La sonnette d’alarme déclenchée avec des taux de remplissage des barrages ne dépassant pas 11%

Déficit Hydrique et campagne agricole compromise

Par Fairouz EL Mouden

La situation dans les grands barrages est alarmante. Le taux de stockage des eaux est des plus bas et le retard de la pluie inquiète. Le déficit hydrique est aujourd’hui sérieusement préoccupant. La menace touche les périmètres irrigués qui n’arrivent plus à avoir les quantités d’eau suffisantes pour irriguer les différentes cultures agricoles. Au même moment le gouvernement reconnait le retard accusé dans la mise en œuvre de stratégie nationale de l’eau et du plan national pour l’approvisionnement  en eau potable et l’irrigation 2020-2027. La problématique est de taille car  aujourd’hui la crainte par rapport à l’accès à l’eau potable dans plusieurs régions n’est pas écartée.  

Ce n’est pas un effet négatif de la situation sanitaire cette fois-ci. Loin de là. Le stress hydrique affiche un niveau des plus inquiétants depuis quelques années. La situation est d’autant plus aggravée que le début de la campagne agricole 2021/2022 est caractérisé par un retard des précipitations et un déficit pluviométrique au niveau de l’ensemble des régions, atteignant au 10 janvier, de 59,8% par rapport à la campagne précédente et de 54,3% en comparaison à la moyenne des cinq dernières années avait alerté la banque centrale dans son dernier rapport sur la conjoncture économique . Dans lequel Bank AL Maghrib annonce que le taux de remplissage des barrages à usage agricole est revenu à 33,1% contre 39,1% un an auparavant

La campagne agricole risque ainsi d’être fortement compromise cette saison pour plusieurs raisons. Le niveau très élevé des températures et le déficit pluviométrique enregistré depuis le lancement de la campagne. Les operateurs craignent une année catastrophique pour les rendements céréaliers et  pour l’élevage. Les zones Bours sont d’ores et déjà affectées par le déficit pluviométrique et son cumul de plusieurs années. Aujourd’hui, même les zones dites irriguées qui assurent une partie de la production de blé sont dépourvues des eaux des barrages. 

Le constat a été confirmé  par le ministre de l’équipement et de l’Eau qui indique que certains barrages  souffrent d’un déficit hydrique à savoir le bassin de la Moulouya (Oujda et l’Oriental), dont le taux de remplissage  ne dépasse pas les 11%. La même situation touche les autres grands barrages de l’Oum Er Rbia et du Tensift.

La nappe phréatique affiche elle aussi un niveau des plus bas. L’on pointe du doigt l’exploitation excessive de la nappe phréatique. La région d’Al Houz arrive en tête des régions dont la nappe phréatique est fortement épuisée avec 1,3m3 au même titre que la ville de Berrechid qui connait à elle seule connait l’épuisement de 2 m3 de la nappe phréatique annuellement.

Le plan d’urgence annonce par le nouveau gouvernement pour faire face au déficit hydrique dans certains bassins dont le budget s’élève à 2,42 MMDH permettra-t-il de garantir l’approvisionnement en eau potable dans les grands barrages et de rattraper le retard accusé dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de l’Eau.

En effet plusieurs facteurs expliquent cette situation alarmante. Il s’agit des changements climatiques et à la baisse des précipitations et d’autre part au retard dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de l’eau, a expliqué le ministre dans un entretien à la map, « qu’une station de dessalement de l’eau à Saidia devait être réalisée à fin 2018, en vue de garantir l’approvisionnement en eau pour la population de Nador Driouch et Saidia ».

Il rappelle qu’un  programme a été mis en place pour le bassin de la Moulouya. D’une enveloppe de 1,3 MMDH, ce programme vise à mobiliser l’ensemble des moyens hydriques possibles, à travers notamment la prospection de nouvelles eaux souterraines ou encore le lancement d’un programme de dessalement de l’eau à Nador.

Par ailleurs, de nouveaux barrages collinaires seront mises en place . Barraka explique que la ville de Marrakech souffre « elle aussi d’une problématique de l’eau ce qui a nécessité la mobilisation de 20 Mm3 depuis un barrage en vue de garantir l’approvisionnement en eau pour cette ville ».

Aussi, il a annoncé le lancement dans les semaines à venir du grand projet de dessalement de l’eau à Casablanca de 300 Mm3.La liaison de Casablanca nord à Casablanca sud a contribué à réduire la pression sur le barrage d’El Massira, a-t-il relevé, ajoutant que pour le bassin de Bouregreg, il y aura recours au barrage de Sidi Mohammed Ben Abdallah a-t-il conclu.

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