XI: Le chantage du Cheikh Al Amoudi, l’Etat se ressaisi

Cheikh Al Amoudi qui jouissait d’une situation très confortable en étant protégé de la concurrence, visait à préserver le monopole au-delà de la date ultime, celle de 2009. Un privilège qui a été vu d’un mauvais œil par les distributeurs des hydrocarbures…

Samir: comment le Maroc en est arrivé là ?

Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR.  Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…

La gestion catastrophique de la SAMIR a éreinté la santé financière de l’entreprise qui a enregistré une perte s’élevant à 1,2 MMDH en 2008. Et ce n’est pas tout, la dégringolade des prix des pétroles en 2014 a condamné les stocks de l’entreprise  qui va sombrer davantage dans la crise en réalisant une perte estimée à 3,5MMDH en 2014. Qui plus est, la raffinerie va réaliser des pertes avoisinant les 2,2MMDH durant le premier semestre de l’année 2015. Cela étant, la SAMIR avait des dettes par-dessus la tête.

Il faut dire que cette situation à laquelle a été confrontée l’entreprise constitue un argument apodictique que la privatisation de cette structure a été mal réfléchie.  D’ailleurs, cette situation démontre de façon irréfutable l’échec de la régulation publique du secteur, mais aussi n’en dispense point les managers de l’entreprise de leur responsabilité avérée.

Pire encore, les managers de la SAMIR, faute d’une vision claire, vont engager un bras de fer avec l’Etat en procédant à l’arrêt de la production et sans implication des autorités publics dans cette décision,  perçue comme un chantage.  Pour rappel, l’entreprise a rendu public un communiqué datant du 05 août où elle informe les citoyens que  «l’approvisionnement de la raffinerie en pétrole brut enregistrera un retard en raison de la situation sur le marché international et des difficultés financières de la société».

En fait, Cheikh Al Amoudi qui jouissait d’une situation très confortable en étant protégé de la concurrence, visait à préserver le monopole au-delà de la date ultime, celle de 2009. Un privilège qui a été vu d’un mauvais œil par les distributeurs des hydrocarbures ayant hâte à libéraliser le secteur, mais en vain.

Convocation de Cheikh Al Amoudi

Une telle manœuvre a provoqué une immense frustration auprès des pouvoirs publics.

Le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi a du sortir de son silence en vue de   rassurer l’opinion publique en déclarant que l’arrêt de la production n’aura aucun impact sur l’économie nationale et que les distributeurs ont la capacité pour continuer à approvisionner le marché national de manière continue.

Ainsi Cheikh Al Amoudi a été convoqué  par  les départements de tutelle afin de clarifier la situation. Une réunion de crise a eu lieu a Rabat à laquelle ont pris part le ministre de l’Énergie, Abdelkader Amara, celui de l’Économie et des Finances, Mohamed Boussaid et de l’Intérieur, Mohamed Hassad.  L’objectif escompté consiste à envisager les scénarios possibles qui sont à même à mettre la gestion  l’entreprise sur de bons rails.

Khalid Darfaf

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