Après des attaques contre l’Arabie saoudite
Les rebelles Houthis du Yémen ont annoncé samedi qu’ils allaient cesser leurs offensives dans leur pays et en Arabie saoudite pendant « trois jours », au lendemain d’une série d’attaques contre le royaume voisin.
Le conflit au Yémen oppose depuis plus de sept ans les forces progouvernementales, appuyées par une coalition internationale dirigée par Ryad, et les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran.
« Les frappes de missiles et de drones ainsi que toutes les actions militaires contre l’Arabie saoudite seront suspendues pour une période de trois jours », a déclaré sur Twitter un porte-parole des Houthis, Mohammed Abdelsalam, citant Mahdi al-Mashat, haut responsable des rebelles.
Cette trêve pourrait devenir « un engagement définitif et permanent » si l’Arabie saoudite lève le « blocus » sur le Yémen, cesse ses raids aériens et retire ses « forces étrangères » sur le sol yéménite, a ajouté Mohammed Abdelsalam.
Cet engagement offre également la fin des offensives des Houthis sur le territoire yéménite, notamment autour de la ville pétrolifère de Marib, où la bataille a fait rage ces derniers mois. Il inclut également l’échange de prisonniers.
L’annonce intervient au lendemain d’une nouvelle série d’attaques des rebelles contre l’Arabie saoudite, dont l’une a provoqué – sans faire de victimes – un gigantesque incendie dans un site pétrolier à Jeddah, proche du circuit de Formule 1 qui accueille le Grand Prix d’Arabie saoudite.
En réaction, la coalition militaire, qui entre dans sa septième année d’intervention au Yémen, a mené des frappes aériennes dans la nuit de vendredi à samedi dans des zones tenues par les rebelles, à Sanaa (nord) et Hodeidah (ouest).
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné samedi les frappes des rebelles et les représailles de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, appelant toutes les parties à la « retenue maximale » et à la conclusion d’un « accord négocié pour en finir avec le conflit ».
Israël, pays qui n’entretient pas de relation diplomatique avec l’Arabie saoudite, a fait part de son côté de sa « douleur » à Ryad, après les attaques rebelles, pointant du doigt l’Iran. « Cette attaque est une preuve supplémentaire que les agressions régionales de l’Iran n’ont pas de limites », a déclaré sur twitter le Premier ministre israélien Naftali Bennett.
Le président français Emmanuel Macron a également condmané l’attaque des rebelles Houthis et exprimé sa « solidarité » avec l’Arabie saoudite.
L’annonce des Houthis intervient également au moment où un accord sur le nucléaire iranien, après plusieurs mois de pourparlers à Vienne, est en passe d’être conclu, dans les « jours » à venir selon des déclarations samedi du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
En plus de la prise de la capitale Sanaa en 2014, les rebelles se sont emparés de la majorité du nord du pays, le plus pauvre de la péninsule arabique et plongé à cause de la guerre dans l’une des pires crises humanitaires au monde.
La coalition militaire contrôle toutefois l’espace aérien et maritime du pays. Alors que seuls les vols de l’ONU sont autorisés via l’aéroport de Sanaa, les Houthis posent depuis longtemps la levée de ce « blocus » comme condition à des pourparlers.
Plus tôt samedi, un responsable saoudien avait indiqué à l’AFP que les rebelles s’apprêtaient à proposer une trêve et des pourparlers intra-yéménites.
« Les Houthis ont proposé, par l’intermédiaire de médiateurs, une initiative comprenant une trêve, l’ouverture de l’aéroport (de Sanaa) et du port (de Hodeidah) ainsi que des discussions intra-yéménites », avait affirmé ce responsable saoudien proche du dossier.
« Nous attendons une annonce officielle de leur part car ils changent constamment de position », avait ajouté ce responsable ayant requis l’anonymat.
Un diplomate basé à Ryad a indiqué à l’AFP, également sous couvert d’anonymat, que l’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, avait engagé des pourparlers pour parvenir à une trêve durant le ramadan, le mois de jeûne musulman qui se déroule cette année en avril.
La guerre au Yémen a tué directement et indirectement des centaines de milliers de personnes et déplacé des millions d’autres, selon l’ONU. Une grande partie de la population, notamment les enfants, est confrontée à une faim aiguë, avec des situations proches de la famine.