Somptueux colloque international sur la question migratoire à Agadir
Saoudi El Amalki
C’est dans un climat d’engagement et de convivialité que s’est rassemblé un parterre d’avertis et de mordus aguerris de la chose migratoire, à la capitale du Souss, le mardi et mercredi dernier, plus précisément à la cité de l’innovation Souss-Massa, relevant de l’université Ibn Zohr. Un temple universitaire, actif et performant, renfermant presque la moitié des régions du royaume et plus de 144 000 étudiants, constituant, au fait un « vivier de création et de partage de connaissance et un lieu d’échange d’idées et de cultures », comme disait son président, Abdelaziz Bendou. L’argumentaire de cette synergie autour du mot d’ordre central qu’est « la gouvernance des migrations », ambitionnant de mettre sur pied «l’observatoire d’Agadir» en 2022, après «le Pacte mondial de Marrakech» en 2018, à la veille du Forum d’Examen des Migrations Internationales qui se tiendra dans une semaine à New York, n’est autre que l’importance de plus en plus accentuée que revêt la mobilité des personnes et des marchandises dans un monde marqué par la globalisation économique.
Sans doute, le phénomène déclencheur de défis, mais aussi de la bonne gouvernance porte des opportunités réelles pour le pays d’origine, de transit et d’installation. Il s’attelle à l’essor de ces pays, fortifie l’expansion culturelle et consolide en perspective l’entente et la cohésion mutuelle. Dans ce sillage globalisant, l’Observatoire Régional des Migrations Espaces et Sociétés (ORMES), l’Université Ibn Zohr, en partenariat avec le Conseil de la Région Souss-Massa, le Conseil National des Droits de l’Homme CNDH et l’Organisation Internationale pour les Migrants (OIM Rabat), dans le cadre du projet de la stratégie pour la gouvernance des migrations et la création d’un centre régional polyvalent d’orientation éclairée et surtout d’accompagnement des migrations du Souss-Massa, ont fédéré leurs louables efforts pour tenir cette rencontre de réflexion dans une approche pluridisciplinaire et internationale de partage des connaissances scientifiques entre personnes liées aux enjeux de la territorialisation des politiques publiques des migrations.
En fait, à présent, il y aurait plus de 280 millions de personnes migrantes à travers le monde, soit 3,6 de la population du globe dont 48% de femmes. La plus grande partie de cette migration relève du type Sud-Sud ou Nord-Sud. Les transferts de fonds enregistrés vers les pays en développement s’élevaient à plus de 549 millions de dollars. En effet, c’est une imposante flopée de chercheurs confirmés, d’experts, de doctorants, d’élus, de décideurs politiques, de représentants d’organisations onusiennes, de responsables administratifs, de coopération internationale et acteurs de la société civile qui ont animé ces journées en conférences plénières, tables rondes, ateliers thématiques, rencontres avec les acteurs locaux et internationaux et des associations de migrants ainsi que des expositions sur le hall de la cité de l’innovation d’Agadir. Il faut dire que tous ces ingrédients de haute qualité organisationnelle, informationnelle et festive ne sauraient être savamment assemblés sans la maestria et l’altruisme d’un routier chevronné de longue date qu’est Dr Mohamed Charef, véritable cheville ouvrière du combat de la question migratoire, mondialement connu, ainsi que l’aspect des droits de l’homme dont il assure actuellement la Commission Régionale des Droits de l’Homme (CRDH) Souss-Massa. Sur la base de la déclaration du Secrétaire Général des Nations Unis selon laquelle « la gestion des migrations est l’un des tests les plus urgents et les plus profonds de la coopération internationale à notre époque », les séminaristes d’Agadir se sont penchés sur ce débat public national, continental et international, fondé sur le nexus migration- développement et centré sur les droits humains des migrants. C’est ainsi que les trois tables rondes ont passé en revue ces problématiques, à travers des axes essentiels, à savoir : la gouvernance des migrations mixtes en Afrique du Nord, défis et ambitions dont retiendra le questionnement sur le processus d’intégration à mettre en place à différentes échelles scalaires et les enjeux des politiques locales d’immigrations en Europe et Afrique. La seconde s’intitulait : territorialisation des politiques publiques dans le domaine de migrations et du développent qui tentait de répondre à la question des stratégies, des programmes, des projets et des actions entrepris pour mobiliser les migrants, comment se déclinent-ils au niveau local, provincial et régional dont l’apport serait-il décisif et influenceur ou simple pourvoyeur de fond ?
Le troisième volet consiste à se préoccuper sur l’histoire et mémoire, pour une patrimonialisation de la question migratoire, à la lumière duquel « les mémoires sont définies par la perspective qu’on leur donne et chaque action de la mémoire commence toujours dans le présent, même si c’est dans le passé que la mémoire trouve son origine ». C’est autant que la quête de l’histoire à travers des supports artistiques, patrimoniaux ou écrits, relève des questions et des enjeux politique, économique et culturel. Il va sans reconnaître qu’en dépit de l’importance des migrations africaines, de son engagement de son volontarisme résilient dans la gouvernance des migrations, les structures identiques font défaut au continent. Pourquoi ce déficit, quelle conclusion en tirer, quel patrimoine des migrations et consiste-t-il et comment présenter les migrations, que faudrait-il faire et dans quel objectif ? Telles étaient les réflexions menées à cet égard. On appréciera, à coup sûr, la présence et le concours au succès de ce grand événement, Laura Palatini d’Italie cheffe de mission de l’Organisation Internationale pour les migrants (OIM/Rabat) dont l’allocution à la cérémonie d’ouverture, brillamment modérée par Mimouna Sayed, présidente de la commission régionale des droits de l’homme (CRDH) de Dakhla-Oued Eddahab, revêtait un impact sur la nature et la besogne y afférent pour mettre en relief les aspects nodaux de cette entreprise, Edgar Corsa Sosa du Mexique, président du Comité pour la Protection des Droits des Travailleurs Migrants et des Membres de leur famille (CMW) dont l’intervention soutenait la convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants qui ne fournit pas seulement un cadre juridique international complet, mais demeure aussi la meilleure stratégie pour prévenir les abus et pour remédier aux vulnérabilités auxquelles de nombreux migrants sont confrontés. Enfin, il y a lieu également de considérer la distinction pertinente de Amina Bouayach, présidente du Conseil National des Droits de l’homme (CNDH) dont la communication à la séance de préambule, s’est focalisée sur la mission de l’instance dont elle est en charge et au sujet de laquelle, en tant que maillon médiateur entre l’Etat et la société, entre les individus et les institutions et entre le national et l’international, elle interpelle le gouvernement marocain concernant ses engagements internationaux pour la protection des migrants et de leur famille sur son territoire. Il convient de souligner, en conclusion, la disponibilité de l’université et du conseil de la région dans ces projets, confirmés par jours les vice-présidents ayant pris parole pareillement lors de ce passage d’ouverture du colloque. On ne peut passer non plus, l’intervention tonitruante du Dr Abdeslam Fizazi, au nom du comité préparatoire dont le speech, bourré en même t’émis d’humour et persuasion, encensait le rôle pionnier de l’université Ibn Zohr dont le répertoire s’élève à plus d’une quarantaine de thèse sur les questions migratoires et dont le bilan fort éloquent est en cours d’édition prochainement. On saluera chaleureusement toute l’équipe organisatrice de cette activité, sous le pilotage bienveillant du Dr Mohamed Charef qui a fait montre de beaucoup de savoir-faire et d’abnégation.