La franco-colombienne Ingrid Betancourt, ancienne candidate aux élections présidentielles colombiennes qui devaient se tenir en 2002, s’était fait connaître dans monde entier, le 23 Février 2002, lorsqu’elle avait été enlevée par les guérilleros communistes des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) alors qu’elle était en pleine campagne électorale; un enlèvement qui avait eu lieu après l’échec des négociations de paix menées avec le gouvernement colombien et l’annonce, par ce dernier, du succès de l’opération militaire «Tanatos» lancée afin de les déloger de l’ancienne zone dite de «démilitarisation».
C’est cette même armée nationale colombienne qui, le 2 juillet 2008, un peu plus de six années après les faits, délivrera des mains des FARC, à l’issue de l’opération « Jaque », Ingrid Betancourt et quatorze autres otages colombiens.
Désignée, après sa libération, Présidente d’honneur des Verts lors de leur Congrès mondial de Mai 2008 au Brésil, l’ex-otage franco-colombienne des FARC sera, également, nommée citoyenne d’honneur de Longueuil (France) en 2010, avant d’être élevée, par la France, au grade de Chevalier de la Légion d’honneur et de recevoir le prix « Princesse des Asturies » et le « Women’s World Award ». Son nom sera également proposé pour le prix Nobel de la Paix et pour le prix Petra Kelly.
Avec tous ces atouts, l’ancienne otage des FARC n’avait donc pas hésité, un seul instant, à se lancer dans la course à la présidentielle sous les couleurs du parti écologiste « Vert oxygène » pour le scrutin du 29 Mai.
En portant un discours féministe et en axant sa campagne sur la lutte contre la corruption, l’ex-otage des FARC s’est présenté, à cette élection, comme étant une alternative entre le candidat de gauche, Gustavo Pétro, en tête des sondages, et le candidat de la coalition de droite Frederico Gutierrez.
Elle tendra la main, en guise de remerciement, à l’ancien président de droite Alvaro Uribe, (2002-2010), chef du Centre démocratique, le parti au pouvoir, sous la présidence duquel elle avait été libérée des FARC grâce à une opération clandestine menée par l’armée nationale colombienne.
Mais si elle est très populaire hors de Colombie et notamment en France, Ingrid Betancourt, reste, néanmoins, pour les colombiens, une personne très controversée à laquelle ils ne vouent pas une grande sympathie particulièrement pour le grand profit financier qu’elle a essayé de tirer de sa détention.
Voyant qu’elle n’avait pas décollé dans les sondages puisqu’elle gravite autour de 0,8% des intentions de vote alors que le jour du scrutin approche à grands pas, l’ancienne otage des FARC n’a pas trouvé d’autre alternative pour « sauver la mise » que celle de jeter l’éponge.
C’est ainsi que ce vendredi 20 mai, au cours d’une conférence de presse donnée à Baranquilla, dans le nord du pays, à neuf jours du scrutin, Ingrid Betancourt s’est officiellement retiré de la course à la présidence de la république colombienne, au profit du candidat indépendant, Rodolfo Hernandez, en déclarant : « J’ai pris la décision d’appuyer l’unique candidature qui peut mettre fin au système » car, pour l’ex-otage des FARC, Rodolfo Hernandez est, en effet, «le seul qui puisse permettre la tenue d’un second tour et mettre en échec Petro et Gutierrez».
De la lecture du communiqué signé conjointement par le tandem Betancourt-Hernandez, il ressort qu’en étant convaincus «qu’il y a plus de choses qui (les) unissent que de choses qui (les) séparent», ces derniers auraient donc décidé d’«unir leurs forces au premier tour » pour « une gestion éthique des affaires publiques (et) la lutte incessante contre la politique politicienne et la corruption».
Mais si après le retrait d’Ingrid Betancourt, il reste 6 candidats en lice, tous des hommes, la première place est toujours occupée, selon le dernier sondage Invamer, par l’ex-guérilléro reconverti à la social-démocratie, ancien maire de Bogota et chef de la coalition de gauche, Gustavo Petro, qui, bien qu’étant en baisse de deux points, recueillerait, pourtant, 41% des intentions de vote.
Viennent ensuite le candidat conservateur et ancien maire de Medellin, Federico Gutierrez avec 27,1% des voix, talonné par Rodolfo Hernandez avec 20,9% alors que l’ancien allié d’Ingrid Betancourt n’est crédité, quant à lui, que de 5,1% des intentions de vote.
L’ex-otage des FARC ne serait-elle plus qu’un personnage qui relève du passé?
Il semble bien que ce soit le cas mais attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi