Stratégie du PPS pour le développement de la santé : Nécessite de mesures concrètes…

Pour bon nombre de nos parlementaires toutes tendances politiques confondues, c’est un système dépassé, caduque. La situation est sérieuse. Certains la qualifient même de critique.

Toutefois, on ne peut nier tous les efforts qui sont aujourd’hui déployés pour tenter tant que mal de remédier aux multiples dysfonctionnements. Sur le terrain, les problèmes sont innombrables. Ils concernent tous les domaines : concepts, planification, gestion, financement, organisation, accès aux soins, répartition équitable des potentialités existantes, médicaments, ressources humaines, formation, recherche …..

La santé des citoyens ne saurait se résumer à des discours politiques, à la présentation de chiffres, à l’édification de structures flambantes neuves, ou l’acquisition de technologie de pointe qui sont autant d’éléments qui ne profiteront qu’à une minorité.

Parler de santé, c’est à l’évidence soulever le droit de la personne humaine à pouvoir bénéficier de prestations de santé de qualité, dans des structures adaptées par des professionnels de santé qualifiés. C’est permettre à l’ensemble de nos concitoyens là ou ils habitent d’avoir accès aux mêmes soins, aux mêmes médicaments indépendamment des moyens des uns et des autres. C’est permettre à tous de pouvoir bénéficier des mêmes chances en cas de maladies. C’est veiller constamment à démocratiser l’accès aux soins, c’est permettre à tout un chacun de bénéficier du droit à la santé.

C’est aussi pour tous les citoyens la possibilité de jouir d’un état de bien-être physique, psychique et social.

Au PPS nous avons toujours milité pour que la santé soit reconnue comme un droit fondamental de tout citoyen comme le stipule l’Article 21 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Tout être humain, sans discrimination de quelque ordre que ce soit, doit pouvoir bénéficier en temps utile de soins de santé appropriés. Chacun doit aussi pouvoir être acteur de sa propre santé et peser sur les décisions et facteurs qui déterminent les politiques sanitaires. Le forum santé du P.P.S organisé le Jeudi 22 Avril 2010, auquel ont participé des centaines de médecins et d’infirmiers, qui ont suivi avec attention et intérêt l’excellente présentation du camarade Abdelillah Chenfouri qui a traité de la stratégie du PPS pour le développement de la santé au Maroc . Une stratégie qui s’articule autour de 8 axes :

La prévention

L’amélioration des prestations de soins de santé

Les ressources humaines

Le financement de la santé

Programme national de santé

Carte sanitaire

Réforme hospitalière

Médicaments , équipements

Formation , recherche médicale …

Le Forum santé du P.P.S a eu le mérite de soulever de nombreuses questions. Toutes se sont attachées a mieux cerner les choix qui sont aujourd’hui opérés. Il a aussi permis d’analyser les causes des problèmes posés et surtout d’entrevoir les nouveaux défis auxquels notre système de santé sera confronté au cours des dix prochaines années pour savoir quelle médecine nous voulons et nous pourrons mettre à la disposition des Marocains

 

Les grands défis à relever

 

C’est une question qui demande une réponse claire, mais d’ores et déjà, nous pouvons dire que nous avons, dès à présent et pour les cinq années qui viennent (2010-2016), cinq défis majeurs en matière de santé à surmonter :

Le vieillissement de la population qui se fait sentir et qui demandera des besoins nouveaux en matière de prise en charge des personnes âgées, nos hôpitaux doivent se préparer pour assurer ces prises en charges lourdes, longues qui demanderont des moyens humains qui font défaut.

l’émergence de nouvelles maladies, avec le SRARS, la grippe aviaire, la grippe porcine (H1N1), le SIDA, les cancers, les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’insuffisance rénale, l’obésité, la pollution, le stress ……… Nous serons confrontés à des maladies nouvelles qui demanderont des moyens financiers, une organisation adaptée, des équipements nouveaux, des médicaments, une technologie sans cesse renouvelée, une meilleure répartition des potentialités existantes, la persistance et l’aggravation des inégalités entre régions en ce qui concerne l’affectation harmonieuse et équitable des ressources humaines et matériels

la pénurie de la démographie médicale

Nous manquons de personnel médical (chirurgien, cardiologue, néphrologue, gériatre, psychiatre..), le peu qui existe est très mal réparti, certains connaissent une pléthore de spécialistes, d’autres un manque, et ailleurs, il y a un désert médical. Concernant le personnel infirmier, le constat est alarmant, très préoccupant. Nous manquons terriblement de personnel infirmier et dans les quelques années à venir, c’est-à-dire qu’à partir de 2010, il va y avoir un départ énorme d’infirmiers en retraite, nos hôpitaux, nos dispensaires et nos centre de santé se videront de compétences avérées en soins infirmier. Qu’avons- nous prévu ? Que comptons-nous entreprendre pour pallier au plus pressé ? Il serait lourd de conséquences de vouloir prétendre aujourd’hui que le problème sera réglé grâce au recrutement de quelques centaines d’infirmiers.

les quatre CHU manquent terriblement d’infirmiers, qu’en sera-t-il des autres qui ne sont pas encore opérationnels ? La situation est sérieuse, il serait temps d’analyser chaque problème posé et d’entrevoir les nouveaux défis auxquels notre système de santé sera confronté au cours des années à venir.

