Après la débâcle en Afghanistan
Après le désastre afghan, l’Otan a décidé de replier ses forces et de renforcer ses moyens pour protéger les territoires des Alliés contre les menaces venues de Russie et de Chine avec de nouveaux plans de défense discutés jeudi et vendredi par les ministres de l’Alliance.
« Une transformation est en cours. Nous avons réduit de façon significative le déploiement des missions hors des territoires de l’Alliance et nous renforçons la défense collective », a expliqué le secrétaire général au cours d’un point de presse avant le début de la réunion.
« Les ministres de la Défense vont donner jeudi leur accord à de nouveaux objectifs de capacités militaires et à des nouveaux plans de défense pour la zone euro-atlantique », a précisé le Norvégien Jens Stoltenberg.
« L’objectif est d’avoir les bonnes forces aux bons endroits au bon moment », a-t-il insisté.
La réunion a débuté à 13H00 (11h GMT) après l’arrivée du chef du Pentagone Lloyd Austin et va se dérouler sur deux journées.
Vendredi, les débats seront consacrés aux liens avec l’Union européenne et une discussion difficile est attendue sur la volonté de certains pays, en particulier la France, de se doter d’une capacité d’action militaire autonome lorsque l’Alliance ne peut ou ne veut pas s’engager.
La modernisation des arsenaux de la Russie et de la Chine, deux pays qui se dotent de missiles hypersoniques, investissent dans l’espace et sont accusés de mener des attaques informatiques contre les intérêts occidentaux, poussent à ce repositionnement défensif, a déclaré Jens Stoltenberg.
« Les alliés deviennent de plus en plus conscients de l’importance de la résilience à cause de la vulnérabilité des chaines d’approvisionnement », a-t-il souligné.
« Nous devons renforcer notre avantage technologique avec les moyens du nouveau fonds d’innovation pour la sécurité doté de 1 milliard de dollars et avec la stratégie pour l’intelligence artificielle », a-t-il expliqué.
« La réunion sera la première occasion de tirer les enseignements du retrait d’Afghanistan », a-t-il souligné.
« Les divergences d’opinions au sujet du retrait d’Afghanistan ne doivent pas provoquer de dissensions entre les Etats-Unis et les Européens », a-t-il plaidé.
Lloyd Austin s’est dit prêt à évoquer les « enseignements à tirer » du fiasco en Afghanistan, avec le retour éclair au pouvoir des Talibans après l’effondrement des forces armées formées par la mission de l’Otan Resolute Support.
« La discussion sera sans doute très animée », a prédit le représentant d’un pays européen.
Plusieurs pays ont ouvertement critiqué l’accord conclu entre Washington et le pouvoir taliban ainsi que le refus américain de retarder le départ des troupes alliées pour faciliter l’exfiltration des collaborateurs afghans.
« La mission en Afghanistan n’a pas été un échec », a soutenu jeudi Jens Stoltenberg. « Mais la manière dont la consultation sur le retrait a été organisée en amont n’a pas été satisfaisante », dénoncent de nombreux alliés.
Des comptes vont être demandés au ministre américain et au secrétaire général de l’Otan. « Aucune concertation n’a été organisée sur la mise en oeuvre de la décision de retrait, aucun calendrier n’a été discuté, le secrétaire général et son adjoint étaient en vacances en même temps pendant le retrait », a énoncé un diplomate européen.
Jens Stoltenberg a admis que l’absence d’une stratégie de sortie avait contribué aux difficultés et « cela doit faire partie de l’analyse de ce qui n’a pas fonctionné ».
De nombreuses rencontres bilatérales sont prévues pour aider à aplanir les différends. Florence Parly rencontrera Lloyd Austin et a prévu un échange avec son homologue britannique Ben Wallace, a indiqué le ministère français des Armées.
« L’Afghanistan a démontré le besoin pour les Alliés de rester solidaires », a insisté Jens Stoltenberg.
« Mais le leadership américain est remis en cause », a averti le représentant d’un pays européen.