Samir : Comment le Maroc en est arrivé là ?
Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR. Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…
Sans nul doute, la cessation des activités de la raffinerie fut un heureux événement tant attendue pour les grands opérateurs de distribution des hydrocarbures. Qui plus est, la politique de libéralisation amorcée par le gouvernement va, en fin de compte, servir leurs intérêts au détriment du consommateur lambda.
Beaucoup d’analystes jugent que la politique publique initiée par le gouvernement en matière de libéralisation du secteur fut un échec criard. En termes plus clairs, ils estiment que la politique de la libéralisation a été menée à l’aveuglette, sans la mise en place des mécanismes d’accompagnement.
Il faut dire que la privatisation de la Samir e eu véritablement des effets pervers étant donné qu’on est passé de la logique du monopole de l’Etat à une autre logique marquée par la domination du secteur privé et l’absence des règles de concurrences.
D’ailleurs, des graves soupçons pèsent sur les grands opérateurs de distribution quant à une éventuelle entente sur les prix.
Ainsi, beaucoup de voix se sont élevées au Parlement émettant des craintes par rapport à la politique de libéralisation du secteur. Pour l’histoire, même si le représentant de la CGEM au sein de la Chambre des conseillers avait qualifié d’audace la décision du gouvernement de libéraliser le secteur, il a, par ailleurs, critiqué l’incapacité du gouvernement à mettre en place les bases juridiques nécessaires en vue de faire aboutir le processus de cette libéralisation.
Absence des conditions de la concurrence
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Au moment de la libéralisation, le front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole (FNSRMP) a critiqué acerbement la décision du gouvernement Abdelilah Benkirane, procédant à la libéralisation du secteur des hydrocarbures tout en ayant pleinement connaissance du contexte du marché, marqué par l’absence totale des conditions de la concurrence.
A en croire plusieurs rapports, le prix du carburant à la pompe a été gonflé par rapport au prix réel de 1,2 DH par litre. Selon ses rapports, depuis la libéralisation du secteur, le consommateur marocain aurait payé indûment, entre 2016 et 2017, 21,6 milliards de DH et ce, en faveur des opérateurs de distribution. En 2021, la politique de libéralisation a permis aux opérateurs de distribution de dégager des profits obscènes, avoisinant les 38 milliards de DH.
Houcine El Yamani, président du FNSRMP a récemment révélé que le total des profits non éthiques vont atteindre plus de 7 milliards de dirhams en 2023, sans compter les autres bénéfices tirés des ventes du gasoil russe, notamment pour les entreprises qui ont trouvé le moyen de s’en procurer.
Khalid Darfaf