XVIII-Le rapport accablant de la mission d’information

Samir : Comment le Maroc en est arrivé là ?

Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR.  Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…

L’arrêt des activités de la Samir et la libéralisation brutale  du secteur des hydrocarbures a profité largement aux opérateurs de distributions qui ont amassé des milliards de dirhams au détriment du consommateur.                                                      

Il faut dire que les soupçons de complicité entre les distributeurs qui ont réalisé des bénéfices faramineux au détriment du pouvoir d’achat de consommateurs relèvent d’un secret de polichinelle.  Pour plusieurs analystes du secteur, la rationalisation du marché  des hydrocarbures requiert un renforcement du rôle de l’Etat en vue d’assurer la sécurité énergétique du pays ou encore protéger les intérêts des citoyens.  C’est dans cette optique et conformément à l’article 107 du règlement intérieur de la Chambre des représentants, une mission d’information parlementaire a été instituée pour mener une enquête sur le prix des hydrocarbures et sa comptabilité avec le prix pratiqué sur le marché international. Le rapport de synthèse de la mission d’information a été soumis au débat lors d’une séance plénière qui a été tenue le 10 juillet 2018.Prenant la parole à cette occasion, Rachid Hammouni, qui fut membre Groupement parlementaire du progrès et du socialisme (GPPS) a mis l’accent sur le fait que « le  débat sur le prix des hydrocarbures interpelle le gouvernement et son mode de gouvernance d’un secteur stratégique pour l’Etat. »  Le député du PPS a critiqué, d’emblée, certains milieux qui veulent entretenir la confusion sur le contenu du rapport.  En fait, selon le député du Parti du progrès et du socialisme (PPS), le véritable débat concernant ce secteur doit se situer loin des approches purement technicistes qui se contentent de faire prévaloir la logique des chiffres.

Faisant allusion à ce qu’il a désigné par « les profits non-éthiques », le militant du PPS a estimé que la réponse à la crise ne devrait être que politique. Cela requiert, a-t-il ajouté « la mise en place d’un plan d’action précis fixant d’abord les priorités. Abondant dans le même ordre d’idées, Rachid Hammouni a pointé du doigt la politique du gouvernement qui  a beaucoup tardé pour interagir avec les recommandations et les observations des représentants de la nation, en ayant préféré de se cantonner dans le silence devant les réactions conflictuelles qui ont eu lieu lors de la publication du rapport. « Le citoyen est lassé des discours du gouvernement et veut des actions concrètes », a-t-il déclaré en substance. Pour ce faire, le membre du GPPS a appelé à la réactivation du Conseil de la concurrence pour mettre un terme à cette situation.

Activation du Conseil de la concurrence

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Autre point non moins important souligné par lui, est celui de la crise de la raffinerie de la Samir. Il a ainsi invité l’Exécutif à intervenir au lieu de se contenter du rôle de spectateur, en précisant que la solution se trouve hors du cadre judicaire. « La Samir est une partie de la solution », a-t-il martelé tout en s’interrogeant : « à qui profite réellement cette situation ? ».

De son côté, Aicha Lablaq, qui fut  présidente du GPPS, a souligné dans sa réplique que ce rapport de synthèse demeure un acquis pour tous les Marocains et donne une preuve tangible sur le rôle du Parlement en matière de contrôle de l’action gouvernementale.

La députée du PPS a ainsi appelé l’Exécutif à revoir sa copie en matière d’élaboration des politiques publiques afin de corriger les défaillances. Il va sans dire que les opérateurs de distribution sont les véritables bénéficiaires, eux qui ont vu leurs profits s augmenter de façon incommensurable et ce après la libéralisation du secteur, a-t-elle déclaré avec insistance. Aicha Lablaq a, en outre,  appelé à la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles, en procédant par la réactivation du Conseil de la concurrence pour faire face aux pratiques de monopoles et instaurer l’égalité économique entre les différents acteurs. Comme quoi, la libéralisation du secteur ne dispense par l’Etat de ses responsabilités, celles du contrôle et de suivi des prix, la préservation du pouvoir d’achat des citoyens, tout en veillant à sauver la Société Samir, a-t-elle conclu.

Khalid Darfaf

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