Nous estimons qu’il faut engager une politique très ambitieuse de formation : augmenter les quotas dans les écoles d’infirmières et prendre des mesures pour rendre ces carrières plus attractives. Concrètement, cela signifie augmenter les salaires, améliorer les conditions de vie et de travail. Donner à ces professions une reconnaissance professionnelle que pour l’instant elles n’ont pas. Permettre aux lauréats des écoles privées après examens d’accéder aux postes d’infirmiers, d’auxiliaires. Ces écoles forment chaque année des centaines de jeunes infirmiers et infirmières, des sages-femmes , des kinésithérapeutes et autres profils, une main d’œuvre qualifiée qui coûtera zéro DH pour sa formation au ministère de la santé.

 

Le financement de la santé

 

C’est le problème dans le problème, nul doute que notre santé souffre d’un obstacle financier, le budget alloué à la santé est dérisoire, insignifiant, c’est le budget du sous développement sanitaire, la gratuité des soins pour corriger les inégalités sociales flagrantes entre riches et pauvres complique plus les données car les hôpitaux doivent faire face à une clientèle insolvable dans 80% des cas, au moment ou les coûts de productions des soins ne cessent de croître. Le RAMED tarde a voir le jour , il s’agit d’activer sa mise en œuvre, ce qui contribuera à ne pas en douter à améliorer sensiblement les recettes des hôpitaux puisque le RAMED c’est prés de 2 milliards de DH .

L’AMO sensée renflouer les caisses des hôpitaux ne rapporte pas grand-chose à ces derniers, du moins pour le moment, la majorité des assurés préfèrent s’adresser aux cliniques privées, il s’agit là de chercher ce qui ne fonctionne pas bien afin de procéder aux correctifs Il faut aussi permettre aux autres professions de pouvoir bénéficier de l’AMO ….

Ces défis ne pourront être abordés et surmontés que si nous proposons la mise en œuvre d’une politique de Santé Durable, d’un programme National de santé qui ne se contente plus de vouloir colmater les brèches mais qui propose une mutation au long cours.

Dans les dix années à venir, notre système de soins devra connaître une profonde mutation. Faire face à l’émergence de nouveaux risques sanitaires (épidémie, chronicité des maladies, problèmes de santé publique etc.), bénéficier pleinement des progrès scientifiques et techniques de l’exercice médical implique une nouvelle organisation des soins si l’on veut garantir les principes de qualité et d’égalité d’accès aux soins.

 

Absence d’un réel programme national de santé

 

Le constat est désormais connu : La mauvaise organisation de l’offre et de la demande de soins conduit à un gâchis humain et financier et, trop souvent, à une perte de chances pour les patients.

Mais ce déclin n’est en rien fatal. Notre pays bénéficie d’un haut niveau scientifique et médical, de professionnels de santé de qualité et de moyens qui lui permettent de surmonter les difficultés. Mais faut-il encore avoir la volonté politique d’engager les réformes en ayant soin d’y associer tous les acteurs !

La mutation qu’il nous faut conduire est globale. La première condition de sa réussite est de mettre le patient au cœur du système de soins en assurant leur continuité et leur coordination.

Aujourd’hui, le patient est trop souvent laissé à lui-même, désorienté face à une offre de soins segmentée dont il a peine à connaître l’usage et la qualité. Il faut proposer pour chacun de nos concitoyens un parcours de santé et lui offrir, aux différents âges de la vie et selon ses besoins, une offre de soins adaptée, qui soit en mesure de coordonner les différents intervenants. Il faut proposer une médecine plus préventive.

Le processus que nous devons mener pour établir la médecine de demain ne consiste nullement en une simple réforme comme toutes celles auxquelles nous avons assisté, mais dont les résultats sur le terrain sont mitigés. C’est à une profonde mutation que nous devons nous atteler. L’ampleur des changements à conduire, la diversité de leurs champs d’application et la multiplicité des acteurs en place aussi bien au niveau des structures de S.S. B qu’au niveau des hôpitaux (médecins, infirmiers, administratifs…) devrait nous dicter la méthode à suivre. Il ne peut s’agir d’une action précipitée, ni de décisions unilatérales et verticales qui s’appliqueraient du haut vers le bas de notre système.

Il s’agit de construire un «plan national santé durable» établi à l’horizon de dix ans, régulièrement évalué et réajusté en fonction des évolutions, mais qui ne pourra en aucun être remis en question par un quelconque ministre.

Ce plan sera défini avec le concours des experts et des autorités sanitaires compétentes (Conseil national de l’ordre des médecins, Société Marocaine des Sciences Médicales, Syndicats des médecins, Facultés de médecine…) Ce plan ou ce programme national de santé devra obligatoirement être présenté et approuvé par le Parlement. Il veillera à décrire les nouveaux schémas d’organisation des soins, à fixer les objectifs de qualité et d’accessibilité aux soins, à décrire les réformes à mettre en œuvre, à décrire les moyens financiers nécessaires et à prévoir les méthodes d’évaluation.

Ce plan, une fois entériné, servira de code de conduite pour l’ensemble des intervenants publics, Etat et collectivités locales, et constituera un document de référence pour tous les acteurs concernés.

Il est évident que nous n’avons fait qu’effleurer les différentiels problèmes. Nous aurions aimés détaller les déséquilibres entre offre et demande de soins, la démotivation des personnels de santé et son impacte directe sur la qualité des soins, le gaspillage des moyens, le secteur privé et son apport dans le système de santé, la place de la prévention, la pénurie en information médicale, l’accueil, l’humanisation des hôpitaux ……La liste est très longue et toutes les pages de ce journal ne pourront pas suffire pour noter tous ces problèmes.

Ce sont là quelques éléments de réflexion que nous soumettons au débat, nous souhaitons et nous espérons que notre appel sera entendu pour le plus grand bien de nos concitoyens et de notre pays.

N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques, suggestions et critiques

 

 

 

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