Ida Ougard
La valorisation des Sucreries d’Ida Ougard, un site d’une portée historique universelle dans la province d’Essaouira, a été au cœur d’une rencontre de communication et de concertation organisée, lundi à Dar Souiri dans la Cité des Alizés.
Initiée par « Essaouira Innovation Lab », cette rencontre d’intelligence collective, rehaussée par la présence de M. André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi et président-fondateur de l’Association Esaouira- Mogador, du gouverneur de la province, Adil El Maliki, et d’un parterre de spécialistes et d’acteurs de divers horizons, a été l’occasion de faire davantage la lumière sur ce site historique et d’engager la réflexion sur les enseignements et les leçons transmis par ce patrimoine, ainsi que sur la manière de mieux le préserver et le valoriser.
S’exprimant à cette occasion, M. Azoulay a affirmé qu’il s’agit d’ »un autre espace, un autre témoignage à ajouter à la très riche palette du répertoire patrimonial d’Essaouira en passe de devenir un espace référentiel incontournable pour une lecture exhaustive de l’histoire de l’humanité depuis la période de l’Homo-Sapiens avec la découverte de la grotte de Bizmoune, datée de 150.000 ans qui n’a pas fini de nous livrer ses trésors et ses enseignements ».
De son côté, M. El Maliki s’est félicité du « travail de passion et de patience » mené au niveau de ce site, soulignant la volonté qui anime les différentes parties prenantes pour la valorisation de cet espace qui constitue un nouveau jalon qui vient s’ajouter à l’édifice du patrimoine matériel et immatériel dont regorge la province d’Essaouira.
Pour leur part, les autres intervenants ont rendu un hommage appuyé à M. Paul Berthier, qui a été derrière la découverte et l’identification des vestiges des sucreries d’Ida Ougard et à l’origine d’un grand travail de recherche et d’archéologie dans les années 50 autour de la grande séguia et de cette sucrerie d’Essaouira.
Ils ont expliqué que cette sucrerie est « la seule usine préindustrielle encore visible dans le monde », ce qui en fait « une pépite historique » pour Essaouira.
Quant à M. Pierre Berthier, fils de Paul Berthier, il s’est dit heureux de se retrouver à Essaouira, sa ville natale, et d’assister à ce vibrant hommage rendu à son père, tout en se félicitant de l’organisation de cet événement pour revivifier l’une des pages les plus exceptionnelles du Maroc ancien, en l’occurrence sa remarquable industrie sucrière, dont la production a été exportée à l’époque vers de nombreuses destinations à travers le monde.
A l’issue de cette rencontre, une visite a été effectuée à ce site des sucreries, situé au sud-est de la ville d’Essaouira, où des explications plus exhaustives ont été présentées à l’assistance sur le processus de production du sucre dans cette usine.
Des éclairages ont été également apportés par des spécialistes sur les différentes composantes de l’usine, telles que la « Séguia », le bassin de stockage d’eau, la « Naoura » et la salle des fours, ainsi que sur les matériaux de construction utilisés à l’époque et, partant, sur les pages d’histoire que livre ce site sur le plan écologique.
Un atelier axé sur la valorisation de ce site a été organisé en fin de journée, avec la participation de différents acteurs et parties concernées.
En effet, les derniers témoins de l’histoire mondiale de la production de sucre des 15ème et 16ème siècles se trouvent dans la province d’Essaouira. Il s’agit des vestiges d’un aqueduc de près de 20 kilomètres de long et d’une usine de plusieurs hectares, qui racontent une histoire industrielle peu connue.
Ayant fonctionné de manière régulière entre 1576 et 1603, cette sucrerie avait longtemps contribué au rayonnement de toute une industrie développée, à l’époque, par les Saâdiens.
L’usine d’Ida Ougard aurait fabriqué le sucre roux qu’Ahmed El Mansour Eddahbi expédiait, notamment en Italie en contrepartie du marbre de Toscane, comme le fait apprendre « Nozhat el Hadi » d’El Ouafrani : « Le marbre apporté d’Italie était payé en sucre, poids pour poids ».