Syrie : La prise du pouvoir par les islamistes inquiète les minorités confessionnelles

Attendons pour voir…

Ancien carrefour des civilisations mésopotamienne, grecque, romaine, byzantine, omeyyade, mamelouke et ottomane, avant son occupation par la France, la Syrie, où se sont épanouies les trois grandes religions monothéistes, est une véritable mosaïque multiethnique et multiconfessionnelle comprenant des arabes sunnites, des kurdes, des alaouites, des chrétiens, des druzes, des chiites ismaéliens et diverses autres minorités confessionnelles qui furent, tour à tour, persécutées, au fil du temps.

Issus de l’organisation paramilitaire islamiste «Hay’at Tahrir al-Cham» qui, bien qu’ayant officiellement rompu avec le «jihadisme» est toujours classée comme « mouvement terroriste » par les Etats-Unis et plusieurs capitales occidentales, les nouveaux maîtres de la Syrie, désormais, morcelée et au sein de laquelle les différentes minorités confessionnelles craignent de nouvelles persécutions, se sont trouvés contraints de rassurer aussi bien la communauté internationale que leurs compatriotes quant aux défis politiques, sociaux et sécuritaires qui guettent le pays.

Aussi, dans l’interview qu’il a accordée, ce mercredi, au journal italien « Corriere della serra », le chef du gouvernement de transition, Mohammad al-Bachir, s’est voulu rassurant, en déclarant que les nouveaux dirigeants du pays entendent instaurer « un Etat de droit » et, par voie de conséquence, garantir «les droits de tous et de toutes les confessions en Syrie».

Il a, également, saisi cette occasion pour demander à ses 6 millions de compatriotes – soit un quart de la population totale – qui avaient fui la Syrie, à partir de 2011, lorsque la répression des manifestations pro-démocratie avait donné lieu à cette guerre civile dévastatrice qui a fait plus d’un demi-million de morts, de retourner au pays pour le «reconstruire».

Interrogé par l’AFP, le porte-parole du gouvernement transitoire, Obaïda Arnaout, a tenu à préciser, de son côté, qu’après plus d’un demi-siècle du pouvoir sans partage du clan al-Assad et du parti Baas, qui en fut le pilier et qui, dès la chute de Bachar al-Assad,  a annoncé la suspension de ses activités, les nouvelles autorités syriennes prévoient de « geler la Constitution et le Parlement » et de mettre en place « un comité juridique et des droits humains» qui sera chargé d’«examiner» le texte constitutionnel et d’y apporter les « amendements» nécessaires.

Mais bien que depuis que l’offensive qui a conduit à la chute du régime d’al-Assad, a atteint son paroxysme, le 27 novembre dernier, ce sont plus d’un million de personnes – en majorité des femmes et des enfants, selon un communiqué du bureau des Affaires humanitaires de l’ONU- qui ont quitté leurs maisons,  et que jeudi dernier, près de 200 personnes, désireuses de retourner en Syrie, étaient massés au niveau du poste-frontière turc de Cilvegözü situé à 55 kilomètres d’Alep, il n’est pas dit qu’en retournant à leurs domiciles, elles vont y trouver la paix du moment que l’armée israélienne a mené, ces derniers jours, des centaines de frappes contre des sites militaires stratégiques en Syrie, au motif qu’elle ne veut pas que les équipements de l’ancienne armée syrienne tombent entre de « mauvaises mains » et qu’en considérant que c’est «la voie à suivre», le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères Antony Blinken lui a donné raison.

Tous ces indicateurs sont la preuve que la chute du régime d’al-Assad n’est pas une affaire purement syro-syrienne et qu’avec l’appui du protecteur américain, l’Etat sioniste veut en profiter pour redessiner la carte du Proche-Orient conformément à son rêve d’Eretz Israël mais attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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