XV-Création du Front national, le pouvoir exécutif pointé du doigt

Samir : comment le Maroc en est arrivé là ?

Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR.  Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…

Lors de la procédure de la liquidation judicaire, le tribunal de commerce a Casablanca aussi bien en première instance qu’en appel a été on ne peut plus clairs : les états  financiers témoignent d’une défaillance criarde en matière de la gestion de l’entreprise.La décision de la  justice a ainsi mis en avant la gravité de la santé financière de la Samir qui se trouvait dans une situation non enviable, étant donné qu’elle se trouve dans l’impossibilité de remplir ses engagements. 

Il faut dire que la mauvaise gestion du dossier de la Samir par l’Etat a été considérée par plusieurs analystes comme un fiasco total ou plutôt un échec collectif.  Certains l’ont même accusé d’avoir observé une neutralité négative qui ne fait favoriser, en fin de compte, que les grands distributeurs des hydrocarbures. D’autres, ont appelé l’Etat de faire preuve de courage nécessaire en clarifiant sa position par rapport à l’industrie pétrolière. Malheureusement, ni l’exécutif actuel ni ceux qui l’ont précédé n’ont pas été au niveau pour régler ce dossier extrêmement important.  Autrement dit, la crise de la  Samir  traduit incontestablement un véritable déficit de gouvernance démocratique.

C’est dans cette optique, plusieurs formations politiques, des syndicats et organisations de la société civile ont décidé de créer un Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole.  Le Front a ainsi vu le jour le 14 juillet 2018 à Rabat.

Les scénarii de la reprise

Soupçonnant l’existence d’une volonté délibérée visant la destruction de ce joyau national, Houcine El Yamani, avait déclaré à Al Bayane à l’issue de sa nomination, lors de l’Assemblée constitutif,  coordinateur du Front national, « que tant que l’Etat n’a pas encore clarifié son orientation, il serait impossible qu’un opérateur prenne le risque d’investir des sommes colossales dans ce projet. » Et d’ajouter que la constitution d’un Front national émane du fait que «l’affaire de la Samir est la bataille de tous les Marocains qui devraient adhérer à cette initiative visant la reprise de l’activité de la raffinerie et rien que la reprise».

Pour le Front national,  les scenarii de la reprise de la production se résumait en cinq, à commencer par la gestion libre, passant par la cession aux tiers, ou encore la transformation des dettes en participations au capital de l’entreprise. Le Front plaide, en outre,  pour la cession des actifs à une société mixte ou l’option de la récupération et la nationalisation de l’entreprise, comme ce fut le cas en Ethiopie.

Khalid Darfaf

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