La santé à la croisée des chemins

Saoudi El Amalki

Depuis un certain temps, le Maroc met les bouchées doubles sur le secteur névralgique de la société qu’est la santé. La plus Haute Autorité du pays s’y attelle en personne avec rigueur notamment en instaurant l’opération de la protection sociale. Ce chantier, l’un des plus importants de son règne est en passe de relever le défi d’une nation en pleine gestation dans le cercle de l’Emergence. C’est en fait, à travers le lancement de l’immense postulat de cette envergure que s’articule la réforme du secteur dans son entièreté. On est là au cœur de la concrétisation de l’un des articles majeurs de la Loi Suprême de 2011, à savoir le Droit à la Santé en particulier la couverture sociale. Elle est étalée sur la durée jusqu’en 2025, avec, faudrait-il le rappeler, un budget prévisionnel de 51 milliards de dirhams. Il est à avancer également que le système de Santé repose sur quatre piliers, à savoir la bonne gouvernance, la mise à niveau de l’offre de santé, la digitalisation du système sanitaire et la valorisation des ressources humaines, afin de rehausser le secteur dans sa globalité. A priori, pour réunir les conditions de réussite à cette réforme ambitieuse, on a ratifié une ribambelle de loi-cadres dont celle relative à la promulgation des groupements régionaux qui s’insèrent dans le cadre de la notion de décentralisation. Cette réforme inclut bien évidemment une myriade de réalisations en matière d’édifices et d’équipements à travers le territoire national, spécialement les CHU. Cependant, en dépit de cet effort titanesque, notre pays s’affronte à des déficits de haute acuité dont le plus préoccupant est celui de la pénurie de ressources humaines à tous les niveaux, médical et infirmier. En fait, sur les plans de législation, de bâtisse, de matériel, le Maroc a franchi des phases fort avancées, mais en matière de potentiel humain, on est devant de réels enjeux à relever. Les chiffres sont là et reflètent malheureusement cette indigence déconcertante : on a 7 médecins sur 10 000 habitants, alors que la moyenne universelle est de 23. Le manque à gagner est donc astreignant, d’autant plus que le Maroc forme 1400 médecins par an dont le tiers se rend à l’étranger, autrement dit on a 34 000 médecins dans le pays, mais 14 000 partent ailleurs. Il faut bien dire que la captation des cadres sanitaires est concurrentielle dans le monde entier et interpelle l’Autorité de Santé de la Nation sur la rétention de compétences humaines qualifiées et non qualifiées, sans pour autant contrarier leur liberté de choix et préférence. C’est un dilemme que notre pays se devrait de gérer avec beaucoup de tact et d’imagination, en vue de retenir et satisfaire ses cadres en escapade permanente. On doit alors développer des actions volontaristes de rétention pour prétendre les dissuader à s’en aller, tout en respectant le droit international des libertés individuelles. Il s’agit en effet, de politiques d’attractivité qu’il va falloir mettre sur orbite en direction de ces compétences en plein épanouissement.

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