisation accélérée et précipitée. Toutefois, on s’accordera à dire que nombre d’indicateurs aussi plausibles qu’incitateurs soutiennent fortement cette démarche qui ne fait, en définitive, que consolider les acquis considérés comme une plate-forme pour des réalisations encore plus appropriées.
D’autant plus que les concepts de décentralisation et de déconcentration ne sont pas, jusqu’ici, matérialisés dans les faits, comme ont toujours prétendu les institutions centrales. En dépit des slogans et des textes, si peu généreux soient-ils, Rabat s’accapare presque la totalité des pouvoirs en termes procédurier, pécuniaire et décisionnel. La nouvelle conception de la région, sans vouloir être ni régionaliste ni rébarbative, est appelée d’abord à fédérer les éparpillements, repenser les cohérences et activer les émulations.
Il est, en effet, inconcevable qu’une région comme Souss Massa qui s’érige en pôle économique de premier ordre, se trouve, bizarrement, au bas de l’échelle de la pauvreté et de la précarité! Aussi bien les pêches maritimes, l’agriculture que le tourisme qui forment les assises fondamentales de l’économie nationale, la région SM n’en profite guère en termes de revenus et d’aménagements du territoire, bien qu’elle occupe une place de choix dans cette triptyque économique. Il y a donc défaillance flagrante au niveau de la répartition des richesses que seule une régionalisation saine et juste pourrait rectifier, dans l’équité et la déontologie.