Siel 2016 : «Casanfa», nouveau roman de Driss El Meliani

«Casanfa» est le deuxième roman du poète et romancier marocain Driss El Meliani, qui vient de paraître à la maison d’édition égyptienne Dar el Ain. En effet le titre, Casanfa, est un seuil qui jette le lecteur dans les entrailles de la ville blanche antique, Casablanca.

Une colline de questions s’invite à la pensée du lecteur. L’histoire se glisse ainsi dans la peau du personnage principal, Ishaq qui ne retrouve sa mémoire que dans les bars et les tavernes casablancais. L’on voit à travers ses yeux la réalité des gens, notamment les juifs à un moment donné de l’histoire du Maroc. «Le roman est contre toute pensée extrémiste, régressive ou antisémite», précise l’auteur. Les juifs abordés dans ce roman, continue-t-il, sont des juifs qui ne sont ni sionistes, ni israéliens. Ce sont des juifs, poursuit-il, qui ont vécu avec les Marocains dans la ville de Casablanca, en toute harmonie et symbiose, depuis des décennies. A vrai dire, ce n’est pas un roman historique ; mais il romance, entre autres, l’histoire d’une ville, d’endroits, de peuples et de cultures qui ont habité cette terre accueillante. «Je n’écris pas une histoire, mais plutôt une réalité romancée, d’une façon littéraire et esthétique sur la ville de Casablanca : comment a-t-elle été construite ? Qui l’a construite ?  Et les juifs qui y ont vécu», précise l’écrivain. Avec un style captivant, dans la deuxième partie de ce roman, le narrateur, souligne l’écrivain, braque les lumières sur la souffrance des juifs à travers les siècles, malgré leur génie dans différents domaines, y compris le commerce, l’art, la culture… Leur présence, a-t-il souligné, était indispensable car elle est relative au développement commercial et économique de chaque région. En effet, ce sont des notes dont chaque partie est écrite dans une taverne. Le personnage communiste ne renoue le lien avec sa mémoire que dans les bars. Il fréquentait plusieurs lieux et écrivait la souffrance des juifs. En effet, il y a quelque chose de fortuit et de beau dans l’intrigue de ce roman. Car c’est une histoire qui présente un exemple de vivre ensemble entre deux familles : l’une juive et l’autre musulmane. « Le narrateur décide d’entreprendre un voyage collectif, avec un couple juif et un autre musulman. Dans ce voyage, une amitié verra le jour entre ces deux familles. Par la suite, cette relation va se prolonger et se développer, notamment à travers un mariage de l’ancien Casablanca», raconte l’auteur. Ainsi, dans l’une de ces visites, le juif va donner au narrateur une boîte en bois, avec là-dedans les notes d’un écrivain inconnu. Ishaq, le narrateur, parle ainsi de Casablanca et des juifs, soit à travers les livres qu’il lisait en français et en arabe, ou à travers son vécu. Il jette le lecteur dans son univers meublé d’histoires et de vécus. Chaque partie du roman contient une date en hébreu et relate des événements qui se déroulent dans un bar de la ville.

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Quand l’âme de Tayeb Saddiki s’envole dans les cieux du SIEL

T. Saddiki 600

L’âme du dramaturge TayebSaddiki s’est envolée dans le ciel du SIEL. En effet, un hommage posthume a été rendu, mercredi 17 février, en marge des activités du Salon international de l’édition et du livre, à cet homme exceptionnel,ce monstre sacré du théâtre marocain. Dans une atmosphère empreinte d’émotion et d’affection, ses amis et camarades n’ont pas manqué l’événement.

