Par Safaa Bennour (MAP)
Difficile de retracer les faits économiques de 2020, sans se remémorer le sens inébranlable de solidarité et de soutien, économique et social, dont a fait montre le Maroc, toutes composantes confondues. Objectif: tenter de sauver des pans économiques à l’agonie et épauler une population dont la crise sanitaire aurait rudement fragilisé.
Outre les dispositifs instaurés par les autorités pour endiguer la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), une kyrielle de mesures de soutien a prestement vu le jour, afin de venir en aide aux entreprises et ménages (secteur formel et informel), dont les activités ou les revenus ont été impactés par cette crise sanitaire inédite.
Une solidarité sans faille !
Tout a commencé par la création, sur Instructions de SM le Roi Mohammed VI, d’un Fonds spécial pour la gestion du Covid 19, dont le montant global collecté a atteint 33,7 milliards de dirhams (MMDH) à fin juillet 2020, grâce à un solide élan de solidarité et une dotation initiale de 10 MMDH. En effet, sur le plan social, plusieurs actions ont été menées dont l’octroi d’une indemnité mensuelle de 2.000 DH et le maintien des prestations relatives à l’AMO et aux allocations familiales au profit des affiliés à la CNSS en arrêt partiel ou total du travail.
Il s’agit également de l’initiation d’une grande opération de versement d’indemnités allant de 800 à 1.200 DH au profit des ménages affiliés et non affiliés au Ramed. Dans ce sillage, plus de 5,5 millions ménages ont été touchés, soit environ plus de 25 millions de citoyens, pour un montant global de 15 MMDH.
Il a été aussi procédé à la suspension du paiement des cotisations sociales pour les affiliés à la CNSS et la remise gracieuse des majorations de retard, l’exonération des droits de bail pour les locataires des locaux des Habous destinés au commerce, aux métiers, aux services et à l’habitation.
S’agissant du report d’échéances bancaires pour les ménages, près de 471.742 demandes de report ont été réalisées à fin septembre 2020, alors que pour le micro-crédit, 669.300 demandes ont été enregistrées à fin août 2020, selon de récentes statistiques de Bank Al-Maghrib (BAM).
Le soutien de l’entreprise, une priorité Plusieurs mesures ont été mises en oeuvre pour atténuer les effets dévastateurs de la crise sanitaire sur les entreprises, portant notamment sur le report des échéances du crédit bancaire et celles de leasing au profit des entreprises impactées par la crise.
Ainsi, un total de 32.248 demandes de report d’échéances bancaires au profit des entreprises a été réalisé à fin août dernier pour un montant de 6,6 MMDH, bénéficiant aux TPME à hauteur de 86% et aux grandes entreprises pour 14%. Il s’agit également de la mise en place de lignes de crédit additionnelles de fonctionnement aux entreprises bénéficiant de la garantie de la CCG « Damane Oxygène » à hauteur de 95% au taux directeur de BAM majoré de 200 points de base.
D’après la Banque centrale, Damane Oxygène a bénéficié à fin octobre 2020 à 41.142 entreprises. Le montant engagé s’est chiffré, quant à lui, à 16,5 MMDH, alors que le montant décaissé a avoisiné les 13,7 MMDH.
Pour la catégorie des auto entrepreneurs, il a été décidé d’octroyer un crédit à taux zéro couvrant l’équivalent de trois mois de chiffre d’affaires calculé sur la base de la dernière déclaration fiscale avec un plafond de 15.000 DH, les intérêts y afférents étant totalement pris en charge par le secteur des assurances.
Dans ce sillage, le produit Auto-entrepreneurs a bénéficié à 2.875 personnes avec un montant engagé de 33,7 millions de dirhams (MDH) et un montant décaissé de 31,2 MDH.
S’agissant des produits Damane Relance, TPE Relance et Damane Relance Hôtellerie, ils ont bénéficié à près de 25.103 entreprises avec un montant engagé de 30,3 MMDH et un montant décaissé de 13,5 MMDH à fin octobre dernier.
