Rishi Sunak nommé par Charles III

Liz Truss quitte Downing Street avant

Liz Truss, la plus éphémère Première ministre que le Royaume-Uni ait connu, a quitté mardi Downing Street après 49 jours au pouvoir, avant la nomination de son successeur Rishi Sunak, troisième chef de gouvernement en deux mois.
Après avoir franchi pour la dernière fois en tant que Première ministre la célèbre porte noire laquée frappé du N°10, Liz Truss a adressé ses voeux de « tous les succès » possibles à son successeur, « pour le bien de notre pays ».
Citant le philosophe Sénèque –« ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles »– la conservatrice Liz Truss, 47 ans, s’est lancée dans un plaidoyer pour l’audace au pouvoir.
Faisant un bilan de son mandat éclair, elle a cité les funérailles de la reine Elizabeth II et l’accession au trône de Charles III, ainsi que le soutien aux ménages face à l’augmentation des factures d’énergie.
Elle s’est ensuite rendue en voiture pour remettre sa démission au roi Charles III au palais de Buckingham.
Le souverain, âgé de 73 ans, va confier la tâche de former un nouveau gouvernement à Rishi Sunak, qui sauf surprise, devrait notamment conserver Jeremy Hunt au poste de ministre des Finances.
Ex-banquier et ministre des Finances, le conservateur Rishi Sunak devient, à 42 ans, le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire contemporaine du Royaume-Uni, après une ascension fulgurante en politique. Il est aussi le premier dirigeant britannique d’origine indienne et le premier originaire d’une ancienne colonie britannique.
Rishi Sunak se rendra enfin à Downing Street, où il prononcera un discours vers 11H35 (10H35 GMT).
C’est la première fois que Charles III nomme un chef de gouvernement. Liz Truss, avait été reçue par Elizabeth II le 6 septembre lors d’une audience au château écossais de Balmoral. La souveraine de 96 ans était décédée deux jours plus tard.
Après sa victoire au sein de sa formation lundi, Rishi Sunak a promis « stabilité et unité ». « Rassembler le parti et le pays sera ma priorité absolue », a-t-il déclaré dans une brève allocution.
Rishi Sunak prend les rênes d’un pays confronté à une grave crise économique et sociale. L’inflation dépasse 10%, au plus haut au sein du G7. Les prix de l’énergie flambent, comme ceux de l’alimentation. Le risque de récession plane.
Il lui faudra aussi calmer les marchés, ébranlés par les annonces budgétaires du gouvernement Truss fin septembre, annulées depuis pour l’essentiel en catastrophe.
Rishi Sunak arrive au pouvoir dans une période d’instabilité sans précédent. Il est le cinquième Premier ministre britannique depuis 2016, quand le pays a choisi lors d’un référendum de sortir de l’Union européenne, et le troisième en deux mois.
Il prend la tête d’un parti conservateur extrêmement divisé, après douze ans au pouvoir. Alors que l’opposition travailliste culmine dans les sondages à deux ans des élections générales, Rishi Sunak a prévenu les députés de son camp qu’ils devaient « s’unir ou mourir ».
Rishi Sunak a exclu des élections anticipées, réclamées par le Labour. Mais selon un sondage Ipsos publié lundi, 62% des électeurs souhaitent un tel scrutin avant la fin 2022.
Selon un sondage YouGov, seuls 38% des Britanniques sont satisfaits que Rishi Sunak devienne leur Premier ministre.
Ce Brexiter de la première heure, qui passe pour un travailleur pragmatique, devra former un gouvernement rapidement, pour à la fois donner des gages aux marchés et satisfaire les clans de sa majorité, au risque de subir le même sort que Liz Truss. Il devra aussi s’expliquer sur ses intentions: il ne s’est pas exprimé pendant la campagne éclair des Tories qui a démarré jeudi.
Il s’est imposé sans programme ni vote des adhérents, après la renonciation de l’ex-Premier ministre Boris Johnson et l’échec de son adversaire Penny Mordaunt à se qualifier.
Pendant la précédente campagne, l’été dernier, lors de laquelle il avait été battu par Liz Truss, cet ancien chancelier de l’Echiquier (2020-2022) avait insisté sur la nécessité de lutter contre l’inflation, qualifiant les promesses de baisses d’impôts de son adversaire de « conte de fée ».
Sur l’immigration, il avait dit soutenir le projet ultra-controversé, et pour l’heure bloqué, consistant à envoyer les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni au Rwanda.

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