Nabil El Bousaadi
La péninsule coréenne connaissant, depuis l’année dernière, un fort regain de tensions, il ressort du compte-rendu publié, le 2 janvier, par l’agence officielle nord-coréenne KCNA à l’issue de la dernière réunion du Parti des Travailleurs, que le leader nord-coréen Kim Jong-un est prêt à procéder à une augmentation exponentielle de l’arsenal nucléaire de son pays car il reste convaincu que «la situation actuelle appelle à redoubler d’efforts pour renforcer massivement la force militaire afin de garantir pleinement la souveraineté, la sécurité et les intérêts fondamentaux [de la Corée du Nord] en réponse aux manœuvres militaires inquiétantes des États-Unis et d’autres forces hostiles».
Il est à noter que, depuis l’échec des négociations intercoréennes de 2019, Kim Jong-un a tellement redoublé d’efforts pour développer ses programmes d’armements interdits que, durant la seule année 2022, Pyongyang a procédé à un grand nombre de tirs de missiles dont le fameux ICBM qui est le plus perfectionné d’entre eux et que, pas plus tard que le week-end dernier, vint le tour de trois missiles balistiques de courte portée.
Aussi, en affirmant qu’une dissuasion nucléaire crédible est essentielle à la survie de son pays qui vit sous la menace constante d’une agression par les Etats-Unis nécessitant «une production de masse d’armes nucléaires tactiques», le président nord-coréen a appelé « à une augmentation exponentielle de l’arsenal nucléaire du pays » et au développement d’un «nouveau système de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) dont la principale mission sera une rapide contre-attaque nucléaire».
Il n’en fallait pas plus pour que les Etats-Unis et la Corée du Sud qui prêtent à Pyongyang l’intention de mener prochainement un nouvel essai nucléaire, qui serait le septième de son histoire et le premier depuis 2017 et qui se disent prêts à faire face à toute «utilisation de l’arme atomique» par la Corée du Nord, affirment préparer «une réponse coordonnée et concrète à une série de scénarios».
C’est ce qu’a fait savoir, le 3 Janvier, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche tout en rappelant, en outre, que les Etats-Unis sont « totalement dévoués » à leur « alliance avec la Corée du Sud » à laquelle ils « fournissent une capacité de dissuasion étendue, reposant sur toute la gamme de l’arsenal de défense américain » mais en s’abstenant, toutefois, de préciser si ces préparatifs incluent ou non « des exercices nucléaires conjoints » dans la mesure où la Corée du Sud n’est pas dotée de l’arme atomique.
Mais en étant convaincu, néanmoins, que le « parapluie nucléaire » américain et sa « dissuasion élargie » ne suffisent plus à rassurer la population, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, sous la présidence duquel la Corée du Sud a renforcé ses exercices militaires conjoints avec les Etats-Unis après qu’ils aient été réduit pendant la pandémie et lors de l’échec des pourparlers diplomatiques infructueux avec la Corée du Nord, a tenu à rappeler qu’étant donné que les «armes nucléaires appartiennent aux Etats-Unis, la préparation, le partage d’informations, les exercices et l’entraînement devront être effectués conjointement par la Corée du Sud et les Etats-Unis».
Au vu de tout ce qui précède et du fait que le torchon brûle encore entre Pyongyang et Séoul, il semblerait que la dénucléarisation de la péninsule coréenne ne soit plus qu’un slogan creux et sans réelle portée mais attendons pour voir…