Un secteur mal défendu par les représentations interprofessionnelles !

Agriculture, sécheresse, cherté des intrants et subventions…

Fairouz EL Mouden

Le secteur agricole pâtît de plusieurs maux à la fois structurels et conjoncturels. De nombreux facteurs handicapent l’activité agricole au Maroc, à commencer par les conditions climatiques défavorables avec un cycle de sécheresse assez récurrents, une politique agricole qui n’arrive pas toujours à mettre le secteur sur les bons rails et une représentation professionnelle quasi inactive.  Le secteur agricole reste l’un des secteurs les plus stressés de l’économie nationale avec des rendements faibles et un déficit hydrique de plus en plus inquiétant.

La campagne agricole bascule dans une situation de déficit et de contre performance. Après un mois de décembre très pluvieux (+120 mm) qui a permis de terminer les semis des céréales, des fourrages et des légumes  et favorisé l’alimentation des barrages, les quantités reçues en janvier restent très faibles. Certes, le froid est un avantage qui ralentit la croissance des plantes et permet de conserver l’humidité du sol. Néanmoins, le constat renvoie à une situation où les cultures sont stressées et l’opération de désherbages et de traitement des mauvaises herbes est arrêtée à cause des prix excessifs des pesticides et des traitements azotés. Les prix des engrais ont fortement augmenté, souligne,  Abbés Tanji, chercheur agronome, qui explique cette variation à la hausse par le fait que les engrais azotés qui sont totalement  importés ont subi la hausse du coût de l’énergie et du transport, soit 750 dirhams le quintal contre 300 ou 400 dirhams une année auparavant.   Ce sont des traitements nécessaires, rappelle Tanji, pour booster la croissance des céréales.  En fait, la campagne agricole est pénalisée par une série de contraintes majeurs, à savoir la sécheresse qui dévient cyclique, aggravée par les coûts élevés des intrants et semences certifiés malgré leurs disponibilités sur le marché. Les agriculteurs sont dépourvus de revenus et de moyens pour s’approvisionner et utiliser suffisamment d’intrants (semences, engrais, pesticides, gasoil) non seulement pour les cultures d’automne mais aussi pour les cultures du printemps. D’ailleurs, il faut dire que même s’il y’aura de la pluie, les agriculteurs n’arrivent pas à acheter les intrants à cause de leurs coûts. C’est devenu quasiment une contraintes structurelle qui rend aujourd’hui difficile le métier d’agriculteur d’où les rendements faibles.

La situation du côté des éleveurs est aussi alarmante. Les parcours sont nues avec  l’absence des fourrages et des végétations dues par l’absence de pluies précoces (septembre-novembre) et le froid  qui sévit actuellement combinés à la cherté des aliments et aliments composés de bétail ont poussé les éleveurs à abandonner  leurs activités ou à réduire l’effectif de leur cheptel.

Une situation qui s’est traduite par une baisse de la production et la pénurie du lait, et donc la révision à la hausse de son prix. Elle a également entrainée une nette hausse des prix de la viande toute catégorie confondue. Le kilo de la  viande de bœuf est  vite passé de 60 ou 70 dirhams le kilo à plus de 100 dirhams le kilo voire plus.

L’on s’interroge sur l’avenir du monde rural et des 40% de la population d’agriculteurs qui le compose? L’on s’interroge aussi et surtout sur le rôle des représentations interprofessionnelles qui brillent par le manque d’initiative et de mobilisation pour défendre les intérêts des agriculteurs. Les chiffres parlent de quelques 1,6 millions d’agriculteurs au Maroc qui sont aujourd’hui mal représentés par la profession … le département de tutelle jouit de cette attitude passive pour faire la pluie et le beau temps d’un secteur avide et en plein détresse…    

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