Un voyage sans machine de temps

La danse sur les clous de Driss Korchi aux Éditions Orion

Le roman vient de paraître aux Éditions  Orion, en tome 1. C’est un voyage sans machine de temps. Lunes rouges est un sous-titre qui évoque la chanson de Marcel Khalifa : ‘’Mon cœur est une lune rouge/ Mon cœur est un jardin. Un voyage à vol d’oiseau comme si la veille est au demi-tour d’une ruelle de la médina de Fès. Un rêve-caméléon dont on ne sait s’il est doux et sucré ou fort piquant.

Un flash-back dans un lieu commun avec des personnages hors du commun. La danse est une volupté qui vise à décharger les miasmes du temps, cette chimère qui manipule et fait incliner selon ses grés les plus à mieux de lui tenir tête avec ténacité. Tout ce qui rampe sur terre est introduit de force dans ses méandres. Toutefois, l’homme a créé l’amour, cet endolori aux flèches aveugles et il se peut qu’il ne vise maladroitement le cœur d’un certain stylite, d’un certain al-Hallaj réincarné, un étudiant qui a misé toute sa vie afin de monter l’empyrée et rencontrer la divinité en faisant fi du mondain.

Alors que l’extase et l’effervescence galvanisent les têtes pendant que  des événements grouillent et mijotent sous les strates de la société et des clans se tiraillent puérilement.

L’année 90 était un portail sur lequel beaucoup de nous comptait dans un dessein d’entamer une carrière dans le futur, et à cause de ce tiraillement arrivé à l’aboutissement de son élasticité, un incident déplorable a éclaté et on ne s’est décillé les yeux qu’après que leurs danses se soient avérées des convulsions moribondes qui pourraient paraître de loin comme une jubilation épicée par une ébriété jouissive.

L’amour reste précipitamment un remède à tous les maux dès lors qu’il n’est qu’une hallucination passagère qui ne laisse derrière que des têtes enivrées et essoufflées, par des danses intérieures, et à la longue étourdies et déçues.

De surcroît, d’un passage à l’autre, on découvre lentement et sournoisement des rêves transformés en cauchemars et des danses métamorphosées en piétinements sur un sol rugueux et inhospitalier.

De la danse immodérée du derviche jusqu’à celles de personnages qui luttent avec acharnement afin d’actualiser leurs pulsions lorsque les conflits prennent d’autres allures. Qu’on tourne sept fois sur soi-même pour avoir accès à l’empyrée et risquer d’être lapidé par ses anges gardiens ou faire mouvoir son corps lascivement ou sur un rythme révolté ou encore se convulsionner de douleur, l’important est que l’homme a ceci de mystérieux de transformer même temporairement un temps de confusion en un temps d’hilarité en bravant le désespoir et l’injustice.

Le roman est aussi bien un voyage diachronique que synchronique, un va-et-vient inlassable afin d’appréhender et de pénétrer les arcanes des faits tout en remettant en question la condition humaine et en vitupérant la mollesse de ceux qui ne se préoccupaient que de leurs prestiges en ayant légué à cette génération un goût d’une acrimonie lamentable dans un monde généré par les intérêts personnels plus que par ceux de la communauté.

L’amour échoue là où les ventes aux enchères prédominent et seules des personnes avisées pourraient ne pas glisser dans le remous torrentiel dont les conséquences néfastes ne peuvent être évacuées par de simples émonctoires. Les échecs ont beau se succéder et les amours, dans leurs multiples facettes : charnelle, vénale, utopique ou autre…, ont beau changer de couleur, la vie continue par la danse et l’amour.

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