L’état lamentable de Dayt Ouaet d’Imouzzer
Saoudi El Amalki
Elle est bien révolue l’ère où cela faisait plaisir de se rendre dans ce lieu naturel splendide. Le lac appelé Dayt Oua, dans les environs du site prestigieux d’Ifrane, s’ébat aujourd’hui dans un état des plus lugubres.
On ne croirait guère les yeux devant une telle désolation. Plus une seule goutte d’eau dans cette étendue vitale qui jadis, ruisselaient de majestueux pédalos qui déferlaient de long en large et donnaient vie à ce bel endroit de verdure, de détente et de ressourcement.
A présent, cet espace de rêve se transforme en pâturage pour le bétail des parages et de ce fait, il est abandonné par les adeptes de la nature resplendissante et de la pêche à la truite. On croit bien savoir que ce gâchis déplorable est du à la sur exploitation des ressources hydriques pour les cultures de pommiers notamment, là où des hectares de périmètres sont irrigués par de profonds puits qu’on fore, à l’emporte pièce.
Dayt Oua, fort réputé pour ses eaux luisantes et ses ombres rafraîchissantes aux bordures de relax, n’est plus qu’un vestige nostalgique aussi bien pour les habitants des patelins avoisinants que les visiteurs en quête d’évasion et de récréation. Non loin de cette enceinte féerique qui faisait l’allégresse de populations, la ville d’Imouzzer Kandar, naguère parsemée d’eau de source à volonté, devient littéralement tarie en amont et en aval.
L’eau froide qui coulait à flots un peu partout dans les recoins de cette exquise cité des conifères, gémit sous la pénurie de cette denrée de haute vitalité. « Depuis que cette maudite usine d’exploitation de cet or souterrain s’est foncièrement élargie, l’eau se raréfie cruellement. Il n’en reste plus qu’une petite fontaine autour duquel on formait des files interminables pour s’en approvisionner», confiait une jeune femme de foyer d’à côté, fort exaspérée.
Tout autour, les commerces qui animaient le lieu s’appauvrissaient au fur et à mesure : des dizaines de pédalos gisent tels des mastodontes éventrés sur les lits des cours d’eaux asséchés, des « snacks» mobiles qui déambulaient dans les allées ombragées, se sont volatilisés dans la nature. « Il est bien dommage de constater que toute l’eau qui revitalisait ces espaces funestes fut accaparée par cette unité industrielle dont les tentacules s’étendent au galop, privant toute la ville de cette eau vitale», se plaignait un préparateur de tagines dans les lieux.
En débit de l’arrêt du débit d’eau, ces braves campagnards peines de cette situation miséreuse, espèrent encore que cette eau subtilisée sera de retour et, de ce fait, revient à la vie d’antan à cette cité, à la veille de la saison estivale, juste après l’Aïd. Un espoir qu’on voit briller dans leurs yeux en tourmente. En attendant, ils continuent à servir du thé à la menthe et dérouler les tapis et oreillers sous l’ombre suave des arbres. La voracité des uns fait le malheur des autres, en l’absence de mesures rédhibitoires !