17 mai, journée mondiale des télécoms et de la société de l’information

Réduire l’écart en matière de normalisation

Par Abdelouahed Jraifi

Le 17 Mai 2019 coïncide avec  le 154ème anniversaire de l’Union international des télécommunications (UIT) et qui aura pour thème : Réduire l’écart en matière de normalisation. Pour rappel, l’UIT se compose de 193 pays membres et de plusieurs organismes du secteur privé et des établissements de l’enseignement supérieur. Il est organisé en trois secteurs principaux: UIT-R (pour la radiocommunication), l’UIT-T (pour la normalisation) et l’UIT-D (pour le développement). La réflexion sur le rôle de la normalisation dans le secteur des télécoms et de la société de l’information constitue un élément clé dans le processus de développement durable des nations unies.

Dans le secteur de normalisation, et selon le rapport de l’Union Africaine des Télécommunications (UAT) en novembre 2017, l’Afrique accuse beaucoup de retard et les questions évoquées par l’UAT et qui ont fait l’objet de plusieurs débats s’articulent autour des thématiques dominantes.Mise à part des contributions que l’on peut défendre à ce niveau, l’Afrique ne saurait rester en dehors du débat sur la normalisation. Sans laquelle, il est trop difficile d’imaginer dans quel sens et en quel domaine le progrès technologique sera le plus important et la normalisation internationale est à la base de la communication et de l’interconnexion entre les différentes entités.Avec l’omnipotence des technologies modernes au sein de notre société en général et de l’intelligence artificielle et de la robotique en particulier, le danger des armes autonomes (robots tueurs) va s’accentuer surtout en l’absence de normes internationales pour conjurer la menace d’une guerre.

La mise en place des réseaux de télécommunication filaires (FTTH, RNIS) ou non filaires (2G, 3G, 4G et la 5G) est une tâche difficile et complexe puisque chaque technologie est caractérisée par ses spécifications techniques et le point commun qui vise l’unification de ces technologies c’est la normalisation internationale. L’UIT à travers son secteur UIT-T publie annuellement plusieurs normes qui sont élaborées par des experts et des spécialistes membres de l’UIT. L’objectif ultime de l’UIT-T, selon l’UIT, consiste à élaborer des normes sans favoriser des intérêts commerciaux particuliers et que les normes établies recueillent le soutien, obtenu par consensus, des différentes parties prenantes qui composent l’UIT.

La commémoration de la journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information pourrait être une occasion pour nos décideurs d’examiner et d’analyser les dysfonctionnements, d’élaborer et de conforter les stratégies mises en place. Personnellement, je me suis constamment référé à l’importance de la dimension du capital Humain dans la maîtrise et le développement du secteur TIC en général et des télécoms en particulier. Dans ce cadre, il est important de rappeler le discours de Sa Majesté, qui s’est adressé au gouvernement, lors du symposium sur la société globale de l’information et du savoir en 2001dont voici un extrait: « …l’émergence de la société du savoir et de la communication, nous impose un devoir de mise à niveau, permettant de doter notre pays de la capacité de maîtriser les nouvelles technologies de cette société, et d’exploiter de façon optimale, les vastes possibilités qu’elles nous offrent ».

Le challenge aujourd’hui, c’est la maîtrise de la technologie afin d’éviter l’appartenance de notre pays parmi la catégorie des pays suiveurs (classement McKinsey). Cette maîtrise technique, à mon avis, est nécessaire pour notre continent afin de contribuer dans la normalisation internationale sans hétéronomie. D’ailleurs l’un des défis auquel notre continent est confronté est celui de la qualité de son capital Humain. Je crois que les avancées actuelles posent plusieurs questions intéressantes dans divers domaines: Juridique, philosophique, économique et technique et c’est pourquoi Il conviendrait d’impliquer largement les experts et les scientifiques et de considérer la normalisation comme un projet continu et permanent.

De par la position et l’expérience du Maroc capitalisée dans le secteur des technologies de l’information et de communication, notre pays est en mesure de devenir un hub pour le continent africain, mais il faut s’en donner les moyens nécessaires.

A l’occasion de la journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information, les rêves sont permis. Toutefois l’idée de cet article peut sembler utopique mais je suis convaincu qu’elle constitue le passage obligé pour un leadership africain en télécommunications et en sciences de l’information.

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