Conférence scientifique à l’Académie du Royaume
Les exoplanètes ou planètes extrasolaires, l’existence potentielle d’une vie extraterrestre et la recherche de planètes semblables à la terre ont été au menu d’une conférence scientifique tenue lundi à Rabat à l’Académie du Royaume du Maroc, dans le cadre du cycle “Innovation & questions du temps présent”.
Cette conférence, initiative conjointe de l’Académie du Royaume, l’Académie Hassan II des sciences et techniques et l’ambassade suisse en célébration du centenaire de la présence diplomatique suisse au Maroc, a été donnée par l’astronome suisse et prix Nobel de physique Michel Mayor, sous le thème «D’autres mondes dans le cosmos ? La recherche de planètes semblables à notre terre et peut-être abritant de la vie!».
Les scientifiques estiment que la galaxie “La voie lactée” pourrait compter plusieurs milliards de planètes, sans compter les autres galaxies, a relevé M. Mayor, indiquant que la probabilité d’une éventuelle vie (même bactérienne) extraterrestre est fort possible. À cet égard, les recherches scientifiques ne cessent d’évoluer grâce au développement technologique et aux moyens déployés en la matière.
Ainsi, grâce aux développements que connaît la science, les astronautes sont capables d’observer la variation de la vitesse radiale d’une étoile, à 20 centimètres par seconde près, a-t-il relevé, notant que la Terre seule fait bouger le Soleil de 8 cm par seconde.
“Si avec Didier Queloz nous avons découvert la première exoplanète il y a 26 ans, aujourd’hui nous pouvons dire qu’il y en a 5.000”, a fait-savoir, notant que la majorité des exoplanètes ont une masse comprise entre une et dix fois celle de la Terre. “Les données recueillies peuvent également formuler des hypothèses sur leur nature, à savoir rocheuse, gazeuse, etc”, a-t-il poursuivi.
“La vie extraterrestre existe-t-elle? cette question aussi scientifique que philosophique remonte à plus de 2000 ans et est toujours d’actualité”, a fait observer cet enseignant au département d’astronomie à l’université de Genève, qui a souligné que les études, recherches et progrès continus dans ce domaine permettent à l’humanité de se rapprocher de la réponse.
S’agissant d’une émigration éventuelle de l’humanité vers une autre planète, le chercheur se montre perplexe. En effet, si une planète habitable hypothétique se trouve à 30 années-lumière, il faudrait près de 10 millions d’années à la vitesse d’Apollo 11 pour y parvenir, a-t-il dit. Selon le chercheur, “La quantité d’énergie nécessaire pour accélérer/décélérer le véhicule spécial à une vitesse proche de celle de la lumière est impossible”.
Ainsi, “si la terre devient inhabitable, l’humanité n’aura pas la possibilité d’émigrer vers une exoplanète”, a-t-il prévenu, appelant tout un chacun à adopter un comportement respectueux de la planète et à la préserver pour les générations futures.
De son côté, l’ambassadeur de Suisse au Maroc Guillaume Scheurer a indiqué que cette rencontre vise à identifier les innovations scientifiques qui se dessinent aux quatre coins de la planète et anticiper leurs conséquences sur la société, signalant que dans son rôle, le professeur Mayor a la grande tâche de représenter au grand public le besoin de la démarche de prospective scientifique.
“Les découvertes du professeur Mayor ont largement contribué au rayonnement mondial de la capacité d’innovation, la précision, l’excellence scientifique et la persévérance de la Suisse”, a-t-il souligné.
En 1995, Michel Mayor a découvert, aux côtés de Didier Queloz, la première planète extrasolaire en orbite autour d’une étoile semblable au Soleil (51 Pegasi b), une découverte pour laquelle ils ont reçu le prix Nobel de physique en 2019.