La loi de finances rectificative : un acte historique accompagnant la relance
Quatre mois après le déclenchement de la pandémie au Maroc, une loi de finances rectificative, a été sitôt élaborée et adoptée. Un pas qualifié d’historique et d’impératif par les experts en finances, puisque les hypothèses initiales du budget 2020 ont été chamboulées et que les priorités se doivent d’être reconfigurées conformément aux nouvelles exigences de la relance de notre économie.
C’est en ce sens, que cette loi de finances rectificative s’est fixée comme axes prioritaires l’accompagnement de la reprise progressive de l’économie, la préservation de l’emploi et l’accélération de la mise en oeuvre des réformes de l’administration.
Dans le cadre de nouveau dispositif, une mobilisation de 15 MMDH d’investissement au titre du budget général a été programmée, entre autres, pour favoriser la relance de l’activité économique.
De même, des mesures pour encourager le recours aux entreprises et aux produits locaux dans le cadre des appels d’offres publics ont été programmées. Pour encourager la substitution des importations par la production locale, des révisions à la hausse des droits d’importation ont été appliquées à certains produits finis.
Relance: des efforts tous azimuts
En voulant tourner la page et renouer, ne serait-ce que partiellement, avec la dynamique économique d’avant-Covid, de nombreuses décisions ont été prises et stratégies lancées.
Dans son Discours du Trône, le Souverain a demandé notamment l’initiation d’un plan de relance avec l’injection de 120 MMDH, la création d’un fonds d’investissement stratégique et une refonte du secteur public avec notamment la création d’une agence en charge de la gestion des participations de l’Etat.
Doté de la personnalité morale, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement a pour objectif de contribuer au financement de projets d’investissement d’envergure, de renforcer le capital des entreprises et de soutenir les activités productives et ce, en ligne avec les stratégies sectorielles et les politiques publiques.
Parallèlement, et dans un but de préserver les emplois, un pacte engageant aussi bien l’Etat que le secteur privé a été signé en août dernier. Ce Pacte qui comprend des mesures transverses tenant compte des spécificités de chaque secteur, promet de redynamiser la machine économique, tout en maintenant une grande partie des emplois, mais également d’œuvrer de manière à en créer d’autres.
Par ailleurs, pour stimuler un secteur, durement sinistré par la pandémie, un contrat programme 2020-2022 pour la relance du tourisme en phase post Covid a été signé et dans lequel l’Etat s’engage en particulier jusqu’au 31 décembre à octroyer une indemnité forfaitaire de 2000 dirhams aux salariés et stagiaires du secteur déclarés à la CNSS et à prolonger la suspension du paiement des charges sociales ainsi que le délai de remboursement des découverts obtenus dans le cadre de Daman Oxygène au 31 décembre 2021.
Le secteur privé s’engage, quant à lui, à préserver au moins 80% de l’emploi, renforcer l’offre touristique et faire bénéficier les travailleurs non déclarés de la couverture de la CNSS.
De même, un produit de garantie « Damane Relance hôtellerie » a été lancé et où la garantie de l’État varie entre 80% et 90% en fonction de la taille de l’entreprise. Pour compléter le puzzle, deux autres contrats programmes ont été signés en octobre avec les secteurs de l’évènementiel et des traiteurs, ainsi que celui des parcs d’attractions et de jeux.
En somme, l’année 2020 qui s’apprête à toucher à sa fin a connu la succession de décisions inédites et d’opérations audacieuses, dont l’ambition était de sauver notre économie des effets de la pandémie, qui, néanmoins, n’a pas encore livré tous ses secrets.
De surcroît, le Maroc a lancé durant l’année en cours des réformes de grande envergure dans des secteurs vitaux. La loi de finances 2021, adoptée récemment repose d’ailleurs sur l’accélération de la mise en œuvre du plan de relance de l’économie nationale, le lancement de la première phase de généralisation de la couverture sociale, ainsi que le renforcement des bases de l’exemplarité de l’Etat et l’optimisation de son fonctionnement.
De ce fait, l’année 2021 s’annonce charnière, avec pour perspectives majeures de continuer à atténuer l’impact de la crise de Covid, assurer une relance efficace et durable dans le temps, mais aussi et surtout de renforcer encore la résilience de notre économie contre tout éventuel choc, quelque soit sa nature.