XIX- Le gouvernement tourne le dos à la volonté populaire

Samir : comment le Maroc en est arrivé là ?

Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR.  Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…

Pour plusieurs analystes, la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence n’a fait que consacrer l’hégémonie des cinq grands distributeurs qui s’accaparent plus de 70% du marché et réalisent un profit  «non-éthique»

Dans le dessein de limiter les dégâts, le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole (FNSRMP) A  élaboré deux propositions de loi qui ont été parrainées  par plusieurs formations politiques parlementaires, notamment le PPS.

La première proposition de loi porte sur le transfert des actifs de la Samir au profit de l’Etat et met l’accent sur un certain nombre de défaillances structurelles du secteur, marqué par la persistance  des pratiques du monopole et l’absence de la concurrence.  Une situation due, selon le document, au manquement des acteurs à leurs obligations.

Il faut dire que cette initiative législative visait à pallier les dysfonctionnements du marché via la réhabilitation du rôle central de l’Etat qui devrait œuvrer au redémarrage de la société Samir et la mise au service de ses potentialités pour assurer la sécurité énergétique du Maroc.

La deuxième préposition de loi vise, en autre autres,  la régulation des prix et la rationalisation du secteur et ce  dans le dessein de protéger le pouvoir d’achat des citoyens. Comme quoi,  l’Etat est appelé à prendre des mesures permettant d’instaurer la transparence dans le marché des hydrocarbures et la lutte contre toutes les pratiques illégales. D’ailleurs, la note de présentation de la dite proposition de loi fait allusion au rapport de synthèse de la mission d’information parlementaire sur le prix des carburants qui évoquait des soupçons sur l’existence de complicité entre les distributeurs de carburants.

Absence de coopération

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Malheureusement, les gouvernements qui se sont succédé se sont ingénié à  tourner le dos à la volonté populaire, et sans même prendre le soin de justifier leurs actes.  Le rejet des propositions de lois émanant de plusieurs formations politiques au Parlement en est la preuve.

De l’avis des observateurs, les gouvernements (Benkirane, El Otmani, Akhenouch) ont fait preuve d’un esprit de non-coopération pour faciliter la reprise des activités de l’entreprise, en s’appropriant le rôle de celui qui préfère regarder le doigt au lieu d’observer la lune.

Lors d’une conférence organisée en mois de février de l’année en cours à la faculté de droit de Casablanca, l’économiste, Mohammed Benmoussa, a regretté le fait qu’il n’y ait pas de coopération entre le pouvoir judicaire et celui de l’exécutif pour faire aboutir ce dossier, sous prétexte qu’il s’agit d’un dossier complexe, soumis actuellement à la procédure d’arbitrage, comme n’a cessé de le répéter le gouvernement.

Pour l’ancien économiste en Chef de la CGEM, il s’agit bel et bien «  d’un argument juridiquement et politiquement irrecevable ». « La Samir appartient aux créanciers de la Samir et le syndic judiciaire demeure le garant de la protection de leurs intérêts. Cela étant, l’Etat n’a aucun lien juridique avec la Samir », a-t-il expliqué.

Khalid Darfaf

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