Une célébration de la créativité littéraire féminine

Journée de l’écrivaine maghrébine

Par Sofia El Aouni (MAP)

Célébrant la créativité intellectuelle féminine, la Journée de l’écrivaine maghrébine est l’occasion de mettre en lumière le rôle des écrivaines de la région du Maghreb dans l’émancipation au sein d’une société moderne.

Un rapport engagé a toujours lié ces femmes de lettres au livre, avec de fascinantes œuvres retraçant leur vie, avant-gardiste de l’évolution des mœurs, dans des sociétés aux coutumes exigeantes, même si elles sont parfois éclipsées par leurs confrères, dans la scène littéraire.

Sur la célébration de l’écrivaine maghrébine, l’auteure Souad Jamaï affirme, dans une déclaration à la MAP, que “cette journée n’a de sens que si elle s’accompagne de débats et de mise en lumière des écrits”.  Mme Jamaï, cardiologue de profession, relève que l’écriture des femmes maghrébines a souvent été associée à l’émancipation et à la quête d’un chemin permettant de surmonter certains obstacles culturels.

“Il serait injuste de réduire leur œuvres uniquement à cela, il faut souligner les valeurs esthétiques et littéraires de leurs écrits, ne pas se limiter à mettre en exergue leur engagement”, a-t-elle ajouté. Selon elle, les écrivaines pionnières, “comme Fatima Mernissi et Assia Djebar, ont tenté de s’évader des frontières invisibles infligées dès leur plus jeune âge. Elles ont démontré que la femme peut exister en dehors des limites patriarcales”.

Abordant l’écriture par le registre de l’humour et de la dérision illustré par son ouvrage “Un toubib dans la ville”, (ed. Afrique Orient) et “Le serment du dernier Messager”, (ed. La Croisée des chemins), Souad Jamaï confie qu’elle s’est penchée sur l’illusion de l’ascenseur sociale par les études.  Mme Jamaï estime qu’écrire c’est d’abord transmettre par l’émotion, qui peut être le rire, la dérision, l’intrigue ou le suspens. “Un message qui passe par l’émotion laisse forcément des traces”, a-t-elle noté.

Considérant la reconnaissance des succès féminins dans des domaines masculins, elle confie que la question du genre n’a jamais été un frein à l’émancipation.  “En tant que femme médecin, je n’ai jamais constaté de différence de reconnaissance de la part des patients par rapport à mes confrères masculins et de la même façon, en tant qu’écrivaine, la question du genre ne m’a jamais interpellée”.  L’évolution peut paraître longue mais elle est en cours et se fera de la même manière que s’est féminisée la profession médicale ou d’autres professions, a-elle poursuivi, signalant par la même occasion que le registre littéraire est en train de s’élargir et de se diversifier.  “Les femmes s’engagent dans des domaines d’écriture jusque-là attribués aux hommes, il suffit de voir les auteures qui se lancent dans la science-fiction ou la bande dessinée”, a-t-elle insisté.

Évoquant la place de la culture en général et de la lecture en particulier, Mme Jamaï souligne la nécessité de présenter la lecture aux jeunes comme un outil d’exploration, d’émancipation, de tolérance et d’ouverture sur le monde, en leur laissant la liberté d’aborder la lecture à travers tous ses genres, notamment la bande dessinée et la poésie.

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