Repenser le concept du tourisme!

Il est bien convenu dans l’évolution de la donne touristique universelle que le secteur tend vers des exigences, fondées sur les motions de l’exploration et de la trouvaille des cultures humaines. Il semble peut-être révolu le temps où le touriste se contente uniquement de bronzer idiot, comme on dit, sous le soleil clément et de fouler le sable onctueux, sans chercher à communier avec son nouvel entourage dans les parages.

De ce fait, il importe, en ces moments de pandémie, de repenser cette vision de la chose touristique qui, parait-il, prend de plus en plus de l’ampleur. D’autant plus que notre pays se prête parfaitement bien à cette mutation conceptuelle…

Dans une destination prisée comme Agadir, il ne fait pas de doute que, plus particulièrement, tous les ingrédients naturels et climatiques, outre le potentiel hospitalier, sécuritaire et infrastructurel, convergent pour faire de l’une des plus belles baies du monde une référence du tourisme, à l’échelle planétaire. Cependant, si toutes ces conditions sont réunies pour une véritable expansion hôtelière et touristique, on est toujours amené à s’interroger sur les compétences humaines qui peuvent optimiser ces donnes et sur les nouvelles conceptions à mettre en œuvre.

Tout au long du parcours touristique de la ville, durant plus de trois décennies, il est loisible de constater, en fait, que d’anciens professionnels nationaux tels Beloghmi, Ohayon, Marrache, Scally, Belahcen, Achengli, Alami, Ouakhir, Dahmaz, Tizniti, Haïk, Radi et bien d’autres ont pu insuffler des élans incontestables, depuis que la destination se vendait aisément à coups de génie, en allant captiver les scandinaves, les germaniques et consorts, à venir savourer les délices d’une cité somptueuse.

A ce temps-là, le «tout compris» n’était pas au menu du jour et on s’ingéniait à donner le meilleur de soi-même pour être en vogue, à l’image de feu Belahcen Ouakrim qui s’était même donné le luxe de tenter de se lancer dans l’aviation qu’on lui avait bassement mis à contre-pied. Puis, se succèdent les institutions de réflexion et de concertation, notamment le CTP, le GRIT et aujourd’hui le CRT, appellations qui se suivent, mais dont la teneur et le concept restent quasi inchangés, quoique la dernière se soit hissée au dessus du lot.

Dès lors, les divergences et surtout les frictions se sont installées, au sein du secteur, en toute floraison. De surcroît, l’esprit de créativité et de synergie laborieuses était envahi par l’approche de facilité et de paresse, avec l’entrée en lice du «All inclusive» dans presque toutes les unités hôtelières. Une formule qui, malheureusement, hypothéquait l’effort touristique déployé dans le domaine depuis des lustres.

A défaut de mettre en place une vision nationale qui tienne en compte, dans la symbiose et la concorde, toutes les constituantes de l’industrie touristique, en particulier, les restaurateurs, les agences de voyage, les commerçants d’artisanat, les chauffeurs des grands et petits taxis, les guides touristiques…, on s’évertue résolument dans la conquête des tours opérators qui, bien entendu, en tirent le plus grand profit.

Or, ce sont toutes ces composantes qui en pâtissent. Pis encore, les touristes qui choisissent la destination Agadir pour ses splendeurs et ses richesses patrimoniales s’en privent tout au long de leur séjour puisque barricadés dans l’enceinte de l’hôtel adoptant cette  option qui, par-dessus le marché, se transforme en véritable souk où sont exposés les épices, l’orfèvrerie, la joaillerie et même, dans certains coins sans pudeur, des filles de joie destinées particulièrement aux coureurs de jupons du Golf, jonchent ces lieux de proxénétisme béat.

Ajouter à cela, les durs coups essuyés par l’écotourisme dont des investisseurs ont monté, dans les beaux recoins de la nature, à Immouzzer et autres, des bijoux à l’architecture du terroir et dont les touristes sont souvent privés à cause du «tout compris».

Devant cette percée dévastatrice de cette formule, on ne comprendra jamais l’attitude de l’Etat qui, d’une part prétend encourager le tourisme rural à partir des programmes lancés à cet effet et, d’autre part, continue à faire la sourde oreille aux plaintes et appels arborés par rapport à cet «All inclusive», devenu, au fil du temps, comme une réelle entrave aux différentes activités touristiques.

D’autre part et au moment où les restaurateurs accusent des coups dus à la formule suscitée, certains s’adonnent à la multiplication de prestations dans la même boîte (snack, restaurant, pizzeria, bar, pâtisserie, boulangerie…), parfois sans nulle autorisation requise.

Agadir n’est point une ville située aux Caraïbes ou encore à Hawaï, enclavée dans la nature sauvage, à perte de vue. Non loin de tout cela, Agadir dont la kasbah est dépositaire d’une riche civilisation et dont l’arrière pays est porteur de diversité culturelle attractive,  est perpétuellement ouverte aux offres de rêve, permettant la découverte et les traditions enrichissantes d’une nation séculaire. Il est donc inadmissible de fermer les portes à ses visiteurs des quatre parties du monde, pour le plaisir de quelques opérateurs inciviques.

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