Théâtre :  l’affirmation de soi à la quête de maturité…

Le théâtre amazigh n’a cessé de chercher, depuis les années 90, à se frayer une place sur les planches nationales. La journée mondiale du théàtre, célébrée le 27 mars dernier et dont les festivités se poursuivent dans l’ensemble des théâtres et salles de spectacle du Royaume, constitue un moment opportun pour revenir sur les débuts du théâtre amazigh, son état des lieux ainsi que son évolution.

«L’évolution du théâtre amazigh pourrait se diviser en trois étapes», nous indique Saïd Abarnous, dramaturge amazigh. «La première remonte aux années 90 quand les artistes travaillaient dans le théâtre amazigh et voulaient également confirmer la présence de l’amazighité dans les différentes composantes du paysage artistique national, entre autres le roman, la nouvelle, les arts plastiques, le théâtre et d’autres disciplines artistiques », confie le dramaturge. Et d’ajouter qu’«en cette période, il y avait uniquement cette envie et cet enthousiasme de monter une pièce en amazigh».

«Par la suite, plusieurs dramaturges qui travaillaient dans le théâtre en darija, en arabe sont revenus exercer dans le théâtre amazigh pour lui donner de la force et le renouveler. Dans ce cadre, je songe à l’expérience de Karim Cherkaoui à Khmissate, de Rachid Abidar Khoumiss dans la région de Souss et à l’expérience pionnière de Chaib Lmassoud dans le rif, notamment dans la ville d’Al Hoceima», souligne t-il.

Ainsi, ce sont ceux qui travaillent dans le théâtre mais dans d’autres langues, notamment l’arabe, le français, l’hollandais qui ont enrichi le théâtre amazigh. «En ces dernières années,  le théâtre amazigh a confirmé sa présence avec des productions professionnelles qui pourraient rentrer en concurrence avec les autres théâtres. Depuis 2010, le théâtre amazigh entre en lice dans des festivals pour décrocher également des prix. A titre d’exemple, au cours de la dernière édition du festival national du théâtre qui a eu lieu à Tétouan, la pièce  amazighe «Tringa» a créée la surprise», explique t-il.

Certes, le théâtre amazigh a pu se construire une identité et une vision propres, mais un long chemin reste encore à  parcourir. «Aujourd’hui, on a pu élaborer une vision d’un théâtre qui pourra jouer son rôle pleinement dans le paysage artistique marocain. Par ailleurs, l’absence d’un festival national du théâtre amazigh,  l’enseignement du théâtre dans les instituts et les universités marocains, ainsi que la création d’une troupe théâtrale nationale amazighe figurent parmi les obstacles qui entravent son développement», nous confie Ahmed Zahid, chercheur et dramaturge amazigh.

Mohamed Nait Youssef

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