Taktouka Jabalia…  quand la musique murmure la beauté

En grimpant les montagnes du nord-ouest du Maroc, c’est l’art de la Taktouka Jabalia qui invite l’oreille à un voyage musical savoureux dans les cimes de la parole poétique pure.

En effet, la taktouka Jabalia est un genre musical traditionnel ancien qui remonte à des siècles, qu’on pourrait également nommer Aïta Jabalia et qui est chanté par les grands maîtres de cet art authentique.

Pendant des années, la Taktouka Jabalia est resté un art masculin avant que quelques voix de femmes ne s’y investissent.  Avant de commencer, ce sont des supplications de Dieu et du Prophète Mohammed et louanges aux saints qui sont présentées.  La plupart des chansons sont inspirées des textes et du patrimoine local jabli, notamment des tribus Béni Arouss, Béni Guerfet, Lanjra, Jbel Lhbib, et tant d’autres.

Les musiques chantées dans les moussems pendant la saison estivale, la période de récoltes et les fêtes de mariage rendent hommage aux traditions ancestrales. De grands maitres ont marqué la musique de la Taktouka Jabalia, en l’occurrence Ahmed Guerfti, une figure de proue ayant consacré plus de trente ans de carrière musicale à cet  art. Guerfti a entamé son parcours depuis l’enfance. A l’âge de 15 ans, il rejoint un groupe local dans sa tribu à Béni Guerfti.

Une autre icône de cet art, c’est Mohamed Laaroussi, un des derniers piliers de la Taktouka Jabalia qui a rendu l’âme en 2014 à l’âge de 80 ans. C’est en 1958 que cet artiste à la voix originale a enregistré sa première chanson à la radio nationale.

D’autres voix comme celle du chanteur et compositeur Abdelmalek Al Andaloussi ont contribué à l’enrichissement de cet art. Via les paroles et les instruments de cette musique, en l’occurrence le guembri, le luth, la taârija… les artistes ont fait entendre la voix des régions enclavées du nord, vêtus de costumes et d’habits traditionnels spécifiques à la région.

Depuis des années, l’Association Ajrass à travers son festival «la Taktouka Jabalia et les arts apparentés» œuvre pour la préservation et la conservation de cet art oral.

«A travers ce festival, nous visons le dévoilement du patrimoine artistique Jabali, sa préservation et sa mise en valeur. Nous rendons également hommage aux Chioukhs de l’art Taktouka qui ont été oubliés depuis des années. Cette recherche que nous avons menée dès la création de ce festival, dans les racines artistiques et culturelles de cet art authentique vise à le documenter et le préserver de la menace de l’oubli», confie Abdelaziz Tabit Ben Slimane, président de l’Association Ajrass. Sachant que l’art Jabali est un art oral et chanté par ses Chioukhs, l’association, déclare t-il, s’est donné pour responsabilité de chercher, collecter et préserver la mémoire du patrimoine ancestral.

Mohamed Nait Youssef

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