La soirée, qui a été organisée par le ministère de la Culture et la Fondation Tayeb Saddiki pour la culture, a été marquée par la lecturepar Touria Jabrane de la lettre de condoléances royale. Considéré comme un des piliers et des pyramides du théâtre marocain, le dramaturge, calligraphe et metteur en scène,était connu pour son audace, sa capacité et sa volonté de renouvellement et de promotion du théâtre marocain. Il y puisait ses textes du patrimoine marocain authentique. Par ailleurs, les témoignages ont, tour à tour, mis la lumière sur le parcours de Tayeb Saddiki, l’artiste et l’humain. La chaleur humaine et la générosité du partage a enveloppé la salle archicomble d’Abdelhadi Tazi. A cette occasion, un poème en hommage à l’âme du défunt a été lu par la ministre du Tourisme Lahcen Haddad, et un extrait du film sur la vie de Tayeb Sdikki, réalisé par le jeune Ayoub El Aiassi,a été projeté. «Tayeba été toujours plus grand que l’écran. J’avais l’honneur de réaliser ce film sur sa vie», a-t-il révélé. On a eu l’impression que l’artiste était présent avec le public dans la salle et qu’ila fait rire ceux qui étaient là,à travers les images de l’extrait projeté. C’est dire que les grands hommes ne meurent pas, ilsrestent à jamais dans nos mémoires,avec leurs travaux et créations. Cette «obsession textuelle», comme Saddiki aimait à appelersa passion, était un rapport poétique et un attachement exceptionnel aux mots, textes et concepts. Un homme de la scène par excellence. «Il était le génie de son époque. Sa disparation est une grande perte pour l’art et le théâtre marocains. Il était exceptionnel dans ses travaux. Un conteur des temps modernes », a dit à son propos Mohamed Lotfi Mrini, secrétaire général du ministère de la Culture. Abdellah Stouky, dans son mot, a lui dit que le départ de Tayeb Saddiki laissait un vide immense pour nous tous, et qu’ilrestera à jamais dans nos mémoires et nos cœurs. «Tayeb, a-t-il déclaré, était l’homme de notre génération ». Baker Saddik de la fondation Tayeb Saddiki, a quant à lui rappelé que la fondation dispose d’une œuvre plurielle, qui sera ouverte à tous les créateurs et acteurs marocains. La mission de la fondation, a-t-il précisé à cette occasion, est de transmettre cet héritage aux générations à venir. Quant à Ahmed Messaia, il a rappelé que Tayeb Saddiki était un homme humble et intelligent, qui n’aime pas la médiocrité.

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Le CNDH donne la parole aux personnes en situation de handicap

Les personnes souffrant de handicap sont au cœur de la programmation du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), lors de la 22e édition du SIEL.

Au stand dudit Conseil, la parole est donnée aux différents acteurs, créateurs ou chercheurs pour se pencher sur la question de la situation de handicap. « Handicap, droit et citoyenneté » est le thème qui a été choisi cette année. En effet, les rencontres seront un rendez-vous opportun pour dresser un bilan et évoquer les réalisations et les acquis en la matière. « Le choix porté sur le handicap comme thème de cette édition n’est pas extraordinaire. Le Conseil national des droits de l’Homme comme institution nationale s’intéresse aux droits humains de tous les citoyens, y compris ceux des personnes handicapées», explique Barkia Ahmed, membre du Conseil national des droits de l’homme. «Le CNDH, qui participe chaque année au SIEL, a choisi comme thème pour cette édition «Handicap, droits et citoyenneté ;  un thème en cohérence avec ses convictions ainsi que sa vision des droits humains», ajoute-t-il. Selon lui,   la valeur ajoutée du choix de ce thème réside dans le fait de mettre en avant la personne handicapée. «Nous visons, en effet, à travers cette manifestation, qui connaît une grande affluence, à rappeler aux uns et aux autres ce qu’est vraiment une situation de handicap, en procédant, par la même occasion, à la promotion de la culture des droits humains, de manière générale, et à la sensibilisation du grand public aux droits humains des personnes souffrant de handicap, en particulier», souligne-t-il.  Pour ce faire, le CNDH organise plusieurs débats et rencontres à l’intention des visiteurs, dont le débat en région, les grands débats, les hommages, «Un jour un livre», des présentations d’ouvrage et signatures… Cet événement, conclut Barkia Ahmed, a pour but également d’ouvrir le débat entre personnes handicapés et institutions, tant au plan national, régional qu’international, pour un échange fructueux d’idées et d’expériences.

Mohamed Nait Youssef

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