Togo: Faure Gnassingbé rempile pour un quatrième mandat…

«Je ne me sens pas l’âme d’un dictateur (…) Quand j’ai succédé à mon père, les conditions dans lesquelles çà s’est fait, c’est sûr que c’est un peu comme le péché originel parce que c’est l’armée qui a pris cette décision (…) Entre-temps, je me suis retiré et nous avons organisé des élections».

Tels furent, les propos tenus la semaine dernière par le président du Togo Faure Gnassingbé dans un entretien accordé au quotidien «Le Monde» et à l’AFP en marge du scrutin présidentiel de samedi à l’issue duquel il a recueilli 72,4% des suffrages dès le premier tour ; un score qu’il n’avait jamais atteint depuis qu’il a succédé en 2005 à son père Gnassingbé Eyadema mais un résultat attendu.

Faure Gnassingbé va donc rempiler pour cinq nouvelles années même si l’opposition a, encore une fois, dénoncé des bourrages d’urnes, des manipulations électorales et des inversions de résultats dans des dizaines de bureaux de vote. Contestant «les résultats proclamés par la CENI», alors que, de son côté, David Dosseh, le porte-parole du «Front citoyen Togo Debout» n’entend point «baisser les bras» et menace même d’utiliser « l’option de la rue».

Mais en ne recueillant que 18,3% des suffrages, son rival, l’opposant Agboyémé Kodjo, a dénoncé des «irrégularités» et en est même arrivé à se présenter comme étant «le président démocratiquement élu».

Ainsi, en dépit des accusations répétées de fraude électorale, Faure Gnassingbé, l’actuel président du Togo et digne successeur de son père Gnassingbé Eyadema, avait recueilli 60% des suffrages en 2005 à l’issue d’une élection qui s’était déroulée dans un climat de grande violence pendant lequel, selon les rapports de l’ONU, entre 400 et 500 personnes périrent des suites de la répression généralisée qui s’était abattu sur les contestataires avait été reconduit, en 2010, pour un second mandat présidentiel avec un score de 61% alors qu’en 2015, pour son troisième mandat, 59% des électeurs togolais lui avaient accordé leur confiance et permis d’effectuer son troisième mandat.

Régnant sans partage sur le Togo depuis quinze ans alors que sa famille y monopolise le pouvoir depuis cinquante-trois ans, l’imperturbable, Faure Gnassingbé continue donc de tracer sa route avec une grande sérénité même si, face à lui, ses rivaux politiques ne cessent de crier à la «mascarade», de dénoncer le fait que «le régime contrôle à la fois la Cour Constitutionnelle et la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI)», que l’Union Européenne n’a pas été invitée à dépêcher des observateurs à l’occasion de se scrutin présidentiel et, enfin, que la demande qui permettrait à l’opposition de comparer les scores affichés par les 9389 bureaux de vote avec ceux compilés par les autorités a été refusée.

Ces dénonciations de l’opposition seront-elles suivies d’effet, cette fois-ci, ou ne seraient-elles encore une fois qu’un coup d’épée dans l’eau ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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