L’allaitement maternel est devenu ringard pour plusieurs mamans et même papas. Pour la majorité, aujourd’hui, la question ne se pose pas : l’allaitement artificiel est l’ultime solution, malgré les vertus avérées de l’allaitement maternel. La preuve en est que seulement 27,8% des nourrissons au Maroc sont nourris exclusivement au sein pendant les six premiers mois de vie. Pour promouvoir l’allaitement maternel auprès des Marocaines, le ministère de la santé a lancé lundi dernier la 8e édition de la semaine nationale de promotion de l’allaitement maternel qui se déroule du 9 au 15 avril.
«Je ne veux pas avoir le bébé collé sur moi à longueur de journée. Il risque de s’habituer et j’aurai du mal à faire autre chose», «Quand il prend le lait maternel, il ne se rassasie pas, puisque ça ne coule pas assez»… Voilà plusieurs raisons qu’avancent les mamans aujourd’hui, pour justifier leur choix du lait artificiel pour leur nourrisson. D’autres le feraient, semble-t-il, pour préserver la beauté de leurs seins. Quelles qu’en soient les raisons, force est de constater qu’aujourd’hui, le lait artificiel a supplanté le lait maternel «sacré». Et pourtant, celui-ci offre plusieurs bienfaits, non seulement au nourrisson, mais aussi à la maman. Il protégerait la mère et son enfant contre l’obésité et le diabète non insulino-indépendant (type II).
Selon G.H, une maman de deux enfants, les centres de santé ne faciliteraient pas l’allaitement maternel des nourrissons. Et pourtant, pour permettre aux mères d’adopter et de maintenir l’allaitement maternel, l’OMS et l’UNICEF recommandent, notamment, la mise au sein précoce, dès la première heure qui suit la naissance pour bénéficier du colostrum. «Quand j’ai eu mon premier fils en 2016, aussitôt qu’il est né, à la nurserie on lui a donné le lait artificiel puisque mon lait ne coulait pas.
J’étais stressée durant la période qui a suivi mon accouchement. Ce qui fait que mon lait ne coulait pas. Quand mon lait a commencé à couler, mon fils n’en voulait plus. Il s’était déjà habitué au lait artificiel. Nous avons été contraints de le nourrir au lait artificiel, ce qui nous a coûté énormément mon mari et moi», nous raconte t-elle. Maman d’une fille depuis quelques semaines, la jeune maman a décidé cette fois de pratiquer l’allaitement maternel coûte que coûte.
Après avoir été nourrie à la nurserie pendant deux jours au lait artificiel, sa fille a aussitôt été mise au sein dès la sortie de l’hôpital. Devant la difficulté du nourrisson à tirer le lait, la jeune maman raconte que pour permettre à sa fille de se nourrir au lait maternel, elle a décidé de tirer elle-même son lait dans un biberon et de le donner à sa fille. «Je suis gagnante dans tous les cas : je donne le lait maternel à ma fille et en même temps, comme c’est à travers un biberon, je pourrais vaquer facilement à mes occupations», confie t-elle.
Si cette maman semble avoir compris l’importance du lait maternel, bien d’autres abandonnent en chemin, comme K., une jeune maman d’un bébé de trois mois qui nous confie: «au début, j’ai commencé à donner le sein à mon fils, mais mon lait ne coulait pas assez. Même quand je tirais dans un biberon, ça ne lui suffisait pas. Il pleurait tout le temps et je ne pouvais supporter ça. Malgré la limite de mes moyens, j’ai dû faire recours au lait artificiel et mon lait a presque cessé de couler».
En effet, selon les chiffres de l’enquête nationale sur la population et la santé de la famille de 2011, seulement 27,8% des nourrissons sont nourris exclusivement au sein pendant les six premiers mois de vie et 26% bénéficient de la mise au sein précoce durant la première heure qui suit l’accouchement. Le ministère entend renverser la tendance de ces chiffres à travers cette semaine nationale de l’allaitement maternel et favoriser l’allaitement maternel auprès des mères marocaines. L’objectif étant surtout de contribuer à améliorer la qualité de la nutrition des enfants, prévenir la mortalité infantile et réduire les maladies non transmissibles durant la petite enfance et l’âge adulte.
Cette 8e édition de la semaine nationale de l’allaitement maternel sera articulée donc autour des actions de sensibilisation au profit des professionnels de santé des secteurs public et privé, des cadres hospitaliers et des mamans en post-partum, des journées scientifiques au niveau des établissements universitaires et la mobilisation des médias, des départements ministériels et des organisations non gouvernementales pour appuyer les efforts consentis par le ministère de la Santé dans ce sens, affirme un communiqué du département.
Danielle Engolo