«Casablanca fait mieux que la majorité des marchés mondiaux et africains»

Farid Mezouar, directeur exécutif de FL Markets

Le marché boursier marocain a entamé l’année 2016 sur une tendance haussière après avoir clôturé sur une baisse en 2015. En effet, après un démarrage timide au mois de janvier 2016, le marché actions (MASI) a enregistré une performance de +3,73% entre le 04 janvier 2016 et le 19 février 2016. Au-delà de cette période, la tendance s’est renversée et le MASI a affiché une contre performance de -3,37% au 29 février 2016, effaçant ainsi ses bénéfices constatés depuis le début de l’année. Ce renversement de tendance a commencé juste après la série de publication de Profit Warning de certaines sociétés de la place. A partir de début mars, le baromètre de la Bourse de Casablanca a fortement augmenté et a basculé vers le vert pour atteindre un pic de +14,80%, le 10 mai 2016. Cette performance s’explique essentiellement par la baisse du taux directeur de Bank Al Maghrib, qui a induit une baisse des rendements des placements dans les produits de taux et a favorisé, par conséquence, un arbitrage en faveur du marché actions. A partir du 10 mai 2016, le MASI commence à s’inscrire sur une tendance baissière due à l’effet combiné de la prise de bénéfices des investisseurs et de l’ajustement des cours des titres suite aux versements de dividendes. Ainsi, le MASI a marqué une contre performance de -6,10% au 24 juin 2016.  Au-delà de cette date, le marché a changé d’orientation et s’est inscrit sur une performance positive suite, en partie, à l’introduction en Bourse de Marsa Maroc, marquée par un fort engouement des investisseurs de la place. Ce mouvement a été consolidé suite à l’annonce de bons résultats semestriels de 2016.

Farid Mezouar, directeur exécutif de FL Markets et expert des marchés financiers,nous explique l’évolution de l’année boursière 2016 et nous dévoile les perspectives pour 2017.

Al Bayane : Comment qualifierez-vous la bourse de Casablanca?

Farid Mezouar : Les années 2015 et 2016 ont été riches d’évènements pour la Bourse de Casablanca. En effet, celle-ci a poursuivi et achevé la mise en œuvre du projet « New-Age » pour le déploiement d’une nouvelle plateforme de négociation, de cotation et de surveillance. Cette dernière a été acquise auprès de Millennium IT, filiale du partenaire stratégique de la Bourse de Casablanca, le London Stock Exchange Group (LSEG). Aussi, le processus de démutualisation de la Bourse de Casablanca a été entamé et clôturé en juin 2016. De même, au 30 juin 2016, le capital est détenu à 39% par les banques et à 25% par la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) avec un nouveau Conseil d’administration, désormais présidé par Hamid Tawfiki, directeur général de CDG Capital. Enfin, le programme Elite qui a connu sa deuxième cohorte, semble aller dans le bon sens pour amener le maximum de PME ou de grandes entreprises dans le giron de la Bourse.

Comparativement à 2015, Comment jugez-vous l’année boursière 2016?

Avec près de 30% de performance annuelle, la Bourse de Casablanca fait nettement mieux que la majorité des marchés mondiaux et africains. Aussi, grâce à sa corrélation avec le MSCI EmergingMarkets, en hausse de près de 6%, la Bourse de Casablanca a démontré qu’elle demeure un marché émergent malgré son déclassement dans le Frontier Markets dont la composante africaine est en baisse de plus de 11% en 2016. Enfin, cette performance rompt avec 5 ans de crise, ce qui devrait conforter tous ceux qui ont toujours cru en la Bourse et sa capacité à dynamiser l’économie marocaine et stimuler le placement des épargnants.

Quelles sont les événements phares qui ont joué en faveur du MASI?

Cette performance boursière a été tirée par une multitude d’éléments positifs comme la hausse attendue de la masse bénéficiaire, le bon comportement des OPV, la démutualisation de la Bourse et la multiplication des fusions-acquisitions. Aussi, la Bourse a bénéficié de la baisse du déficit budgétaire qui a atténué l’effet d’éviction du Trésor et concouru à la baisse des taux d’intérêt qui ont atteint un niveau bas dans l’absolu. Enfin, le contexte de la flexibilité de change a certainement stimulé l’appétit des résidents envers le marché actions.

Quelles sont vos perspectives d’évolution pour le MASI en 2017?

Au niveau chartiste, le MASI dispose encore d’un potentiel de hausse d’un minimum de 13%. Ce potentiel est étayé au niveau fondamental par la reprise de la croissance économique. En effet, selon Bank Al Maghrib, la croissance du PIB devrait s’accélérer à 4,2% en 2017 et s’établir à 3,7% en 2018. En 2016, la croissance économique devrait être limitée à 1,2%. Par ailleurs, les bons niveaux actuels de valorisation devraient attirer logiquement de nouvelles introductions en Bourse qui devraient dynamiser le marché économique dans une spirale positive qui s’auto-entretient.

FL Markets

FL Markets est la société qui édite la plateforme Flm d’analyse financière et boursière. Flm cherche à guider et conseiller ses abonnés pour leurs opérations en Bourse et sur le marché de la dette privée. Ses fondateurs citent toujours comme référence, Benjamin Graham, qui martelait qu’un placement boursier est une opération qui, après une analyse approfondie, doit promettre une certaine sécurité pour le capital ainsi qu’un rendement adéquat. Sinon, c’est de la spéculation. Ainsi, le principal produit de Flm, qui est l’abonnement, promet aux clients un suivi professionnel des marchés financiers à travers trois niveaux : la synthèse, l’analyse et la prospective. Aussi, en plus du conseil sur le marché actions matérialisé par un portefeuille type, un avis éclairé sur les obligations privées est fourni.

Portrait Mezouar Farid

Agé de 40 ans, Farid Mezouar est titulaire d’un DESS Gestion Financière au Centre Européen Universitaire à Nancy. Il a débuté sa carrière comme membre de l’équipe de recherche EmergingMarkets de SG Securities et a été Responsable Recherche Société Générale Maroc. Par la suite, il a occupé le poste de Directeur Recherche CFG Group avant de ne passer à la gestion d’actif en étant tour à tour le Directeur des investissements CFG Gestion et le Directeur Général CFG Gestion.

Aussi, pendant trois ans, il a été membre Comité directeur CFG Group. De même, au niveau de l’analyse financière, il est auteur de près de 100 «papiers de recherche» ayant notamment été primés par le Prix Euromoney de la Recherche en 2000. Enfin, après avoir co-fondé FL Markets, il est considéré comme le leader de la presse spécialisée en Finance au Maroc.

Kaoutar Khennach

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