Industries chimiques
Par Safaa Bennour – MAP
Diverses et omniprésentes, les industries chimiques et parachimiques occupent, de plus en plus, une place de choix dans l’économie marocaine. Si le dernier chiffre d’affaires réalisé par le secteur dépassait les 90 milliards de dirhams (MMDH) avec plus de 80% de production industrielle, le secteur n’est, néanmoins, pas sans contraintes.
Fort de la présence prépondérante de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), leader dans la chimie des phosphates, le secteur s’accapare, en effet, 12,5% des entreprises du secteur industriel et remplit 4,6% de la part de l’emploi dans l’industrie (données 2019).
La crise covidienne, elle, n’a pas épargné le secteur, mais face à laquelle, disons le, une bonne partie des entreprises opérant dans l’industrie chimique et parachimique a fait preuve d’une bonne résilience. Sauf que le secteur demeure confronté à plusieurs défis, dont la réglementation, l’informel ou encore le manque de normes obligatoires.
« C’est un secteur en développement constant malgré les contraintes réglementaires auxquelles il se trouve souvent confronté », indique Abed Chagar, Président de la Fédération de la chimie et de la parachimie (FCP), notant que le secteur de la chimie et de la parachimie compte plusieurs filières dont la peinture, les colorants et pigments, la pharma, la cosmétique, les engrais, les détergents, le phytosanitaire, le gaz industriel et médical, le verre et cristal, etc.
Dans une interview à la MAP, M. Chagar a assuré que l’investissement cumulé réalisé en 2018 était autour de 6,6 MMDH, ce qui a permis au Maroc d’être de plus en plus indépendant vis-à-vis des importations dans toutes les filières du secteur, ajoutant que les opportunités d’investissement existent et le potentiel de développement de toutes les filières est « énorme ».
Hors OCP, le chiffre d’affaires total a avoisiné en 2018 les 50 MMDH, réalisé par plusieurs filiales de multinationales, de grands groupes marocains ainsi que des centaines de PME et PMI, a-t-il fait savoir.
S’agissant de l’impact de la pandémie sur le secteur, toujours est-il que la majorité des entreprises ont montré une bonne résilience face à la crise et ont pu finir l’année 2020 avec de légères baisses voire des hausses selon les filières, relève le président de la FCP.
Phénomène qui s’est poursuivi en début 2021, assure notre interlocuteur, avant de souligner que la hausse généralisée du fret, des prix de matières premières et la pénurie dans certains cas est venu « compromettre cette reprise » tant sur le chiffre d’affaires que sur les marges.
Au-delà de la crise sanitaire et ses répercussions sur les entreprises du secteur, celles-ci restent malheureusement confrontées à trois contraintes majeures. La première, énumère-t-il, est la réglementation. « Nos activités sont souvent régies par une réglementation peu souple, voire caduque », déplore-t-il.
“Nous sommes aussi confrontés, pour plusieurs filières, à l’informel industriel”, ajoute-t-il, relevant, à cet égard , que de vrais unités industrielles illégales sont établies dans la banlieue des villes ou dans la campagne, sans aucun respect des règles d’hygiène, de sécurité et avec de l’emploi précaire, de la contrefaçon…
Il a également pointé du doigt le manque de normes obligatoires garantissant la sécurité des consommateurs, la protection du marché national et des industriels locaux contre des importations anarchiques.
S’exprimant sur la récente interdiction de la pratique de jetons de peinture, M. Chagar indique que cela permet certes d’assainir partiellement et à terme le secteur de la peinture, mais ne permet pas d’instaurer un climat de concurrence transparente tant que d’autres pratiques sévissent.
« Il s’agit d’une pratique qui, à la base, constituait une fidélisation des applicateurs, mais face à une concurrence rude dans le secteur, une enchère de la contrevaleur des jetons est venue dévier cette pratique », explique-t-il.
A l’instar de la suppression des jetons de peintures, il est sans dire que le secteur de l’industrie chimique et parachimique devra rompre avec d’autres pratiques et corriger certains maux comme l’absence de normes, l’importation sauvage, l’informel industriel ou encore l’accompagnement des parties prenantes (applicateurs, revendeurs).