Re …trouvailles

Cette ouverture de l’Office chérifien des phosphates, quoique tardive,  mérite d’être relevée car il s’agit d’une institution dont le rôle dans l’économie nationale n’est pas à démontrer. Le partenariat de l’Université marocaine avec l’OCP pourra conforter la réforme au sein de l’ensemble des établissements de l’enseignement supérieur et de la formation des cadres. L’OCP est la première entreprise industrielle du Maroc, il est l’un des leaders mondiaux sur le marché des phosphates et de ses produits dérivés. Le Centre d’études et  de recherches des phosphates minéraux (CERPHOS) a été fondé en 1975. C’est une filiale de l’OCP sous forme de société anonyme. Ses «activités portent aussi bien sur la connaissance, l’exploitation, la valorisation des gisements, les produits et procédés mis en œuvre dans l’industrie, que sur la préservation de l’environnement». C’est aux phosphates, et à la problématique de leur genèse que l’une des grandes campagnes océanographiques au large du Maroc a été effectuée vers la fin des années soixante du siècle passé sous la houlette du Natural Environment Research Council (NERC) et de l’Université de Londres où un certain nombre de PhD furent soutenus à ce propos. C’est pour souligner que le partenariat de l’OCP et de l’Université marocaine peut contribuer fortement à l’approfondissement des connaissances et au transfert technologique nécessaire au développement et à la croissance. Il devra se faire dans le respect mutuel, sans arrogance et sans négliger les atouts des enseignants chercheurs et leurs compétences. Cet événement donne l’occasion de faire état d’un rapport (encore un autre !), daté de novembre 2012, de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques qui s’intitule «Développer la recherche scientifique et l’innovation pour gagner la bataille de la compétitivité. Un état des lieux et des recommandations clés». Le constat est amer: effectifs des personnels de la recherche scientifique en stagnation, taux d’encadrement des étudiants pour la formation et la recherche médiocres, effectifs des doctorants et des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur inférieurs à ceux de l’Algérie de 2,5 fois, nombre très faible des diplômes de doctorat délivrés. Une phrase dudit rapport sonne le glas : l’engagement dans la recherche est plutôt découragé, au lieu d’être encouragé. Sur la DIRD (Dépense intérieure brute de recherche et développement) qui a presque doublé de 1999 à 2010, le rapport conclut que la part du PIB consacrée à la recherche reste encore inférieure à 1%, promesse qui figurait déjà dans le programme gouvernemental de Me Abderrahmane El Youssoufi en 1998 ! Pour corriger les dysfonctionnements et les faiblesses décrits, le rapport de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques propose aux pouvoirs publics trois axes clés : formation et mobilisation des cadres et des compétences; dynamisation du système national de recherche et une gouvernance plus efficace; révision profonde du système d’éducation et de formation, et notamment développement de l’enseignement des sciences et techniques et diffusion de la culture scientifique. Chaque axe est décliné en un certain nombre de recommandations pour «servir le pays et contribuer au développement de la science mondiale». Il suffit donc de se mettre au travail pour que véritablement la R&D se développe dans nos établissements universitaires et qu’elle contribue à la croissance économique et au développement durable. Dans l’espoir que les enfants de l’ancienne «Cachquate» puissent maîtriser la stratigraphie de la série phosphatée des Gantour, que les Ouled Abdoun retrouvent le sourire sans darmous, que Meskala et Boucraa contribuent au développement régional, que l’environnement soit respecté aux alentours des complexes chimiques, que la gestion intégrée des ressources en eau soit effective dans les zones d’exploitation et de transformation des phosphates,  que le phosphogypse soit valorisé, que le soufre ne nous fasse pas souffrir, que l’enrichissement des phosphates nous enrichisse, et qu’une autorité gouvernementale soit chargée de mettre en œuvre les conclusions du rapport de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques et les recommandations des premières assises nationales de la Recherche et Développement autour des phosphates… Amen !
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