Golf
Tiger Woods conservera-t-il son titre? La révolution Bryson DeChambeau se confirmera-t-elle? Rory McIlroy revêtira-t-il enfin la veste verte? Le Masters d’Augusta 2020, qui débute jeudi à huis clos, constituera l’épilogue d’une saison grandement bouleversée par le Covid-19.
Habituellement, le plus traditionnel des quatre tournois du Grand Chelem, avec ses arbres de plus de 160 ans et ses trous portant le nom de plantes ou d’arbustes est le premier du calendrier, en avril. C’est donc avec sept mois de retard qu’il se disputera, dans le même silence qui accompagne les joueurs sur le circuit PGA depuis sa reprise en juin.
«Ce sera une semaine qu’on ne vivra probablement qu’une fois dans une vie. Je ne sais pas à quoi m’attendre», a confié le vétéran Phil Mickelson, triple vainqueur du Masters.
Pas de quoi altérer l’enthousiasme de Bryson DeChambeau, dont la démonstration de force à l’US Open appelle confirmation et qui compte bien encore user de sa toute puissance.
«Je me sens mieux chaque jour. Je frappe plus fort qu’à l’US Open et j’essaie cette semaine un driver qui pourrait m’aider à envoyer la balle encore un peu plus loin», a prévenu le 6e mondial, âgé de 27 ans.
DeChambeau, dont le régime surprotéiné durant l’interruption de la saison au printemps visait à lui permettre de gagner en muscles, en a récolté les fruits en septembre à l’US Open, son premier sacre Majeur. Ses coups ont atterri bien plus loin que ceux des autres, certes souvent dans le rough (herbes hautes), mais il a parfaitement su s’en dépêtrer, parvenant in fine à très bien putter.
A Augusta, où il n’a jamais fini parmi les 20 premiers en trois participations, cette dernière condition devra être respectée. «Je peux frapper aussi loin que je veux, il faudra ensuite bien putter parce que c’est ça qui compte à la fin», a concédé celui qui a tout de même l’impression d’avoir «emprunté une voie» lui «ayant permis d’avoir un avantage sur tout le monde».
Le numéro 1 mondial Dustin Johnson, de retour après avoir contracté le Covid-19, et le Nord-Irlandais Rory McIlroy font partie de ceux qui observent attentivement le swing de DeChambeau, lequel est persuadé qu’«ils en constatent les bienfaits».
«Bryson, Rory, Dustin et ceux qui peuvent frapper fort auront un avantage en atteignant ces distances. Mais il pourrait y avoir du vent et faire assez froid, le temps sera plus imprévisible. On peut avoir une surprise», a rappelé Mickelson.
Pas de quoi intimider McIlroy: «J’ai l’impression d’avoir joué à Augusta dans la plupart des conditions, par 4 degrés, par 25, 30, par des températures modérées… Donc suffisamment de fois pour savoir à quoi m’attendre».
L’ancien N.1 mondial, sacré dans les trois autres Majeurs, vise le seul qui manque à son palmarès, pour intégrer ce club fermé dans lequel se trouvent Jack Nicklaus, Gary Player, Gene Sarazen, Ben Hogan et… Tiger Woods.
Le «Tigre», qui tentera d’égaler le record de six sacres de Nicklaus à Augusta, a aussi ses repères sur ce parcours où il a réussi un fantastique comeback il y a 19 mois, en décrochant son 15e Grand Chelem, onze ans après le précédent et après plusieurs opérations du dos.
«Je suis en terrain connu, le parcours sera peut-être juste un peu plus mou, donc un peu plus long», a fait observer la star, loin de son meilleur niveau en cette année pas comme les autres. «Je n’ai pas beaucoup joué. Six tournois. Je n’ai pas pu rassembler toutes les pièces. J’espère le faire cette semaine».
La seule évolution que Woods constate aux Masters, avec satisfaction, c’est le déclin d’un environnement où le racisme a longtemps prévalu, notant l’admission de Noirs mais aussi de femmes parmi ses membres. Et ce avant la mort de George Floyd à l’origine du mouvement Black Lives Matter.
«Augusta est comme n’importe quelle autre partie du monde. Ca a changé. Nous avons des membres issus des minorités maintenant. C’est plus diversifié. Comme tout, ça évolue et j’en suis sûr, ça va continuer», a-t-il conclu.