«Rien n’arrête une grande idée dont le temps est venu», disait un jour Victor Hugo, le fameux plaidoyer des «misérables» du 20ème siècle. Notre pays, en position de stand-by mortuaire, est en quête de grandes idées, à même de le désembourber des marécages.
Le Souverain, dans son discours du trône, vient d’en débiter une qui, sans doute, resplendirait les horizons prometteurs de la Nation en hibernation. Il est donc question d’impulser «un nouveau souffle» pour concilier l’élan fulgurant des gros chantiers de ces deux dernières décennies avec l’entrain indolent de la floraison sociale. «La misère des pauvres me fait beaucoup de peine !», disait le monarque, non sans amertume.
Certes, on pourrait égrener tous les acquis qu’on ait cumulés, en si peu de temps, sans compter, à moult niveaux de croissance. Il va sans dire aussi que les retombées génèrent, en fin de compte, une société marocaine inégalitaire, en Homme et en Espace. Les disparités sont tellement criardes qu’on en renie même le sens de l’appartenance et le devoir de civilité.
Les déficiences prolifèrent dans tous les compartiments, à tel point que les indices d’accroissement chutent goulûment, en matière de la vie digne et décente des couches sociales déshéritées…Et pourtant, on ne cesse de louer les prouesses spectaculaires en termes de projets structurants, érigés dans nombre de secteurs d’envergure, notamment les réseaux autoroutier, aéroportuaire, routier, portuaire…
La problématique du Maroc d’aujourd’hui réside en la capacité intelligente et volontariste de réorienter les politiques publiques en direction du capital humain, décidément maillon faible de cette révolution mutilée.
Cette transformation escomptée ne pourrait alors provenir que de la mise en place d’une gouvernance susceptible de rectifier le tir, d’une détermination compétente du potentiel humain et d’un assainissement ferme et sans complaisance de tous les rouages de la vie active. C’est d’un «nouveau souffle démocratique» dont le pays a foncièrement besoin, au vu des déficits énormes qui n’arrêtent pas de gangrener, à ce propos.
Il semble bien qu’on ait décidé d’y aller de l’avant, à l’image de cette prompte réunion du contingent de l’Intérieur afin d’harmoniser les cordes des changements en vue, de la mise à contribution du nouveau modèle de développement, à travers une commission ad hoc et de la remise en train les institutions de l’Etat, par l’insertion de nouvelles compétences.
Il est donc bien vrai que le pays est en phase d’appétence pressante d’un nouveau souffle qui mettrait un terme aux dysfonctionnements qui accablent son expansion et ouvrirait de nouveaux horizons devant les présentes et prochaines générations. «Mieux vaut tard que jamais !», dirait-on en pareilles circonstances, mais, il serait encore plus judicieux si on s’y mettait pour de bon, car «transformer les idées en réalité», c’est là où le bas blesse le plus souvent.